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Sarközy le Pieux !

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Avec le Pape Benoît XVI le 20 décembre 2007

Après Rome, Riyad. Lundi, lors de sa visite officielle en Arabie Saoudite, comme lors de sa visite au Vatican le 20 décembre, Nicolas Sarkozy s’est livré à un éloge de la morale chrétienne et des religions qui sont, selon lui, au fondement même des civilisations. Venant du président d’un pays qui prône la séparation de l’Eglise et de l’Etat, ses propos ont provoqué un tollé parmi les défenseurs de la laïcité, notamment les enseignants et l’opposition.

«Dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur, même s’il est important qu’il s’en rapproche, parce qu’il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance»: c’est sous les ors de la basilique Saint-Jean de Latran, au Vatican, que Nicolas Sarkozy est allé le plus loin. «Les racines de la France sont essentiellement chrétiennes», avait-il asséné, remontant au baptême de Clovis à partir duquel la France est devenue, pour les catholiques, «la fille aînée de l’Eglise». Puis il a avancé un nouveau concept comme il les aime: celui d’une «laïcité positive, qui ne considère pas que les religions sont un danger, mais plutôt un atout».

Rigide. En Arabie Saoudite, le Président a été plus grandiloquent et plus général. Assimilant les religions à des philosophies, il en a loué les bienfaits même si, a-t-il reconnu, des horreurs sont parfois perpétrées en leur nom. Comme l’homme ne peut se satisfaire d’un monde purement matérialiste, a-t-il expliqué, il ne peut vivre sans religion. Ses propos ont au moins dû ravir les dirigeants saoudiens qui imposent un islam des plus rigides à leur société.

«Cette conception sociologique de la religion, fournissant "l’espérance" qui fait que les peuples se tiennent tranquilles, on croyait qu’elle était loin derrière nous!», s’est exclamé François Bayrou, l’un des premiers à réagir le 25 décembre après le discours de Latran. «Ce n’est pas autre chose que l’opium du peuple que dénonçait Marx» a ajouté le président du MoDem, qui a aussi relevé «le paradoxe troublant» d’un Président «qui affiche sa complaisance avec le matéralisme financier et en même temps souhaite faire de la religion une autorité dans l’espace public».

Pour le PS, Jean Glavany, secrétaire national à la laïcité, a dénoncé le concept de «laïcité positive» et la manie du chef de l’Etat de réduire les civilisations aux religions, l’Occident allant avec la chrétienté. Lors sa conférence de presse de rentrée, le 10 janvier, le premier secrétaire du PS François Hollande a lui exigé de «clore définitivement le débat» sur la loi de 1905 instaurant la séparation de l’Eglise et de l’Etat.

Confusion. Les enseignants ont aussi attendu la rentrée pour réagir. Le SNUipp, premier syndicat du primaire, s’est insurgé contre les propos de Latran sur la supériorité du prêtre sur l’instituteur. «Cette affirmation est surprenante et choquante, écrit le syndicat, elle est source de confusion et risque de remettre en cause la conception de la laïcité. Mêler et de plus hiérarchiser dans l’acte éducatif, comme le fait le Président, l’instituteur et le prêtre, le pasteur et l’imam, constitue une véritable provocation vis à vis de l’école publique et des personnels».

«Dérapage, discours de circonstance ou projet politique?», s’interroge pour sa part le syndicat SE-Unsa qui accuse le chef de l’Etat d’avoir outrepassé son devoir de réserve.  

(Libération 16.01.08)
Ce "retour à la religion" annonce pour la France plus de grandes mosquées que de blanches cathédrales!
On peut remarquer que Sarközy oublie de citer le rabbin à côté du prêtre et de l'imam...

Commentaires

  • Il n'est pas "abbé Sarkozy" pour rien!
    L'intérêt parle toutes sortes de langues,joue toutes sortes de personnages,même celui de désintéressé(La Rochefoucauld).

  • Gaelle,
    sur le site de CCRIDER,on peut"admirer" une guillotine, et je me disais que le nain pourrait un jour en faire les frais car j'en connais qui se feraient un plaisir d'officier comme bourreau dans cette circonstance et sans la moindre rétribution:je sais,c'est un doux rêve mais si les choses se dégradent comme prévu....

  • Cher marcel, à force de vivre à la Lanterne, lieu maudit semble-t-il, il ne se porte guère chance... Mais comment le raccourcir encore davantage?

