Quatre jours après la libération des six praticiens bulgares, la Libye a vivement critiqué samedi la grâce accordée aux infirmières et au médecin à leur retour à Sofia. "Les détenus devaient être remis dès leur arrivée à un établissement pénitencier et non pas libérés de manière festive et illégale", a déclaré le ministre libyen des Affaires étrangères, Abdelrahman Chalgham.
Sofia "a violé les procédures légales en matière d'extradition, prévues par le droit international et par l'accord d'entraide judiciaire signé entre les deux pays" en 1984, a réaffirmé de son côté le Premier ministre Baghdadi Mahmoudi. Celui-ci affirme même que Nicolas Sarkozy a lui aussi exprimé son "mécontentement" face à la méthode avec laquelle avaient été libérés les infirmières.
La Libye accuse l'Europe
Au-delà des critiques, la Libye souhaite une décision commune de la Ligue arabe à l'encontre de Sofia. Tripoli saisira aussi à cet effet l'Union africaine et l'Organisation de la conférence islamique. Le ministre des Affaires étrangères a par ailleurs accusé les pays européens d'avoir politisé l'affaire, estimant qu'ils avaient "fait bloc derrière des criminels (...) avant d'applaudir à leur libération".
Dans le même temps, Tripoli a donné des détails du règlement intervenu pour extrader les infirmières. Selon le Premier ministre libyen, la République Tchèque, le Qatar et la Bulgarie ont contribué au fonds international de soutien aux centaines d'enfants contaminés. Il a ajouté que la France avait promis d'équiper l'hôpital de Benghazi et de fournir du personnel qualifié pendant cinq ans. Elle a aussi accepté de former une cinquantaine de médecins libyens.
Détenus depuis 1999 sous l'accusation -contestée- d'avoir délibérément inoculé le virus du sida à des centaines d'enfants libyens dont 56 sont décédés, les cinq infirmières et le médecin bulgares avaient été condamnés à mort en mai 2004. Confirmée à deux reprises, cette peine a finalement été commuée en prison à perpétuité par Tripoli le 17 juillet, à la suite du paiement de fortes compensations aux familles des victimes. Extradés mardi dernier, après d'intenses tractations diplomatiques entre la Libye et l'Union européenne et en vertu de l'accord d'entraide judiciaire entre Tripoli et Sofia, les six praticiens ont été aussitôt graciés par le président bulgare, Guéorgui Parvanov.
(Source LCI.fr)