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palestine

  • PALESTINE, la dernière colonie?

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    L'implantation incessante de nouvelles colonies juives en Palestine, des attentats suicides en Israël, une paix impossible à conquérir au Proche-Orient ?
    En partant du XVIème siècle, Lucas CATHERINE nous immerge dans cette région pour nous décrire la Palestine comme une terre fertile et Jérusalem comme une ville en plein essor.
    A la fin du 19ème siècle, une infime minorité juive y est présente mais pour des raisons essentiellement religieuses ; elle n'avait à cette époque aucune ambition économique ou politique.
    En 2003, 92% des territoires palestiniens ressortent «de la propriété inaliénable de l'ensemble du peuple juif»... Alors que plus de 4 millions de Palestiniens ont déjà été exilés en dehors des frontières historiques de la Palestine, les enfants de la seconde Intifada subissent l'occupation militaire de Tsahal et restent confrontés au principe sioniste : "Un pays sans peuple pour un peuple sans pays"
    Qu'est-ce que le sionisme ? Que prône cette idéologie et qui la soutient ? Est-ce la dernière forme du colonialisme ? Quelle est l'implication des Etats-Unis et des principaux pays européens dans ce conflit sanglant ? Et quelles sont les conditions pour y mettre fin ?

    Richement illustré avec des photos et des cartes, cet ouvrage de fond s'imposait pour répondre à l'une des questions les plus complexes de l'histoire contemporaine.

    Lucas CATHERINE est un spécialiste du monde arabe.
    Editions EPO - octobre 2003

  • JUSQU'A QUAND?

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    Destructions causées par les F16 israéliens dans le camp de Bureij le 19 février 2008
    Israël, État voyou ? Les soldats d'Israël ont fait de Gaza un tombeau

    « Ce qu'Israël fait subir aux Palestiniens est une abomination » a déclaré l'ancien Président des Etats-Unis, Jimmy Carter, lors de sa récente tournée au Moyen Orient.



     M. Carter a eu, de plus, le courage de braver le courroux des gouvernements israélien et états-uniens en rencontrant, à Damas, le chef du mouvement Hamas, M. Khaled Meshal, rompant ainsi l’isolement et la diabolisation dans lesquels la diplomatie « occidentale » s’obstine à maintenir cette force politique, démocratiquement sortie des urnes en janvier 2006.

     

    Par son geste, de simple diplomatie humaine, il a, à lui seul, effacé notre honte d’appartenir à cette société « occidentale » qui continue de soutenir aveuglément un État colonial qui a effacé la Palestine de la carte et qui mène, depuis 60 ans contre un peuple sans défense, des opérations militaires à caractère terroriste, une politique d’apartheid et des assassinats ciblés dit « extrajudiciaires ».

    Nous aurions apprécié que d’autres chefs d’État aient le courage de dénoncer les crimes de guerre d’Israël avec la même clarté que M. Carter.

    Israël a mis le Moyen-Orient à feu et à sang. Il s’est rendu coupable de crimes gravissimes, en violation de toutes les règles du droit international. Et l’Union européenne a encore l’indécence de demander aux Palestiniens, et à leurs frères arabes, de reconnaître « le droit d’Israël à exister » en tant qu’ « État juif », ce qui reviendrait à légitimer l’apartheid et à dénier aux réfugiés palestiniens leur droit inaliénable à retourner, comme tout autre réfugié dans le monde, sur les terres et dans les maisons dont ils ont été chassés !

    Comme le relevait si justement l’intellectuel palestinien Omar Barghouti, « aucun État n’a le droit d’exister comme État raciste ». Un Etat qui fait régner la terreur, en tuant quotidiennement des femmes et des enfants, que leurs proches, au désespoir, retrouvent déchiquetés ; un État qui peut massacrer, comme cela s’est passé à Gaza, en l’espace de quelques jours, des centaines de civils innocents, en lançant contre eux des bombes qui dispersent des centaines de fléchettes acérées, pénètrent le corps, mutilent, tuent, génèrent des souffrances atroces, -sans que cela ne soulève , il faut bien le dire, l’indignation de nos démocraties - devrait être mis au ban des nations.

