Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Dans les banlieues le pire reste à venir - lettre de Jean Maillard, magistrat

f27142bcc41c836df20845b5b7f8466c.jpg
Villiers-le-Bel

Dans les banlieues, le pire reste à venir

J’avoue que je n’aimerais pas être aujourd’hui au gouvernement. Ni d’ailleurs habiter Villiers-le-Bel. Ni moins encore être CRS. Je crains en effet que les nuits d’émeutes de Clichy-sous-Bois, il y a deux ans, ne soient que le hors-d’oeuvre de ce que nous allons déguster dans les temps prochains.

Je ne cherche pas à mettre de l’huile sur le feu, de toute façon ces lignes n’ont heureusement aucune chance d’être lues dans le 9-3 et autres cités dont notre belle France a parsemé ses paysages sub-urbains. Mais je crois qu’il va falloir quand même appeler un chat un chat. Qu’on incendie deux écoles, une bibliothèque, un commissariat, un garage et quelques autres bâtiments dont la liste est déjà oubliée, outre quelques dizaines de véhicules par jour, nous y étions habitués. C’est devenu presque une routine.

En revanche, la seconde nuit de Villiers-le-Bel marque une escalade dont les médias et le gouvernement ne voudront sans doute pas faire la publicité, mais qui risque d’être le point de départ d’une nouvelle étape: l’utilisation des armes à feu. A vrai dire, la surprise n’est pas que les émeutiers commencent à les sortir, mais d’une part qu’ils ne l’aient pas fait auparavant (à part un essai passé presque sous silence il y a deux ans) et d’autre part qu’ils se contentent encore de fusils de chasse et de pétoires à grenaille. Car les banlieues sont armées depuis longtemps et les caches contiennent de belles armes de guerre, bien mortelles comme il faut, auxquelles les gilets pare-balles de dotation ne résisteront pas.

Autant dire que la situation est explosive dans tous les sens du terme. Il semble que, d’émeute en émeute, les techniques se durcissent, les méthodes se professionnalisent et que les policiers et gendarmes devront très prochainement affronter, si ce n’est déjà le cas, des experts en guérilla urbaine qui n’auront aucun scrupule à faire usage de leurs armes contre les forces de l’ordre. Avec les conséquences qu’hélas on imagine. (....)

Le problème est, une fois de plus, qu’on aura attendu au-delà du dernier moment pour affronter une réalité devenue ingérable. Depuis des années, on a démobilisé la justice et on lui a ôté ses moyens: il paraissait plus utile de la confiner aux excès de vitesse et aux violences conjugales (Outreau a mis un frein à une autre de ses prédilections: les agressions sexuelles intrafamiliales) que de la voir s’occuper des grandes délinquances qui érodent irrémédiablement mais insensiblement notre société. Aujourd’hui, les trafics en tous genres fleurissent sous le nez de policiers et de juges consternés, qui comptent les coups et relèvent les morts après les règlements de comptes. Là, les kalachnikovs et les 38 spécial sont entre les mains des voyous, qui ne s’en servaient qu’entre eux jusqu’à présent, mais qui s’en soucie?

Si, quand même: la ministre de l’Intérieur vient de créer un fichier national des armes à feu. Quand il fonctionnera, on aura une centralisation des armes détenues par les personnes qui disposent d’une autorisation. Pour celles qui sont dans les caves des cités, il faudra encore attendre. A moins qu’elles ne soient déjà sorties d’elles-mêmes et que l’irrémédiable ne soit commis.

Je crois que ce que je vais dire va choquer, et je ne le fais pas de gaieté de cœur, ni par provocation, car l’heure me semble grave. Mais je suis persuadé que nous avons encore eu de la chance jusqu’à présent, que les voyous et futurs tueurs des banlieues n’aient pas encore osé faire usage de leur puissance de feu. J’espère que les pouvoirs publics prendront conscience de l’imminence des drames et surtout qu’ils chercheront enfin des solutions. Je ne voudrais pas être à leur place, car la marge de manœuvre, s’il en existe une, sera étroite. Certes, il faudra impitoyablement châtier, si on les arrête, les auteurs de ces événements. Mais la répression ne résout rien à long terme.

