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Une ombre noire sur le monde...

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L'Eveillé du Gandhara au visage mutilé dans la vallée de Swat au Pakistan. Il sera bientôt entièrement dynamité par les islamistes
Comme naguère ses deux frères afghans, les célèbres bouddhas géants de Bamyan pulvérisés au TNT en mars 2001 par la fureur iconoclaste des talibans, celui de la vallée de Swat coulait depuis des siècles des jours paisibles. Jusqu’à ce que les islamistes s’emparent de cette longue vallée du nord-ouest du Pakistan, au pied de la chaîne himalayenne de l’Hindu Kush, qui longtemps séduisit les touristes par son âpre beauté. Ce qui faisait aussi l’intérêt du site, c’était sa statue de l’Eveillé, dont la grâce presque féminine et l’harmonie des proportions rompaient la magnifique rudesse des lieux et attirait beaucoup de Japonais.

C’est ce bouddha, haut de plus de sept mètres, assis dans le roc, près du village de Jehanabad, que les hommes de Fazlullah ont attaqué à la dynamite. Ils l’ont fait à deux reprises, les 13 et 28 septembre 2007, oblitérant son visage serein. La statue était un des chefs-d’œuvre de l’art du Gandhara, fusion parfaite entre les styles de la Grèce antique – comme le montre la toge – de l’Inde classique et de l’Asie centrale. Cet art, qui a essaimé le long de la route de la soie, avait été introduit dans la région à la suite des conquêtes militaires d’Alexandre le Grand.

Ce n’est pas la première fois que des musulmans radicaux s’emparent de Swat. La vallée est connue comme un foyer d’irréductibles montagnards pachtouns que le tourisme et la présence de nombreux hôtels de luxe n’ont jamais adoucis. «Cet endroit est sensible aux idées millénaristes. Il exprime par excellence la résurgence d’émotions pachtounes», indique une source diplomatique. La vallée donna d’ailleurs du fil à retordre aux Britanniques, motivant un engagement conduit par Churchill.

En 1995, sous le second gouvernement de Benazir Bhutto, elle était déjà tombée entre les mains des islamistes conduits par soufi Mohammed. Ce qu’il voulait, c’est l’application la plus stricte de la charia (la loi coranique) dans la vallée. Un seul mot d’ordre : «La charia, rien que la charia», comme celle qui prévalait sous le règne du dernier «wali», le prince de l’«Etat de Swat» destitué en 1969. Cela pouvait aller très loin : obligation de porter un turban noir et de conduire… à droite (et non à gauche).

Ils demandaient aussi que la charia soit appliquée par des qazi (juges religieux), ce qu’ils ont peu ou prou obtenu. Maulana (titre religieux honorifique) Fazlullah, le chef actuel des rebelles, âgé d’une trentaine d’années, est le gendre de soufi Mohammed. Il a un charisme indéniable, surtout auprès des femmes séduites par sa voix que, cloîtrées à la maison, elles entendent sur sa station de radio. Les hommes de Swat ont l’expérience du combat : ils étaient partis se battre, avec haches et épées, aux côtés des talibans en octobre 2001. Mais, différence avec la précédente insurrection, ils se révèlent encore plus radicalisés, preuve que l’influence d’Al-Qaeda a percé là encore.

«En tout cas, la rébellion apparaît plus "sophistiquée". Les combattants locaux ont été rejoints par ceux du Waziristan [autre foyer de rébellion islamiste particulièrement virulent, sur la frontière afghane] et, peut-être, par des étrangers. On dit que certains ont le visage masqué et ne parlent pas», indique Mariam Abou Zahab, chercheuse au Centre d’études et de recherches internationales (Ceri). Les insurgés, regroupés dans le Tehreek Nifaz-e-Shariat Mohammadi (Mouvement pour l’application de la loi de Mahomet), contrôlent 70 % de la vallée. Selon la même chercheuse, «la puissante mafia du bois profite de la rébellion pour procéder à la déforestation massive de la région qu’elle finance probablement en retour».

En quelques semaines, la vie de cette vallée touristique, où les Pakistanais allaient en voyage de noces, a complètement changé. La campagne de vaccination contre la polio a dû cesser, Fazlullah l’ayant dénoncée comme «un complot occidental visant à stériliser les bébés musulmans». Les femmes sont contraintes à la burqa et les écoles de filles ont fermé. Pour les hommes, cheveux et barbes sont sous haute surveillance pour correspondre aux standards islamiques.

Fin octobre, le général Musharraf a dépêché en renfort 2 500 militaires. Dès le lendemain de leur arrivée, un attentat suicide en a tué une trentaine. Depuis, les humiliations n’ont pas cessé, jusqu’à une parade de 48 soldats qui venaient de se rendre, sous la garde de combattants masqués, à une vingtaine de kilomètres de Mingora, la capitale du district. Hier encore, un attentat suicide a visé à Peshawar le ministre des Affaires politiques, Amir Muqam, tuant deux de ses gardes du corps. Le ministre est originaire de Swat. On le voit : Al-Qaeda est bien dans la vallée...

(Source: LIBERATION - 10.11.07)

Commentaires

  • Ce Fazlulah a raison de craindre pour les naissances
    musulmanes car c'est bien là que l'Occident doit agir en frappant ces fanatiques "in utero".
    En stérilisant leirs femmes par tous les moyens,on les prive de futurs soldats et de dangereux fanatiques.
    N'oublions pas que cette religion hyperexpansionniste se sert du ventre des femmes pour enfanter de nombreuses progénitures destinées à mener les combats futurs contre les infidèles ou bien à les envahir par submersion démographique.
    Cette religion de haine et de guerre est bien la plus bête du monde mais aussi la plus dangereuse :il faut la combattre sans pitié car elle ne nous fera pas de cadeau.

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