En 2006, une chiite de 19 ans se trouvait seule avec un ami lorsqu'un groupe de sept hommes sunnites les a kidnappés en les menaçant d'un couteau. Ils ont frappé et relâché le garçon et violé la jeune femme. Quatre des criminels ont été condamnés à deux à neuf ans d'emprisonnement ainsi qu'à des peines de flagellation de quatre-vingts à mille coups de fouet.
Mais la victime et son ami ont également été poursuivis en justice : ils ont été condamnés à deux cents coups de fouet et six mois d'emprisonnement pour s'être trouvés seuls et en privé avec une personne du sexe opposé n'appartenant pas à leur famille immédiate (cette infraction est appelée "khilwa" dans le droit islamique, la charia). Le tribunal avait également précisé, pour justifier la relative légèreté des peines des agresseurs, dans un pays où le viol est passible de la peine de mort, que si la jeune femme n'avait pas été seule avec un homme qui n'était pas de sa famille, le viol n'aurait pas eu lieu. Enfin, l'avocat de la jeune femme, Abdelrahmane Al-Lahem, avait également été suspendu par la justice saoudienne.
PRESSIONS AMERICAINES La condamnation de la jeune femme après le viol qu'elle a subi a provoqué une série de condamnations dans le monde, de la part d'organisations de défense des droits de l'homme comme Amnesty International, mais aussi de la Maison Blanche. Le président George Bush était intervenu sur ce sujet au début du mois en déclarant qu'il serait "en colère" contre un pays ne prenant pas le parti de la victime d'un viol. Hillary Clinton, parmi les favoris à l'investiture du parti démocrate américain pour la présidentielle prochaine, avait, elle, parlé de "honte" et appelé M. Bush "à demander au roi Abdallah d'Arabie saoudite d'annuler les poursuites" contre la jeune femme. Ce jugement avait également suscité un débat, peu courant en Arabie saoudite, sur les incohérences du système judiciaire et sur l'absence de prise en compte de la gravité des crimes commis contre cette femme.
Réagissant à ce tollé général, le ministre des affaires étrangères saoudien, le prince Saoud Al-Fayçal, avait indiqué récemment qu'une "révision" du jugement était en cours. L'annonce de cette grâce est rendue public par Al Jazeera le jour même du début du pèlerinage (le Hadj) de la Mecque et à l'avant-veille de l'Aïd Al-Adha, la plus grande fête musulmane, à l'occasion de laquelle le souverain saoudien procède généralement à une série d'amnisties, normalement annoncées par l'agence de presse officielle saoudienne...
(Source LE MONDE 17.12.07)
Commentaires
Merde... C'est atroce quoi, on punit une femme violee? On allege la peine des violeurs simplement parce qu'elle etait seule avec un autre homme ? C'est monstrueux, on dirait que les lois dans ce pays ne sont en faveur que des hommes! Les femmes n'ont aucun droit?!
Les femmes dans ces pays obscurantistes n'ont guère plus de valeur qu'une chèvre ou chameau.
Dans le cas de cette fille,c'est le monde à l'envers où la victime est punie .
Même le peu subtil code de Hammourabi fait bonne figure à côté de la Charia.
@Sarah: c'est atroce, tu ne connaissais pas les lois de la Charia? Les femes n'ont aucun droit, sauf celui d'avoir des enfants de leur mari et d'obéir! La feme a quelquefois moins de valeur qu'un chameau... On achète sa femme (l'home peut en avoir 4 à condition de pouvoir les nourrir...) en la payant avec des chameaux, suivant sa beauté, sa jeunesse, et bien sûr son absolue virginité. C'est l'islam, très agréable pour les hommes. mais il y a des femmes qui aiment ça, elles font comme leurs mères... et elles sont alors mieux considérées.
Je suis désolée, masi je ne suis pas d'accord. La loi saoudienne interdit à une femme d'être seule avec un homme; cette jeune fille ayant commis une infraction, elle a été condamnée à la peine prévue. Ce n'est pas à la justice de prendre en compte pour sa punition les conséquences de son acte.
C'est comme de dire:
"Il a été blessé par un coup de fusil, et il va en prison, c'est un scandale"; oui, mais s'il n'était pas rentré par effraction dans un appartement pour cambrioler, il n'aurait pas reçu de coup de fusil, et n'aurait pas NON PLUS mérité de faire de la prison.
L'arabie Saoudite est peut-être soumise à une loi islamique absurde. Mais dans cette affaire, le jugement me semble exemplaire: les conséquences désagréables, voire tragiques, d'un délit, n'empêchent pas que soit appliquée la peine prévue par la loi. La France ferait bien de s'en souvenir quelquefois...
D’accord avec vous, Ostara : la justice doit être conséquente avec elle-même.
@Ostara:
L'arbitraire ne peut être le fondement du Droit et de la Justice.
La charia est issue d'un arbitraire religieux fait de préceptes et d'interdits, non fondés sur la raison humaine, mais sur une révélation divine.
D'autre part, des prémisses fausses peuvent conduire avec un raisonnement logique parfait à des conclusions "vraies", en apparence, mais fausses en réalité.
Ainsi si je dis ": "Pierre est blond, tous les blonds sont coupables, donc Pierre est coupable", il est évident que le raisonnement formel est d'une logique parfaite, mais que la conclusion est absurde et ne peut fonder aucun droit à punir Pierre. Ce n'est qu'un sophisme.
Ton exemple du cambrioleur: effraction et vol sont des délits réels qui portent atteinte au droit de propriété. Il y a lieu de punir le cambrioleur selon la loi. Loi valable pour tous, quel que soit son sexe, ses origines, ses croyances, etc... Qu'il soit blessé au cours de son acte délictueux n'entre pas en compte, bien sûr. Ne peut pas être pris en compte en bonne justice et application des peines. Ce n'et pas non plus une circonstance atténuante!
Dans le cas saoudien: en raison (non-religieuse), on ne peut qualifier de délit le fait pour une femme de se trouver seule dans une voiture avec un homme, ni mari ni parent ! On voit que deux lois interviennent ici: une pour les hommes et une pour les femmes. Or, quand il y a deux lois pour un même "délit" (ici, faute contre la charia), il n'y a pas de loi du tout, il n'y a ni Droit véritable ni Justice digne de ce nom. C'est le règne de l'arbitraire, qu'il soit codifié ou pas. On ne peut pas parler de Justice, en aucune façon, dans la peine requise contre la jeune femme. Même si apparemment la sentence des juges est d'une logique "impeccable"!
Merci Gaelle. Merci d'avoir pris le temps de rediger cette reponse.
@Didzy: merci pour ton com. Le "droit" religieux, ici la charia, ne peut s'appeler véritablement Droit et Justice. Il est irrationnel car fondé sur une "révélation divine". Il procède d'un totalitarisme religieux inacceptable par la raison. L'Inquisition chrétienne (catholique comme luthérienne) possédait aussi un Code, des juges... En toute "justice", on envoyait des gens au bûcher! ( Jeanne d'Arc, Michel Servet à Genève... Galilée a dû se renier pour échapper aux foudres de l'Inquisition! Celle-ci faisait exécuter ses sentences par "le bras séculier", par les bourreaux du Roi ou du Prince)-
D'autre part, une Justice sexiste ne peut être concevable! C'est absolument inique... - Tout ceci est d'une telle évidence!
Amicalement