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  • Notre-Dame: les premières images de l'intérieur de cathédrale

    incendie à Notre-Dame: les premières images de l'intérieur de la cathédrale https://www.bfmtv.com/mediaplayer/video/incendie-a-notre-dame-les-premieres-images-de-l-interieur-de-la-cathedrale-1154474.html via @BFMTV

    Une voûte est effondrée, mais le crucifix est toujours debout, brillant dans la pénombre 

  • Notre-Dame : le discours de Macron à la loupe

     

    LE CERCLE - Le président de la République a pris la parole, hier soir, au pied de la cathédrale Notre-Dame de Paris en flamme. Adrien Rivierre, spécialiste de la prise de parole en public, analyse son discours.
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    Emmanuel Macron est interrogé par des journalistes, à deux pas de la cathédrale Notre-Dame de Paris.

    Lewis Joly/Sipa

    Par Adrien Rivierre (spécialiste de la prise de parole en public)

    Publié à 09h38
    Mis à jour à 09h39

    Dans un moment d'émotion et de sidération aussi fort, prendre la parole en public est toujours difficile tant les mots semblent impuissants face à la situation vécue. Hier soir, quelques heures après le terrible déclenchement de l'incendie à la cathédrale Notre-Dame de Paris, Emmanuel Macron s'est brièvement exprimé pour faire part de sa douleur mais aussi porter un message d'espoir.

    Toutes proportions gardées car aucune vie n'a été ici perdue, le contexte de cette déclaration, en pleine nuit, à quelques pas du sinistre, rappelle celles de François Hollande après les attentats du 13 novembre 2015 ou celle de Robert Kennedy en 1968, alors en pleine campagne présidentielle à Indianapolis, quand il apprend la mort de Martin Luther King. Souvent. Ce sont ces mots-là qui marqueront nos esprits pour longtemps.

    Rassurer les Français

    L'exercice est délicat car il faut peser chaque mot qui se drape d'une importance toute particulière. Et d'ailleurs, interrogés par les chaînes de télévision, les radios et les journalistes, tous les spectateurs du drame affirment « ne pas avoir de mots » pour exprimer la douleur qu'ils ressentent. Pourtant, en quelques minutes, le président de la République doit lui briser le silence et rassurer les Français.

    Juste avant l'allocution, les Français attendent, une attente qui est aussi grande que le besoin d'en savoir plus et d'entendre explicitement que nous pourrons surmonter cette épreuve. C'est pourquoi, dans une telle déclaration, les premiers mots doivent aller à l'essentiel, ici Emmanuel Macron les dédie aux centaines de sapeurs-pompiers qui interviennent pour éteindre le feu. Et, détail important, il précise dans la première minute de son intervention que la « façade et les deux tours principales ne se sont pas effondrées ». Les premiers signes d'espoir sont déjà là.

    Toucher au coeur

    Au début de ce discours, Emmanuel Macron apparaît fatigué et surtout, évidemment dans de telles circonstances, son visage est fermé. Il s'exprime lentement, avec des pauses et silences très marqués entre les mots et les phrases. Poser ainsi sa voix permet très rapidement de rassurer et de montrer une maîtrise de la situation. Quand tout le monde s'agite et commente, celui qui parle peu et calmement récupère l'attention. Il se tient droit et fait très peu de gestes ce qui renvoie une image de stabilité et de maîtrise.

    Ce caractère solennel se retrouve dans l'utilisation de l'anaphore « Je veux avoir une pensée », ce que les orateurs grecs appelaient la « gravitas ». Les mots prennent ainsi une importance et un poids plus fort, ils touchent au coeur. Cet effet est encore renforcé par une gradation puisqu'Emmanuel Macron pense d'abord aux catholiques, puis aux Parisiennes et Parisiens et enfin à l'ensemble des compatriotes. Ainsi, l'orateur prend soin, et le fait très bien, de montrer que ce drame touche tout le monde et plus encore, dernière étape de la gradation, notre histoire elle-même tant la cathédrale fut à l'origine de romans, d'oeuvres d'art, de créations de notre imaginaire.

    A ce moment précis, le visage de l'orateur s'ouvre un peu plus et le haut du corps s'anime comme pour faire prendre conscience de la place unique de ce lieu. Emmanuel Macron affirme alors : « c'est l'épicentre de notre vie ».

