Il faut dire que la rumeur qui s'est propagée comme une traînée de poudre, des cours d'écoles aux collèges, a de quoi faire frémir. D'après celle-ci, des personnes circulant dans une camionnette tenteraient d'enlever des enfants pour alimenter un trafic d'organes. Résultat : la police marseillaise est submergée d'appels plus ou moins fantaisistes leur signalant des tentatives d'enlèvements.
"Nous avons vérifié toutes ces déclarations sur le terrain, explique un haut responsable policier, mais aucun fait de ce type n'a été avéré à ce jour". Plus grave encore, la vindicte populaire désigne systématiquement les "Roumains" comme auteurs de ces agissements. "Nous craignons que des innocents soient victimes de représailles par le seul fait de leur appartenance ethnique", poursuit ce fonctionnaire, précisant qu'un "Roumain" avait été victime de violences, en milieu de semaine, dans les quartiers nord.
Le fameux SMS qui circule dans les établissements scolaires prétend, mot pour mot, que "des filles ont été enlevées pour un trafic d'orane" par des gens "se faisant passer pour des collecteurs de sang… Il paraît que ce sont des "Roumains" et que c'est eux qui ont tué la fille de Malpassé". Allusion à la jeune Fatima, 20 ans, disparue le 7 mai à proximité de cette station de métro.
Quant à l'histoire de la camionnette, les autorités pensent qu'il y a pu avoir confusion avec une affaire survenue mercredi dernier dans le secteur de Vauban (6e), où une jeune femme de 17 ans a été entraînée et violée dans un utilitaire de couleur bleue. L'auteur présumé de ces faits, un homme d'une trentaine d'années, a été écroué hier à la prison des Baumettes. Ce qui n'a pas empêché la rumeur de continuer à courir.