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Un médecin se suicide au commissariat

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Commisssariat de police d'Asnières

Mis en cause dans une affaire de viol sur une patiente, un médecin généraliste d'Asnières s'est tiré une balle dans le coeur dans les toilettes du commissariat de la ville.

Sur le point d'être placé en garde à vue, il n'avait pas encore été fouillé. (?)

«C'est pour mon honneur. » Ce sont les derniers mots qu'a prononcés le docteur Michel L. avant de mourir en plein commissariat de police d'Asnières (Hauts-de-Seine) hier matin.

Ce médecin de 60 ans s'est tiré une balle dans le coeur dans l'enceinte même du commissariat alors qu'il allait être placé en garde à vue dans une affaire de viol. L'hypothèse d'une bavure, ou même d'un meurtre, paraît d'ores et déjà écartée, même si hier soir l'inspection générale des services (IGS), la police des polices, poursuivait l'audition du lieutenant de police ayant convoqué le médecin. Selon les premiers éléments de l'enquête, l'homme est mort dans les bras de ce fonctionnaire et il s'agit bien d'un suicide. Si la victime a pu garder son arme sur elle face aux policiers, c'est parce qu'elle n'était pas encore placée en garde à vue. Il n'y avait donc aucune raison de fouiller le médecin et l'entrée du commissariat n'est pas équipée de portique de sécurité.


Vers 9 heures hier, le docteur Michel L. pénètre au commissariat, répondant un peu tardivement à la convocation du lieutenant. Celui-ci entend l'interroger à nouveau sur une sombre affaire de viol remontant à l'été 2006.

Le 11 juillet de cette année-là, une femme habitant la résidence où est installé le cabinet du médecin, à Asnières, dépose plainte. Elle affirme avoir été abusée par son généraliste. Celui-ci lui aurait fait avaler des gouttes contenant une drogue pour pouvoir profiter d'elle. L'analyse de son sang révèle qu'elle a en effet absorbé une substance chimique douteuse. Michel L. est donc placé en garde à vue et interrogé. Il nie. Dans son cabinet, les policiers découvrent un produit que le médecin n'aurait pas dû posséder. Il prétend en avoir besoin pour son chien. Après une quinzaine d'heures de garde à vue, le suspect est remis en liberté et un expert est désigné pour décortiquer la composition du produit et le comparer à la molécule retrouvée dans le sang de la patiente. Puis l'affaire s'enlise.

Cette semaine, alors qu'il avait reçu les résultats d'expertise, le lieutenant en charge de l'enquête convoque le médecin pour mercredi. Michel L. ne se présente pas. Le policier lui enjoint de venir le lendemain. Il se présente enfin, un Smith & Wesson de calibre 32 en poche, et s'entend dire que des "éléments nouveaux" sont parvenus aux enquêteurs. Il devra donc être à nouveau placé en garde à vue. Prétextant souffrir d'une gastro-entérite, Michel L. demande alors la permission de se rendre aux toilettes. « Le lieutenant l'a accompagné et comme toujours a laissé la porte ouverte. » L'homme tournait donc le dos au policier. Et soudainement, la détonation claque. Le sexagénaire a visé le coeur. Il s'effondre aussitôt dans les bras du lieutenant en voulant sauver « son honneur ».

Immédiatement après le drame, le procureur Philippe Courroye a saisi l'IGS avant de se rendre sur place. Le commissariat paraît franchement « secoué » par le drame. Le lieutenant, un policier expérimenté, « très apprécié » et maîtrisant parfaitement la procédure, selon un de ses collègues, serait même « très choqué ».

On est aussi très choqué dans le voisinage du médecin. « Il laisse deux enfants, se désole une habitante. Et pour sa mère, ça va être terrible. » Agée de 91 ans, la mère de la victime lui donnait un coup de main au cabinet. « C'était un homme super, insiste une habitante de la résidence. Il travaillait comme un médecin de campagne, il aidait tout le monde. » « En plus d'être mon médecin, c'était mon confident, reprend-elle avant de préciser que « cette histoire de viol », elle « n'y croit pas ».

(Le Parisien 18.01.08)

Commentaires

  • On remarque que l’hypothèse de la bavure est immédiatement exclue sans que l’on cherche bien loin les responsabilités. D’ailleurs dans cette affaire, contrairement à ce qui se passe habituellement lorsqu’une mort se produit dans un commissariat, on semble déjà clore le dossier. Et on n’entend pas les habituelles suspicions voire accusations contre la police : les médiats se taisent. On ne se demande même pas si la présomption d’innocence a été respectée. On en déduit facilement la couleur de la peau de ce médecin : ce n’était qu’un sous-chien ! Il y a vraiment deux catégories de citoyens dans ce pays !

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