Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Entretien avec Pascal Esseyric - L’Europe doit fonder la doctrine de sa propre survie

COLLOQUE-ÉLÉMENTS-EUROPE-545x770.jpg

Le 23 avril 2014

Entretien réalisé par Nicolas Gauthier avec le Rédacteur en chef de la revue Eléments

Aujourd’hui, tout le monde critique l’actuelle construction européenne, mais tous les partis politiques en présence sont, peu ou prou, pour cette même construction européenne. Alors, Europe fédérale, confédérale ? Europe des nations ? Ou encore Europe fondée sur la coopération de nations souveraines ?

Vous avez cité quatre formes juridiques d’organisation de notre continent. Pourquoi pas ? En auriez-vous cité quarante, quatre cents, ou même quatre mille que vous n’auriez réglé aucune des tares originelles de l’Europe de Bruxelles. Tous les cinq ans, à l’occasion des élections européennes, c’est le type même de questionnement qui gangrène les débats et fait s’affronter les « souverainistes » et les « européistes ». Il faut se défaire de l’illusion institutionnaliste pour s’attaquer au fond du problème : à savoir les priorités existentielles auxquelles l’Europe refuse de répondre. Le colloque « Europe-marché ou Europe-puissance » que la revue Éléments organise ce samedi 26 avril ne sombrera pas dans le juridisme. Nos intervenants ne décideront pas in abstracto de la meilleure constitution possible dans le meilleur des mondes possibles. Notre position est la suivante : la crise de l’Europe est identitaire avant d’être institutionnelle ou économique. Sans frontière ni symbole, cette Europe n’est porteuse d’aucun projet de société autre que ceux du libre-échange et de la consommation.

Dès sa naissance en 1973, le magazine Éléments, comme le courant de pensée qu’il incarne depuis quarante ans, a été de tous les combats pour l’identité et la souveraineté de la civilisation européenne. Que pensez-vous des arguments des souverainistes qui dénoncent la construction européenne ?

Il s’agit souvent d’analyses fondées aux conclusions fausses, que nous avons toujours cherché à reprendre et à approfondir. Toutes les critiques que les souverainistes adressent à l’Union européenne pourraient aussi bien être adressées aux États-nations eux-mêmes : centralisme technocratique, effondrement du politique, soumission aux marchés financiers, atlantisme, haine de soi, universalisme, etc. L’impuissance de l’Europe n’est jamais que celle de ses nations. N’importe lequel des gouvernements français en place depuis trente ans aurait signé le traité transatlantique, même si l’Union européenne n’existait pas. Pour sortir de l’impasse, il faut penser simultanément ce qui jusqu’ici n’a été pensé que contradictoirement. C’est la phrase importante du grand écrivain Georges Bernanos que nous avons fait nôtre : « L’Europe est moins ébranlée par des forces antagonistes qu’aspirée par le vide. La civilisation européenne s’écroule et on ne la remplace par Rien. » Le discours souverainiste d’un Paul-Marie Coûteaux, présent lors de notre colloque, m’effraie largement moins que le discours euro-atlantiste dominant de la classe politique. Le professeur Gérard Dussouy avance d’ailleurs l’idée paradoxale selon laquelle ayant plus d’attachement à l’État et moins d’inhibitions politiques que beaucoup d’autres Européens, ce sont les partisans français de la souveraineté qui devraient être le fer de lance de la souveraineté européenne au lieu d’en être les contempteurs comme aujourd’hui.

L’Europe, telle qu’actuellement conçue, va droit dans le mur. Faut-il revenir aux États-nations ?

