Christiane Taubira, le 18 décembre 2013. REVELLI-BEAUMONT/SIPA
Sa réforme pénale est cependant incertaine…
Manuel Valls s’en est fait une raison. On ne bouge pas une icône de la gauche facilement. A peine la secoue-t-on. Surprise du remaniement, Christiane Taubira, a été reconduite à la Chancellerie. Pourtant, les observateurs la donnaient perdante.
A commencer par la droite qui voulait à tout prix son éviction du gouvernement. La surprise fut d’autant plus importante que dans la matinée, les départs de quatre membres de son cabinet avaient été annoncés, laissant présager que la ministre, elle aussi, était dans les cartons, après avoir été affaiblie par l’affaire des écoutes de Nicolas Sarkozy en raison de confusions.
Presque intouchable
Mais Christiane Taubira, montée au front pour défendre la loi sur le mariage homosexuel, était devenue pratiquement intouchable dans l’hypothèse d’un gouvernement resserré. Première conséquence, paradoxale, de ce maintien, la réforme pénale pourrait être le premier texte parlementaire du gouvernement de Manuel Valls.
La loi sur «la prévention de la récidive et l’individualisation des peines», qui rétablit le principe de l’individualisation des peines en supprimant les peines planchers, est un projet sur lequel le nouveau Premier ministre n’a pas caché ses désaccords.
Premier bras de fer symbolique?
Autant dire que l’examen de la réforme pénale, qui doit passer en commission des lois le 14 avril prochain, risque de fournir à la droite et même à la gauche de l’Assemblée nationale (chez les écologistes) l’occasion d’un premier bras de fer symbolique sur un choix de société rassembleur.
La droite, elle, y voit une énième manifestation du laxisme de la gauche. Cette dernière, à l’inverse, considère le texte comme une chance pour réformer en profondeur la justice en privilégiant la prévention et l’accompagnement pour éviter la récidive.
Les syndicats pas franchement ravis
Icône à gauche, chiffon rouge à droite… Christiane Taubira profite d’un remaniement resserré et d’un gouvernement où la parité ne pouvait être une option. Sans doute, aussi, venant du PRG, incarne-t-elle le message délivré par François Hollande envers ses amis radicaux.
Les syndicats de magistrats, déçus par le bilan de la ministre, ont dit prendre acte de sa reconduction. «Aucune des réformes annoncées comme urgentes et prioritaires n’a jusqu’ici abouti», regrette l’Union syndicale des magistrats (majoritaire). Quand au syndicat de la magistrature (gauche), il «attend maintenant du nouveau gouvernement qu’il ne se contente pas d’une communication sur un mode “guerrier” mais qu’il mette enfin en œuvre les réformes indispensables dont la justice a besoin».