    Je ne crois pas en Dieu, ni en aucune religion dite du Livre. Je pense que les dieux antiques personnifiaient les forces de la Nature, et que c'était aussi bien ainsi, et plus proche de la réalité. Je me sens profondément païenne, depuis mon enfance, malgré mes efforts pour être chrétienne. Au pensionnat, je n'ai vu qu'hypocrisie, pas la moindre charité, bonté, amour du prochain! C'a marqué mon enfance.
    Aucune réponse sérieuse à mes questions. Je ne pouvais pas croire à ces récits bibliques qui ne sont pas ceux de mes vraies origines. Je me sens mal dans ce sémitisme religieux. Je préfère être dans une forêt, au bord de la mer, pour méditer. Il y a un mysticisme païen très riche. Beaucoup de "saints" qu'on croit chrétiens sont en fait des anciens dieux, récupérés par l'Eglise pour convertir les peuples sans trop les brusquer. Les cathédrales sont des chefs-d'oeuvre de notre civilisation. Elles abritent l'âme celte, si mystérieuse et raffinée...

  • Combien je partage le propos de Gaëlle !
    La liberté de penser, de croire, de vivre avec ou sans dieu(x) est un aspect fondamental de toute émancipation.
    Que notre société ait une crise morale, c'est enfoncer une porte ouverte, mais de là, à ce que le représentant d'une nation laïque confonde, son égo, sa croyance, avec ce qui rassemble, unifie, socialise les Êtres, le pas est immense.
    Je trouve qu'avancer ce discours dans des lieux hors de France, c'est travailler à nous imposer depuis l'extérieur un débat qui n'a pas lieu d'être en l'état.
    Si la société est en crise morale, je me refuse à limiter celle-ci, la morale, uniquement à sa dimension déifiée.
    Je ne suis pas croyant, telle Gaëlle, même si j'ai rencontré dans ma vie des croyants de toutes origines et de toutes croyances qui ont vécu et vivent encore leur foi réellement, avec ces solidarité, bonté, qui honorent celles et ceux qui les pratiquent.
    J'aime méditer dans une église, une cathédrale. La passion et le travail des constructeurs m'entourent de Beau, de Vrai. C'est un lieu de silence, tout comme le pied de mon Chêne centenaire.
    Même si je lève mon regard pendant mes méditations, ce n'est pas pour m'inscrire dans un rituel, c'est tout simplement pour me retrouver moi-même, face à moi.
    Et j'observe combien le travail plus que centenaire des théologiens continue à masquer les réalités et à nous couper de toutes les racines qui peuvent irriguer la pensée de tous.
    Alors oui, une fois de plus le nain, en donnant sa propre vision au monde essaie de nous opposer dans nos choix personnels pour mieux imposer les siens.
    Je ne crois pas en un quelconque dieu, j'ai une redoutable confiance en l'Homme, malgré toutes ses perversités, mais aussi à cause de toutes ses qualités.

  • Cher Christian, merci pour ce très beau texte de liberté et de respect de la liberté de l'autre. La foi est d'ordre personnel. Si elle est imposée de l'extérieur, sous la menace du ciel ou de l'enfer, ou du conformisme social, elle devient mensonge. Le célèbre "Je crois parce que c'est absurde" est la seule réponse honnête que peut donner un croyant à qui l'interroge.
    Toute religion d'Etat est odieuse ou pure gesticulation. Ele est vide de sens. On peut avoir une vie spirituelle intense sans avoir la foi en une religion particulière. La religion n'est pas une morale, n'est pas ce qui dit le Bien ou le Mal! La religion, étymologiquement, est ce qui "relie". Mais, en fait, il y a autant de vraies religions que d'être humains! de vrais liens avec l'inconnu, le mystère, avec l'amour et la beauté, avec les autres hommes. Ce qui est dangereux avec les religions "officielles", imposées de l'extérieur, ce sont leurs dérives rapides vers l"intolérance, le jugement du non-croyant, jugement moral qui aboutit à une condamnation, et à la négation de la liberté de penser. Si ce n'est à pire! Guerres de religion, sectarisme étroit, etc... Tuer au nom de Dieu est une aberration, et pourtant cela se fait! Et de nos jours encore!
    Il n'existe aucune preuve de l'existence de Dieu. Aussi Sarközy s'avance bcp trop loin, et dépasse les bornes. Tout ce qu'on peut demander à un croyant persuadé qu'il détient la vérité à propos du Bien et du Mal, est de montrer l'exemple par ses actes! - pour le reste, qu'il cesse de juger autrui à l'aune de sa "religion"!

    Amitiés

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