    Alors que nous avons droit aux meilleurs soins, accès à des hôpitaux et des médicaments pour soulager et guérir nos maladies et nos blessures, à Gaza, les malades meurent car Israël ne laisse rien entrer et les hôpitaux sont pris pour cible. L’armée israélienne a dévasté, le 16 avril, « El Wafa Medical Rehabilitation », mettant la vie des patients et soignants en danger, les privant d’électricité et d’approvisionnement en eau, contraignant les chirurgiens à cesser d’opérer.

    A Gaza, depuis une année, des blessés et des malades, qui auraient pu guérir, sont morts faute de soins. Suhha Al Jumbass, 22 ans, malade de cancer, est décédée, en ce mois d’avril effroyable, parce que l’armée israélienne lui a refusé, comme à 133 autres personnes décédées avant elle récemment, d’aller se faire soigner en Egypte.

    Au lendemain du massacre de Boureij, le Premier ministre israélien, Ehud Olmert a eu l’arrogance de dire qu’Israël fera « payer au Hamas le prix de ce qui se passe à Gaza ».

    Mais qui paye le prix des souffrances ? L’agresseur ou l’agressé qu’il met à mort ? Que peut encore faire « payer » Israël à ces enfants qu’il affame, qui souffrent de la malnutrition et dont l’état psychologique est inquiétant, et à ces milliers de malades apeurés, laissé à l’abandon faute de soins, qui vont continuer de mourir faute de médicaments ?

    Comment nos sociétés peuvent-elles tolérer autant d’horreurs et d’injustices ? Pourquoi nos gouvernements se bornent-ils à appeler « les deux parties à la retenue », comme si l’on pouvait établir une symétrie entre l’occupant et l’occupé, entre le bourreau et sa victime !

    Nous n’en pouvons plus de cette attitude biaisée qui ménage Israël et méprise les victimes arabes. Une résidente de Rafah nous disait récemment avec amertume : « Ils nous liquident en tirant des missiles remplis d’explosifs lourds de 3’000 pounds. Une tonne de ces explosifs ZNT est capable de raser tout un quartier. C’est un missile de ce type que l’armée israélienne a lancé contre une mosquée à Rafah et qui a détruit également quinze autres maisons. Ils nous condamnent à mourir, ils nous empoisonnent, ils nous enferment, ils nous coupent les vivres, ils nous bombardent, ils nous privent de tout accès aux médicaments, ils nous privent des produits vitaux comme le chlore pour assainir l’eau et ensuite ils nous vendent leurs légumes à un prix exorbitant ».

    Les Palestiniens ont droit à la vie et à être protégés, comme tout peuple opprimé par plus fort que lui. Jamais une guerre menée par un État colonial n’a été aussi durablement couverte par le mensonge, la désinformation, l’hypocrisie.

    Même les soi-disants « amis de la Palestine », les pacifistes israéliens que l’on idéalise, ne sont pas sans reproches. Car, se contenter de condamner l’occupation israélienne et ses crimes ne suffit pas à régler les torts causés. Il faut avoir l’honnêteté d’aller à la racine du problème en exigeant, non seulement la fin de l’occupation, mais également le droit au retour des réfugiés, et la fin du racisme institutionnalisé contre les Palestiniens, et cela dans un État qui garantisse des droits égaux à tous ses habitants.

    Les gens de confession juive qui s’identifient à Israël ne peuvent continuer à se prévaloir de la Shoah pour justifier l’existence d’un État raciste sur des terres volées aux Palestiniens.

    Tout cela est inacceptable. Gaza est, pour ses habitants, une prison d’où personne ne peut sortir, hormis les Palestiniens munis d’un laisser passer VIP délivré à la « tête du client » et d’entente avec l’occupant, par l’Autorité palestinienne de Ramallah. Une Autorité corrompue, qui participe à la liquidation du Hamas et va à l’encontre des aspirations de son peuple.

    Les Palestiniens, déjà brutalisés par l’armée d’occupation, ne méritaient pas cette suprême trahison.

    Reste à augurer que le temps viendra où ceux qui ont commis des crimes ou qui ont servi, d’une manière ou d’une autre, les intérêts de l’occupant israélien, seront appelés à répondre devant l’Histoire.

