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BENAZIR BHUTTO TUEE DANS UN ATTENTAT-SUICIDE

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L'ex-Premier ministre pakistanais et leader de l'opposition Benazir Bhutto a été tuée jeudi dans un attentat suicide qui a fait au moins 20 autres morts à l'issue d'un meeting électoral près d'Islamabad, à deux semaines des législatives. 
Le kamikaze a d'abord ouvert le feu, l'atteignant d'une balle au cou alors qu'elle saluait la foule depuis le toit ouvrant de sa voiture blindée en quittant les lieux, selon des sources policières concordantes. Il a déclenché immédiatement après la bombe qu'il portait sur lui.

Benazir Bhutto, qui fut en 1988 la première femme à diriger un pays musulman, à l'âge de 35 ans, est morte à l'hôpital.

Sa dépouille a été transportée de l'hôpital vers une base militaire, d'où elle devait partir pour le village familial de Benazir Bhutto, Larkana, dans le sud du Pakistan.

A la sortie de l'hôpital, des centaines de personnes se massaient autour du cercueil en bois où une petite vitre en plastique sur le couvercle laissait apercevoir le corps de Benazir Bhutto, enveloppé dans un linceul blanc.

Le président pakistanais Pervez Musharraf a décrété trois jours de deuil national.

L'attentat a été perpétré à Rawalpindi, grande ville qui jouxte la capitale pakistanaise. En plus de Benazir Bhutto, au moins 20 personnes ont été tuées et 56 blessées, a annoncé le porte-parole du ministre de l'Intérieur, Javed Cheema.

Dans la soirée, Nawaz Sharif, l'autre chef de l'opposition et ancien Premier ministre, a réclamé la démission du président Musharraf et appelé à une grève générale dans tout le pays pour vendredi.

Ce drame est le dernier d'une série record d'attentats suicide dans l'histoire du Pakistan, qui ont fait près de 800 morts en 2007.

Le plus meurtrier avait déjà visé une manifestation du parti de Benazir Bhutto: le 18 octobre, deux kamikazes avaient tué 139 personnes dans un gigantesque défilé de sympathisants qui célébraient à Karachi, la grande ville du sud, le retour de l'ex-Premier ministre après six années d'exil.

Benazir Bhutto avait réchappé du double attentat parce
qu'elle se trouvait à l'intérieur d'un camion blindé.

Depuis, les autorités avaient multiplié les avertissements, assurant que des informations "précises" laissaient redouter que des terroristes islamistes attentent à sa vie.

Après l'attentat du 18 octobre, Benazir Bhutto avait accusé à plusieurs reprises de "hauts responsables" proches du pouvoir et des membres des services de renseignement d'être à l'origine de cette attaque, sans jamais le prouver.

L'ex-Premier ministre dirigeait le principal parti de l'opposition, le Parti du Peuple Pakistanais (PPP), depuis qu'elle avait tourné le dos début novembre à un accord de partage du pouvoir qui lui avait permis de rentrer d'exil grâce à
une amnistie mettant un terme à des poursuites pour corruption du temps où elle dirigeait le pays (1988-1990 et 1993-1996).

Invoquant la menace terroriste islamiste, le général Musharraf avait instauré l'état d'urgence le 3 novembre. Après quelques jours de tergiversations, Benazir Bhutto avait mis un terme à ses négociations avec le chef de l'Etat dans la perspective des élections législatives et provinciales prévues le 8 janvier.

Face à la pression de la communauté internationale et de l'opposition, le général Musharraf, réélu pour un second mandat le 6 octobre par les assemblées sortantes, avait levé l'état d'urgence le 15 décembre.

Benazir Butto menait aussi et surtout campagne
contre les fondamentalistes musulmans, en promettant d'"éliminer la menace islamiste" du pays.

Les Etats-Unis, dont le Pakistan de M. Musharraf est l'allié-clé dans leur "guerre contre le terrorisme", estiment qu'Al-Qaïda et les talibans afghans, épaulés par des militants locaux, ont reconstitué leurs forces dans les zones tribales du nord-ouest.

Après avoir lancé un "appel au calme", la Maison Blanche a annoncé que le président George W. Bush avait eu une conversation jeudi soir avec son homologue pakistanais.

Après l'assaut de la Mosquée rouge d'Islamabad début juillet, dans lequel une centaine de fondamentalistes ont été tués, Oussama ben Laden lui-même avait déclaré le djihad, la
"guerre sainte", au président Musharraf.

Jeudi, tandis que des violences éclataient dans plusieurs villes du pays quelques heures après le drame, faisant au moins quatre morts selon un bilan provisoire, les capitales du monde entier, l'ONU, l'Union européenne et le Vatican condamnaient l'attentat qui a coûté la vie à Benazir Bhutto.

M. Musharraf, qui a immédiatement convoqué une réunion d'urgence du gouvernement et des autorités militaires, a appelé ses concitoyens à maintenir la "paix" dans le pays pour "que les desseins diaboliques des terroristes soient mis en échec".


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