De son côté, la Serbie, par la voix de son président fraîchement réélu Boris Tadic, a immédiatement réagi en assurant que "jamais elle ne reconnaîtrait l'indépendance du Kosovo". "La Serbie n'aura pas recours à la violence, - et c'est l'unique approche que nous pouvons utiliser pour continuer notre lutte légitime pour préserver l'intégrité de notre pays", a souligné le président, qui demande "aux institutions internationales au Kosovo d'annuler immédiatement cet acte qui s'oppose aux principes fondamentaux de la loi internationale". La Serbie a préparé un "plan d'action", récemment adopté au Parlement serbe, pour répondre à la proclamation d'indépendance des Kosovars albanais. Ce plan, dont les détails sont restés secrets, écarte cependant catégoriquement toute option militaire.
L'UE prendra "note" de la proclamation
Après cette proclamation, plusieurs grands pays de l'Union européenne et les Etats-Unis devraient reconnaître rapidement le nouveau pays, dont les premiers pas seront encadrés par une mission de l'UE, comme le souhaitent George Bush et le Premier ministre kosovar. La première réaction française est venue de Bernard Kouchner, qui depuis Jérusalem a souhaité "bonne chance au Kosovo". Le Royaume-Uni a évoqué un "important développement" pour le Kosovo tandis que l'Albanie a salué cette proclamation d'indépendance comme le jour de "sa renaissance". Les Etats-Unis ont eux "pris note" de la déclaration d'indépendance du Kosovo et ont appelé toutes les communautés au calme.
Sans surprise, la Russie a vivement critiqué cette déclaration d'indépendance et réclamé une réunion du conseil de sécurité de l'Onu. Réunion qui aura lieu dimanche dans la soirée. Le président tchèque Vaclav Klaus s'est lui inquiété d'un "effet dominos" qui risque, selon lui, de se produire dans d'autres Etats européens. "Certaines parties d'autres Etats peuvent tout à coup réaliser qu'elles ne se sentent pas tout à fait à l'aise dans le cadre du grand Etat où elles se trouvent aujourd'hui", a-t-il déclaré. Dès la proclamation d'indépendance du Kosovo, l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud, deux régions séparatistes de Géorgie, ont d'ailleurs annoncé qu'elles allaient demander à la Russie et à l'Onu de reconnaître leur indépendance. De son côté, l'Otan a invité dimanche toutes les parties à faire preuve de retenue et annoncé que ses forces de la Kfor continueraient à assurer la sécurité au Kosovo, "sauf décision contraire du Conseil de sécurité de l'ONU".
L'Espagne ne devrait pas reconnaître le Kosovo
Samedi, l'UE a donné son feu vert formel à l'envoi d'une mission de quelque 2.000 policiers et juristes, baptisée Eulex chargée d'accompagner l'indépendance du Kosovo. L'UE est divisée sur la question de l'indépendance. Une large majorité de pays européens sont prêts à la reconnaître. Mais six pays membres, craignant qu'une indépendance du Kosovo n'encourage les séparatismes, ne devraient pas le faire dans un proche avenir (Chypre, la Grèce, l'Espagne, la Bulgarie, la Roumanie, la Slovaquie).
Lundi, les ministres des Affaires étrangères de l'UE devraient simplement "prendre note" de cette proclamation dont la reconnaissance se fera pays par pays. La tâche de l'UE s'annonce comme un défi, en particulier dans le Nord, où vivent 40.000 des 120.000 Serbes présents au Kosovo. Leur principal leader, Milan Ivanovic, opposé à toute indépendance, a rejeté samedi la légitimité de cette mission.
Des Serbes en uniformes empêchés d'entrer au Kosovo |
* Plusieurs centaines d'anciens combattants de l'armée serbe, vêtus de leurs uniformes militaires, ont été empêchés d'entrer au Kosovo juste avant la proclamation de l'indépendance par les dirigeants kosovars. Ces anciens combattants, qui avaient participé à la guerre de 1998-1999 contre les séparatistes albanais du Kosovo, entendaient protester contre la proclamation d'indépendance du Kosovo, à laquelle la Serbie reste farouchement opposée. |