    (alterinfo 22 avril 2008)

  • Israël roi au château de Winsor

    Le 7 avril, le prince Philip sera l'hôte d'un dîner au château de Windsor organisé par le Fonds National Juif (FNJ). Ils vont marquer le 60ème anniversaire de la création de l'état d'Israël. Cependant, ce n'est pas un dîner privé, et le FNJ n'est pas une organisation ordinaire non plus.

    Par Tony Greenstein
    Un accueil royal pour Israël

    The Guardian



    Le FNJ a été créé en 1901 comme l'aile en charge de la colonisation des terres de l'Organisation Sioniste Mondiale. Il est devenu l’un des instruments principaux impliqués dans la planification pour la dépossession et l'expulsion des Palestiniens. Jusqu’à 1948, le FNJ a acheté des terres pour la colonisation, souvent des propriétaires absentéistes, et puis il a expulsé les paysans de ces terres. Contrairement à la pratique normale sous domination coloniale, les Palestiniens n'ont pas été réemployés comme ouvriers salariés, mais chassés complètement des terres. C'était le concept des terres juives. Mais même en 1947, moins de 7% des terres de la Palestine avaient été achetées.

    Le FNJ a joué un rôle crucial dans la planification du nettoyage ethnique de la Palestine. Dans les années conduisant à la création de l'état d'Israël, le FNJ était une voix prépondérante dans l'établissement d'un consensus au sein de la direction sioniste pour le « transfert ». Bien que non discuté ouvertement entre les dirigeants sionistes, il était admis qu'un état juif ne pourrait voir le jour que si les Arabes aient été transférés à l'extérieur de l'état. La Palestine était une terre où à peine un tiers des habitants étaient juifs (ceci en 1947 après une immigration massive des Juifs vers la Palestine durant le mandat britannique et notamment pendant la deuxième guerre mondiale, alors que leur nombre ne dépassait pas 13% en 1922, Ndt), et même dans la zone attribuée par l'ONU à un état juif, à peine la moitié des habitants étaient juifs. Comme chef du département de colonisation des terres, Josef Weitz, a écrit dans son journal en 1940 :

    « La seule solution est de transférer tous les Arabes d’ici aux pays voisins. Pas un seul village ni une seule tribu ne doivent être laissés ». [Ilan Pappe : Le Nettoyage Ethnique de la Palestine, page 62].

    Weitz a formé plus tard sous l’autorité de David Ben Gourion, une Commission de Transfert. Et entre 1947 et 1949, une possibilité de mettre ces idées en pratique s’est présentée. Comme Tom Segev l’a rappelé dans Haaretz, une réunion a eu lieu à Haïfa le 27 mars 1948, concernant le sort des bédouins arabes d’Al-Ghawarina dans la région de Haïfa. « Il faut les faire partir d’ici, afin qu'ils ne viennent pas, eux aussi, rajouter encore à nos problèmes », a écrit Josef Weitz dans son journal personnel.

    Le FNJ occupe une position unique en Israël. Il est théoriquement une organisation indépendante, mais en réalité il s'agit d'une section de l’état en sous-traitance externe, contrôlée par des bureaucrates non élus et irresponsables, réalisant des fonctions que l'état lui-même ne peut faire ouvertement. Le FNJ fonctionne comme un avant-poste idéologique du mouvement du Grand Israël, et lorsque l'armée israélienne a rasé les villages palestiniens d’Imwas, Yalu et Beit Nuba en 1967, et a expulsé leurs habitants, le FNJ a pris en charge la construction du
    Parc National du Canada sur leurs ruines.

    Le statut du FNJ a été formalisé par la loi KKL de 1953 (KKL = FNJ ou Keren Kayemet Le-Israël, en hébreu, Ndt) selon laquelle ses statuts d'association devraient être approuvés par le ministre de la justice. En novembre 1961 une convention a été signée entre l'état d'Israël et le FNJ qui accordait à ce dernier le contrôle effectif de la politique de la répartition des terres de l'état d'Israël qui, ensemble avec l'Administration des Terres Israéliennes, contrôlaient 93% des terres israéliennes. Selon l'article 3a de ses statuts, le FNJ a été créé « dans le but d’installer les Juifs sur les terres et les propriétés » qu’il pourrait obtenir.

