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Le viol, une arme de guerre au Congo

Congolaises vivant dans la province du Sud-Kivu, à la frontière du Rwanda, elles ont 70, 30 ou 10 ans. Leurs histoires se ressemblent : une nuit, les milices ont débarqué dans leur village. Les biens ont été pillés, les enfants battus, les filles et femmes torturées et violées ou emmenées comme esclaves sexuelles.

 


La réalisatrice allemande Susanne Babila a rencontré ces victimes dans les hôpitaux de la province. Son film, Le Viol, une arme de guerre au Congo, diffusé sur Arte, leur donne la parole, ainsi qu'aux équipes soignantes, toutes congolaises, qui, des chirurgiens aux psychologues, tentent de les guérir.

Ndamosu, 70 ans, vient d'être violée par cinq hommes, pendant que son mari et ses cinq enfants étaient tués par balles. Elle est grièvement blessée à la tête et au bas-ventre. "J'ai l'impression de devenir folle", dit-elle. L'angoisse étreint aussi Ntakobajira, 30 ans, qui fait des cauchemars : "Je rêve que je n'arrive pas à nourrir mes enfants." Elle a été enlevée et violée régulièrement par plusieurs hommes, pendant un an, avant de parvenir à s'enfuir. Au village, sa famille a été assassinée. Les femmes violées se retrouvent souvent mises au ban : "Je me moque de ce que diront les voisins ; mais j'ai peur que les miliciens reviennent la nuit."

 

LÉSIONS DÉFINITIVES

La petite Elisa, 10 ans, a subi le même sort. A cause de ses lésions, les médecins ont dû procéder à l'ablation complète de l'appareil génital : "Elle ne pourra jamais être mère", commente Denis Mukwege Mukangere, médecin chef de l'hôpital général de Bukavu, la capitale de la région. "Nous soignons 10 femmes par jour, soit 3 000 à 3 600 par an, pour les suites de viol. Parmi elles, 1 000 à 1 200 doivent subir une intervention chirurgicale majeure."

 

Car ces viols sont accompagnés d'une très grande violence, expliquent les soignants. Au Sud-Kivu, les agresseurs sont pour la plupart des miliciens rwandais qui ont participé au génocide de 1994.

Dès juin et juillet 1994, quand le gouvernement qui les employait a été militairement défait, ils ont fui le Rwanda, souvent sous la protection des soldats français de l'opération "Turquoise". A ces milices s'ajoutent des bandits congolais. Les uns et les autres pillent les minerais précieux de la région, or et casserite, pour s'enrichir et acheter des armes.

Ces faits sont avérés et connus de la communauté internationale. Mais le commandant de la Minuc, envoyé par l'ONU dans la région, déplore le manque de moyens pour protéger les civils : "Je ne dispose que de trois bataillons, soit un soldat pour 143 kilomètres."


"Le Viol, une arme de guerre au Congo", Arte, 15 novembre, 22 h 15.

(Source LE MONDE)

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