Et il faut aussi cesser de rêver, à gauche et ailleurs: la police de proximité n’est pas non plus la panacée, car on ne greffe pas une police communautaire sur une société à ce point malade et éclatée, dont ses membres sont en rébellion ouverte avec la société. La police est un moyen, pas une solution. Les éducateurs ne seront pas plus utiles: on ne guérit pas le cancer avec un placebo. Arroser les caïds avec des subventions pour acheter la paix armée sera peut-être la voie choisie: elle ne nous donnerait qu’un court répit. Reste-t-il une autre solution? Je l’ignore, et je suis bien content de ne pas être au gouvernement

(RUE89)

Commentaires

  • dommage c'est écrit un peu petit.
    Je rigole quand j'entends parler de fichier national de ceci ou cela car en effet cela ne gêne que les gens honnêtes.
    Pour ma part comme je l'ai déjà dit, je crois que l'usage d'armes à feu relativement peu dangereuses au delà d'une quinzaine de mètre n'est pas sans signification. ça veut dire "nous pouvons faire pire", hors de "chez nous"

  • Il est marrant ce J de M,magistrat,ou il vient de se faire opérer de la cataracte ou il nous prend pour des nouveaux-nés.
    La police a les moyens,donc la solution.
    le bla-bla des politiques,on a de beaux spécimens de lâcheté,font des victimes tous les jours.

  • Aucun régime de gauche ou pseudo droite n'est à même de résoudre ce problème de violence extrème.
    La méthode démocratique ( voie de la veulerie) est impraticable:il ne reste que celle d'un pouvoir musclé
    (dit de droite dure ou droite nationale)qui mettrait sous le boisseau tous les bobards humanistes et universalistes.
    Un fixhier national pour les détenteurs légaux d'armes alors que ce sont les racailles qui s'en servent ,ca sent l'odeur fédite de la duplicité du nain.
    Comme annoncé,sarko deviendra le pire président que la france ait connue.

  • Il est tout de même bon de voir un magistrat dénoncer cette situation, y compris l’incurie de tous les gouvernements qui depuis des années en sont responsables.
    Cependant, il y a tout lieu de penser que ces gouvernements le savent parfaitement. Alors la question qu’il faut poser, c’est : pourquoi ces gouvernements ont-ils laissé s’instaurer cette très dangereuse situation, en particulier ces stocks d’armes de guérillas dans les banlieues ? Cette question en entraîne aussitôt une autre : ne désirent-il pas que les banlieues soient abondamment armées au cas où les sous-chiens, n’ayant plus rien à perdre, finissent par se révolter ?
    P.S. Où a été publiée la lettre de ce magistrat ?

  • cher ABAD.
    Un Magistrat n'a pas à dénoncer mais à juger et si necessaire à condamner.
    Pour les banlieues tout le monde est au parfum,ils(les grands-fréres) veulent des sous pour rester peinards.
    Ma concierge est plus maligne que jean-de Maillard.
    Marcel,lui,a compris.

  • Char abad, le blog me joue des tours: les notes sautent, je ne peux guère en placer ce soir, ce qui réjouira ceux et celles qui me traitent de "raciste" (ils osent "récupérer" la mort atroce d'Anne-Lorraine pour m'insulter, alors que j'ai été une des premières à signaler cet assassinat, et à être indignée par cette abomination - le meurtrier récidiviste est sans doute un malade sexuel, mais il était en liberté, non soigné apparemment...) devraient faire un peu plus attention aux termes qu'ils emploient. On ne traite pas les gens de "racistes" alors qu'ils ne rapportent que des faits parus dans la presse et sur le net: ce sont ces personnes qui ont le mot "racisme" plein la bouche qui sont en fait racistes et anti-démocratiques. Je cite mes sources. - Cette "dictature" de la pensée commence à être un peu trop visible! Attention!
    Jean de Maillard (né en 1951) est loin d'être un imbécile, et je suis surprise par certaines réactions. Dénoncer n'a pas ici le sens de "délation"! C'est un Français intelligent et de bon sens, qui dit des choses vraies, que tout le monde ne sait pas sans doute (et si ces personnes le savent, pourquoi ne le disent-elles pas comme lui le fait?)
    Il collabore à RUE89. Il publie des livres: vous pouvez voir sa biographie et oeuvres sur Wikipédia. La lettre publiée l'a été dans RUE89, comme je l'indique. Rien d'autre n'est indiqué. Sinon je l'aurais mis.

    Amitiés!

  • Excellent! This man is brilliant. He should be the one sitting in L'Elysee. He is what France needs.

  • @georges: merci! Je pense comme vous. C'est pourquoi j'ai mis ce post. La France aurait besoin d'hommes comme lui, mais je crois pas qu'il sera appelé au gouvernement...

    Amicalement

Les commentaires sont fermés.