    La famille royale britannique a un rôle constitutionnel plus important que leurs privilèges privés. On les considère comme les représentants de société britannique et on verra inévitablement leur invitation au FNJ comme l'octroi d'un certificat royal d’approbation de la Nakba, la catastrophe palestinienne. Le rôle britannique dans l'armement des milices sionistes qui se sont attaqués comme des loups sur des villageois en grande partie sans défense, tout en écrasant le soulèvement national palestinien de 1936, est suffisamment infâme pour se passer de la célébration de la monarchie des conséquences de la perfidie britannique.

    Ce n’est pas que l'association entre la famille royale et les aspects les plus barbares du colonialisme soit quelque chose de nouveau.

    La famille royale d'aujourd'hui peut tenir des dîners de gala pour célébrer l'abolition de la traite négrière et rendre hommage à Wilberforce (1759-1833, homme politique anglais et philanthrope qui a combattu toute sa vie pour l’abolition de l’esclavage, Ndt), mais quand l'esclavage était un intérêt général, ses partisans les plus ardents étaient les membres de la famille royale. Elisabeth Ière était entrée dans le monde des affaires comme un partenaire du négrier John Hawkins, Charles II était un actionnaire principal dans la Compagnie Royale Africaine (compagnie anglaise de traite négrière entre 1672 et 1731 et puis de trafic d’ivoire et d’or jusqu’à 1752 l’année de sa dissolution, Ndt), et William IV, alors duc de Clarence, s’était prononcé fortement contre l’abolition de la traite négrière et l’affranchissement des esclaves à la Chambre des Lords.

    Avec l’exception du cas isolé de la Princesse Diana et sa campagne contre des mines terrestres, la famille royale était associée aux aspects les plus ataviques et sanglants du règne impérial britannique. De la révolte indienne et le massacre d'Amritsar (le 13 avril 1919, les soldats de l’armée de colonisation britannique tirent sur un rassemblement politique pacifique à Amritsar, Pendjab, causant 379 morts et 1200 blessés environ, Ndt) au camp de la mort Hola au Kenya (le 3 mars 1959 des prisonniers kenyans au camp de détention de Hola furent battus durant 3 à 4 heures par les gardes du colonisateur britannique provoquant la mort de 11 prisonniers et des blessures graves à 60, Ndt), la famille royale était toujours associée au militarisme et à l'empire. Le rôle du prince Harry en Afghanistan n’est qu’une suite de cette histoire sans gloire...

    En 1995, un couple arabe, les Kadans, a essayé d'acheter un appartement à Katzir. Pendant 10 ans, le FNJ et l'Autorité des Terres Israéliennes (ILA, Israeli Lands Authority) ont tenté d'empêcher la location-vente des terres « juives » à des non-Juifs. Finalement, la Cour suprême a statué que les terres ne pouvaient être vendues qu’à des Juifs uniquement.

    Cela a causé d'énormes embarras chez les Juifs du monde entier. Comment les Juifs pourraient-ils protester contre l'antisémitisme, alors qu’ils approuvent de manière flagrante des pratiques racistes en Israël ? Le mouvement de réforme américaine, à laquelle adhèrent la plupart des Juifs, a clairement condamné cette pratique.

    Cependant, le FNJ lui-même, était loin d'être embarrassé. Il a entamé une campagne visant à annuler la décision du tribunal, et l'été dernier il a déposé un projet de loi à la Knesset, qui a été votée en première lecture par 64 contre 16 voix. Sous le titre « KKL-FNJ - Tutelle pour le peuple juif sur sa terre », le FNJ écrit
    sur son site que :

    « Un sondage commandé par KKL-FNJ révèle que plus de 70% de la population juive en Israël s'oppose à l'attribution des terres KKL-FNJ aux non-Juifs, tandis que plus de 80% préfère la définition d'Israël comme état juif, plutôt que comme l'état de tous ses citoyens ».

    Les implications sont claires. Si Israël est un état juif, alors il ne peut pas être un état de ses citoyens, et encore moins un état démocratique. Cette situation a incité le journal libéral israélien, Haaretz, de publier
    un franc éditorial intitulé "Un état juif raciste", dans lequel il écrivait :

    « Chaque jour, la Knesset a la possibilité d'adopter des lois qui pourront faire progresser Israël comme un état juif démocratique, ou le faire transformer en un état juif raciste. Il y a une ligne très fine entre les deux situations. Cette semaine, la ligne a été franchie ».