    Le jour d'après

    Le rôle du chef de l'Etat est aussi et surtout de se projeter vers l'avenir. Il est le garant de l'espoir qui doit nous animer maintenant. L'émotion est alors palpable puisque sa voix se noue et ses yeux s'humidifient pour déclarer : « Cette cathédrale nous la rebâtirons, tous ensemble ». Mais pour que ces mots ne soient pas prononcés en vain, il réalise un très bon appel à l'action : « Dès demain, une souscription nationale sera lancée ». L'orateur indique ainsi que chacun des Français pourra participer à reconstruire Notre-Dame de Paris, tout le monde est impliqué.

    Il faut également noter que si tout au long de la déclaration le pronom personnel « je » est privilégié, à la fin de l'allocution, lors d'une conclusion qui se veut unificatrice, Emmanuel Macron emploie plus volontiers le « nous ». Et, toujours avec beaucoup de solennité, il développer un très beau rythme ternaire qui donne de la force aux mots : « Nous rebâtirons Notre-Dame parce que c'est ce que les Français attendent (1), parce que c'est ce que notre histoire mérite (2), parce que c'est notre destin profond (3). » Comme François Hollande qui lors des heures les plus sombres de son mandat savait toucher par ses mots, Macron a su rendre hommage à la grandeur de ce patrimoine et sa volonté collective de reconstruction.

    Adrien Rivierre , spécialiste de la prise de parole en public, est l'auteur de « Prendre la parole pour marquer les esprits » (Marabout, 2018).

    Les Echos

  • Notre-Dame de Paris : la France brûle

     

    Un incendie lourd de sens

     
     
     

    L’incendie qui s’est déclaré hier soir à la cathédrale Notre-Dame de Paris est lourd de symbole. Après les profanations, les scandales sexuels, la désertion des églises, rien ne nous sera donc épargné ?


    Il y a des journées particulièrement noires dans l’histoire de France, quand tout se dérobe sous nos pieds. Quand l’espoir s’éteint et qu’on reste seul au milieu des décombres. J’avais bien le pressentiment que ce triste moment viendrait. On avait frôlé la catastrophe à Saint-Denis et à Saint-Sulpice, il y a quelques jours. Deux miracles. Mais là c’était visiblement trop demander aux saints protecteurs de la capitale. L’incendie de la cathédrale de Paris, ce 15 avril 2019, restera marqué d’une pierre noire. Pas de victime connue mais une grave défaite, comme un 10 mai 1940 à Sedan.

    Ces moments où l’esprit vacille

    Comme tout le monde, je n’ai pas d’abord bien compris. L’esprit vacille dans ces moments là. Les larmes montent aux yeux. On tourne en rond dans son salon à ne savoir que faire. On se retient comme si un proche venait brutalement de nous quitter mais qu’il fallait rester digne. Ce ne sont que des pierres ! Il faut pourtant en parler à quelqu’un, c’est une vieille dame, Notre-Dame. Notre mère de Paris disparu dans un brasier ardent. Jeanne d’Arc de pierre. Oui les pierres de l’histoire de France étaient vivantes et elles s’écroulent.

     
     

    Des ruines après un bombardement: j’ai comme l’impression d’assister en direct à la chute d’une vieille civilisation. La chrétienté réduite en cendres. Il ne reste plus que les caméras de BFM TV et un clavier pour pleurer. C’est peu.

    Un parfum d’apocalypse

    Nos cathédrales sont vides depuis des années. Des vieux murs à restaurer, des statues, c’est tout ce qu’il restait de notre foi, de notre identité. Rien ne nous sera donc épargné, nous qui avons vu mourir l’Eglise de France en quarante ans? Les églises détruites à coup de pelleteuse, les prêtres pédophiles, les cardinaux condamnés, même le pape est couché par terre. Et maintenant le trésor de Paris qui brûle tandis qu’on dresse des mosquées-cathédrales comme on dit. Oui, il y a un parfum d’enfer et d’apocalypse.

    France, fille aînée de l’Eglise, qu’avons-nous fait de ta cathédrale? Ni les révolutions, ni les guerres n’avaient jusqu’à présent réussi à atteindre ton cœur sacré. Ce monument que les plus grands ont célébré: Chateaubriand, Balzac, Hugo, Nerval, Claudel et tant d’autres. Et c’est au cours de cet orgueilleux XXIème siècle, si sûr de lui et de son progrès, que la vieille charpente s’écroule. Notre charpente. Notre histoire.

     

    Mon frère, entré au séminaire et fou de patrimoine, avait donc tout compris.
    Jeanne d’Arc, Saint-Louis, de Gaulle, et tout le peuple de France nous regardent. Paris brûle. Ils nous supplient de rebâtir leur édifice. Oui, la France peut mourir. Voilà ce que nous disent les tristes flammes de Notre-Dame de Paris.

    CAUSEUR