Le mal serait encore plus grand. Les États européens, vieillissants et déclinants, seraient livrés avec leurs seules armes pour se défendre dans la compétition mondiale. Face à la vitalité des États-continents émergents, leurs souverainetés nationales ne pèseraient pas lourd. L’Europe doit fonder la doctrine de sa propre survie. Dans un monde en mutation, dont le centre de gravité se déplace vers l’Asie et l’océan Pacifique, l’Europe est pour l’instant un « géant qui n’arrive pas à lacer ses souliers ». Les enjeux fondamentaux ne peuvent plus être affrontés de nos jours qu’à l’échelle continentale. Quel pays européen, même parmi les plus grands, peut prétendre réguler le système financier ? Faire face à la déferlante migratoire ? Aux défis environnementaux, aux pandémies à venir, aux trafics qui se déploient à l’échelle planétaire ? Pour reprendre Alain de Benoist, un auteur que vous connaissez bien sur Boulevard Voltaire, l’alternative, ce n’est pas l’Europe ou les États-nations ni les nations ou le mondialisme sans visage, mais bien l’Europe ou l’insignifiance, l’Europe ou la sortie définitive de l’histoire.

Colloque Europe-marché ou Europe-puissance ?
Samedi 26 avril, de 15 h 00 à 19 h 00, à l’ASIEM, 6, rue Albert de Lapparent, 75007 Paris.

BOULEVARD VOLTAIRE

Commentaires

  • "L’Europe doit fonder la doctrine de sa propre survie."

    L'Europe, l'Europe, l'Europe... bêlent comme des cabris (pour paraphraser le Gal De Gaulle) ces amis d'Alain de Benoist!

    "L’Europe doit fonder la doctrine de sa propre survie ". Mais Ventrebleu, ces pseudo intellectuels d’Éléments n'ont donc pas de mémoire! Il fut un temps, au XVIIIe siècle où toutes les élites, les cours, s'exprimaient, et étudiaient et s'inspiraient de la pensée française! Catherine II, Frédéric le Grand correspondaient en français avec Voltaire et Diderot! La langue française, véritable joyau, était la seule utilisée dans le domaine de la diplomatie de par sa valeur! Si l'Europe ne s'est pas faite à cette époque sous l'influence française, cela est dû uniquement à l'action destructrice de la la Perfide Albion, de la City et de ceux qui l'animaient depuis la Révolution "anglaise" de 1688.

    Alors, disons à ces Messieurs d’Éléments et à Mr de Benoist que l'Histoire nous apprend que fonder une doctrine de survie de l'Europe, semble avant tout actuellement le rôle des penseurs français que sont Jean-Marie Le Pen, Bruno Gollnisch, Alain Soral, Aymeric Chauprade, ou Robert Faurisson, et d'autres encore que j'oublie... A côté de ces hommes Mr de Benoist brille certes, mais attention "tout ce qui brille n'est pas d'or"!

  • @ François-Marie: j'attendais des réactions comme la vôtre à cet article, qui m'a paru plutôt creux et assez vide.

  • A quelque chose malheur est bon : les attaques contre le Salon Beige (et la rapidité des informations qui volent sur internet) ont permis, semble t il la venue chez Gaelle de nouveaux internants de qualité ... certains resteront-ils sans doute.

  • @François-Marie,
    Soit vous avez mal lu l'article, soit vous avez un a priori idéologique à l'encontre d'AdB et des idées qu'il défend depuis 45 ans, que manifestement vous ne connaissez pas ! Les idées défendues par les gens que vous citez sont pour la plupart nées dans ce formidable laboratoire d'idées que constitue la ND depuis ses origines, notamment sur l'identité, la souveraineté et la civilisation européenne. Ne méprisez pas légèrement ceux que vous appelez "pseudo-intellectuels". AdB n'est pas BHL !
    Il est loin derrière désormais le temps où AdB accusait à juste titre le FN de "reagano-papisme". Cette vieille droite là, ultra libérale et atlantiste n'a plus d'avenir, et nous pouvons remercier AdB et son école de pensée pour cette évolution. C'est même l'une des raisons qui m'ont amené à soutenir Marine alors que je n'avais plus voté pendant 40 ans !

Les commentaires sont fermés.