    Même le vieux journal conservateur ‘Jewish Chronicle’ a
    lancé un débat : « Est-ce que c’est raciste de réserver des terres israéliennes pour les Juifs uniquement ? »

    Pourtant, ceci fait partie d'un débat plus large sur le « problème démographique », qui n’est qu’un abrégé de « le fait est qu’il y a trop d'Arabes ». Des universitaires tels que le professeur Arnon Sofer, de l'Université de Haïfa, sont
    bien clairs sur ce « problème » :

    « Il ne faut pas oublier que le même jour où les forces de défense israéliennes déploient des efforts et parviennent à éliminer tel terroriste ou tel autre, dans cette même journée, comme dans tous les jours de l'année, à l'intérieur des territoires à l'ouest d'Israël, plus de 400 enfants sont en train de naître, dont certains deviendront de nouveaux auteurs d'attentats-suicide ».

    Le FNJ se trouve de l'autre côté de la clôture que ceux qui veulent voir Israël comme un état de tous ses citoyens, et pas seulement les Juifs. C’est déjà dommage que notre premier ministre, Gordon Brown, soit un mécène du FNJ. Mais, pour la famille royale, recevoir comme leurs invités ceux qui se consacrent au maintien d'Israël comme un état de seulement une partie de ses citoyens, est une honte.

    Une lettre du brigadier Sir Miles Hunt Davies, le secrétaire personnel du duc d'Edimbourg, cherche à excuser l’accueil royal du FNJ en affirmant que « les recettes du dîner vont à un certain nombre d'associations de bienfaisance, dont l'une sera ‘Le Prix Israélien de la Jeunesse pour les Jeunes’ (Israeli Youth Award for Young People), qui est la branche israélienne du ‘Prix du Duc d’Edimbourg’ (Duke of Edinburgh’s Award). Ainsi, selon cette logique, la famille royale sera l'hôte d'un dîner pour une organisation qui est clairement discriminatoire à l'encontre des Palestiniens et des non-Juifs, car les recettes seront versées à une organisation de bienfaisance qui, apparemment, fait tout à fait le contraire. Il fallait y penser.

    Mercredi 02 Avril 2008- Alterinfo
    Traduit par I.A.

  • La génération de la Nakba

    Cette année, soixante ans se sont écoulés depuis la Nakba (catastrophe). Soixante ans depuis que nous, Palestiniens, sommes devenus des réfugiés. Plus de six millions de réfugiés palestiniens vivent encore loin de leurs villages, de leurs villes et de leurs cités, suite à l’invasion sioniste qui les a déracinés de leur patrie en 1948.

    Des générations sont nées, ont grandi et sont mortes dans les camps de réfugiés, mais la communauté internationale continue d’ignorer les droits politiques des réfugiés palestiniens.

    Ce qui m’attriste en tant que réfugié – je suis né et j’ai grandi dans un camp de réfugiés et je me bats pour ne pas y mourir – c’est que la génération de la Nakba est en train de mourir. Dans les camps, il ne reste plus que quelques personnes qui ont encore le souvenir de la vie dans les villages qui nous ont été volés. Elles ne sont que quelques-unes à pouvoir encore raconter comment c’était d’être déraciné et d’être envoyé vivre dans une tente dans un camp de réfugiés. Une partie de mon travail, dans l’histoire orale et les projets des médias au Centre culturel et communautaire à Ibdaa, dans le camp de réfugiés de Dheisheh, est d’interviewer des gens et de récolter les témoignages et les récits qui n’ont pas encore été enregistrés, afin que, lorsque ces personnes mourront, leurs souvenirs et leurs récits ne meurent pas avec elles.

    En cette année du soixantième anniversaire, je suis venu ici aux Etats-Unis pour finir mes études et compléter un stage en travaillant avec le Middle East Childrens’s Alliance (MECA) [Association des enfants du Moyen-Orient]. Avant de partir je m’étais promis que pendant ce séjour, je ferais de mon mieux pour susciter la prise de conscience au sujet de la Nakba, et d’aborder la question de ce que ces soixante ans ont signifié pour le peuple palestinien.

    Depuis que je suis ici, j’ai constaté que les Américains sont très occupés, ils sont nombreux à avoir deux emplois, leurs pensées sont occupées par leur vie quotidienne. La plupart des gens sont soit indifférents, soit n’ont pas le temps d’y réfléchir, soit encore n’ont pas envie de savoir ce qui est en train de se passer en Palestine, en Irak ou dans le reste du monde. Cela me rappelle ce que m’a dit mon oncle Mahmoud juste avant mon départ.

    Mon oncle Mahmoud appartient à la génération de la Nakba. Il a 78 ans maintenant, et a vécu dans le camp de réfugiés de Dhegisheh pendant soixante ans. Il avait dix-huit ans lorsqu’il a été déraciné du village de Jirash, à l’ouest de Jérusalem, qui est maintenant vide et que le gouvernement israélien a transformé en une réserve nationale. Mon oncle est malade. Il ne peut plus bouger ni se déplacer. J’ai été lui rendre visite avant de quitter la Palestine et le camp de Dheisheh parce que je craignais qu’il ne décède pendant mon séjour aux Etats-Unis. Je lui ai dit que j’allais en Amérique pour étudier, et que j’allais prendre avec moi une de nos clés familiales [clés des maisons qu’ils ont dû fuir]. Il m’a demandé pourquoi, et je lui ai expliqué que je la montrerais aux Américains et que je leur raconterais : comment nous avions des maisons et des villages ; comment nous en avions conservé les clés, bien que nos maisons furent détruites, il y a soixante ans ; comment nous gardions encore un droit à cette terre. Après un moment il me répondit avec une moue ironique : « Quoi ? Les Américains ? Qu’est-ce que notre situation peut bien leur faire ? ». Je lui avais répondu qu’il était important, puisque le gouvernement américain soutenait l’occupation israélienne, de faire connaître aux Américains notre situation et nos droits politiques, et il a rétorqué : « Je vis dans ce camp de réfugiés depuis soixante ans, j’ai vu des gens de partout dans le monde, y compris des Américains, venir nous voir. Mais rien ne change. Nous sommes encore dans le camp. » Il est persuadé que les gens sont indifférents à la souffrance des réfugiés palestiniens et à notre désir de retourner dans nos terres.

    Mon oncle a été le premier à m’amener à notre village détruit de Zakariah, et aussi au village d’origine de ma mère, Jirash, également détruit. C’est lui qui m’a appris l’histoire de ce qui s’est passé en 1948. Il a été à mes côtés lorsque je faisais visiter le camp à des délégations d’écoles venues d’Europe, des Etats-Unis et même d’Israël, et c’est lui qui leur expliquait l’histoire de la Nakba.

    Mon oncle était fermier au village, ensuite, en tant que réfugié, il est devenu ouvrier. Lorsque lui et sa famille ont fermé la porte de leur maison, ils ont pris la clé, car ils pensaient qu’ils reviendraient quelques jours plus tard, dès que les violences auraient cessé. Dans le camp, mon oncle a refusé d’ajouter un étage à sa maison, même si sa famille grandissait. Il insistait sur le fait que ce bâtiment était provisoire, et qu’un jour il retournerait chez lui dans son village. Pendant sa vie dans le camp, il a vu les colonies israéliennes engloutir des terres palestiniennes ; il a vu la construction de murs et de prisons, et beaucoup de gens se faire tuer. Il a perdu un fils au cours de la première Intifada en 1989. A cette époque, le camp même de Dheisheh est devenu une prison entourée d’une barrière de huit mètres de haut, avec une seule entrée et sortie. Maintenant c’est l’ensemble de la Palestine qui est devenue une prison. Mon oncle Mahmoud a passé l’entièreté de sa vie dans cette prison.

    Le mois passé, le président états-unien Georges Bush s’est rendu en Palestine pour des négociations de dernière minute avant de quitter la Maison Blanche. Il a passé tout près de notre camp lorsqu’il est allé visiter l’Eglise de la Nativité à Bethléem. Mais, une fois de plus, il a dénié le droit au retour des réfugiés palestiniens. Il ne se rend pas compte à quel point les réfugiés palestiniens sont engagés pour ce droit. Il n’a jamais rencontré mon oncle, ni les centaines d’enfants qui apprennent la force et l’engagement pour le droit au retour de leurs aînés. La génération de mon oncle a passé leurs clés à la génération suivante, qui a fait de même. Ma mère est décédée, il y a vingt ans. Elle m’avait demandé d’enterrer ses restes au village quand nous y retournerions. Ceux qui restent encore de la génération de la Nakba s’en vont. Au lieu de rêver de rentrer dans leur patrie, ils rêvent d’y être un jour enterrés. Leurs enfants, comme moi, et la génération suivante, celle des enfants qui sont nés et jouent dans les rues et dansent à Ibdaa, portent maintenant les lourdes clés de la maison de leurs familles, ils continuent à lutter pour leurs droits et leur rêve de rentrer chez eux.

     

     (Ziad Abbas est journaliste et co-directeur du Centre culturel et communautaire de Ibdaa, dans le camp de réfugiés de Dheisheh, en Palestine. Il est actuellement étudiant aux Etats-Unis et travaille dans la Middle East Children’s alliance (MECA) [Association des enfants du Moyen-Orient].)

  • Opération israélienne "Hiver chaud"...

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    Bébé palestinien évacué à Gaza - 2 mars 2008

    AFP. Soixante-dix Palestiniens ont été tués depuis le lancement samedi de l'offensive israélienne la plus meurtrière depuis 2000 dans la bande de Gaza contre les tirs de roquettes, amenant dimanche l'Autorité palestinienne à suspendre tout contact avec Israël. Qui a surnommé cette opération "Hiver chaud".

  • Shoah pour Gaza

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    Maison détruite à Gaza par un missile israélien - 1er mars 2008
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    Matan Vilnaï, vice-ministre israëlien de la Défense, né en 1944 à Jérusalem 
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    Enfants de Gaza - Plus de 25 Palestiniens tués ce samedi matin 1er mars 2008 dans la bande Gaza envahie par l'armée israélienne.

    Nous nous adressons à l'ensemble des personnes et associations qui ne peuvent accepter ces massacres. Hier à la radio, le vice-ministre israélien de la défense a promis "la Shoah" au peuple palestinien.Nous nous devons de réagir, contrairement à nos dirigeants qui observent impassiblement ce "nettoyage ethnique" des Palestiniens, tout en organisant de multiples célébrations en l'honneur des 60 ans de l'Etat d'Israël.

    Nous vous appelons à clamer votre indignation, à dire NON à ces crimes dans toutes les villes, par tous les moyens, dès ce week-end, où que vous soyez, chez vous ou en vacances. Faites des pancartes et rassemblez-vous sur les places les plus centrales. Ne rien faire n'est pas pensable.

    Pour PARIS, nous vous appelons à un RASSEMBLEMENT CE DIMANCHE 2 MARS A 16 H PLACE DE L'OPERA

  • Israël intensifie ses raids sur Gaza

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    Militaires israéliens massés à la frontière nord de Gaza

      Tsahal a mené, jeudi 28 février, de nouveaux raids dans la bande de Gaza, provoquant la mort dse 19 Palestiniens. Au total, en quarante-huit heures, 33 Palestiniens ont été tués, 30 dans la bande de Gaza et trois à Naplouse.

     Parmi eux, six enfants. Quatre d'entre eux, âgés de 7 et 12 ans, ont péri à Jabaliya, dans le nord de la bande de Gaza, fauchés par les éclats d'un missile alors qu'ils jouaient au football. La veille, un bébé de six mois et un enfant de 12 ans figuraient parmi les victimes collatérales d'un raid. Enfin, une jeune Egyptienne de 13 ans est morte après avoir reçu une balle dans la tête alors qu'elle se trouvait en territoire égyptien, près de Kerem Shalom. Le tir provenait d'Israël.

     

    Selon un bilan, jeudi matin, par l'organisation de défense des droits de l'homme B'Tselem, 146 Palestiniens ont été tués depuis le début de l'année dont 132 dans la bande de Gaza et 14 en Cisjordanie.

     

    Parmi ces victimes, 42 sont des civils et onze des mineurs. Au total, 150 Palestiniens ont péri, en 2008, dans ce conflit qui a atteint une nouvelle intensité.

    Côté israélien, cette escalade a fait deux morts. Le premier a péri dans l'attentat de Dimona, le 4 février, et le second a été tué par une roquette à Sderot, mercredi.

     (Source Le Monde - 29.02.08)