Dans la cité de 1 100 logements, le personnel d'Immobilière 3F a été victime de quatorze agressions physiques en dix-huit mois.
Les loges des gardiens des anciennes Beaudottes, à Sevran, vont rester fermées. Combien de temps ? Personne ne le sait.
Le bailleur, l'Immobilière 3F (I 3F), espère pouvoir remettre du personnel l'an prochain. « On a pris cette décision la mort dans l'âme, confie l'un des directeurs d'I 3F. Pour nous c'est un échec, mais nous n'arrivons plus à assurer la sécurité des gardiens. En 80 ans d'existence, nous n'avons jamais connu un tel niveau de violence et de tensions sur toute l'Ile-de-France. » En toile de fond, le trafic de drogue.
« Dans l'urgence, il faut éviter un drame »
Menaces, coups de poing, de pierre, de pistolet à gaz... Depuis août 2006, quatorze agressions physiques de gardiens ont été recensées par I 3F, autant de plaintes suivies d'arrêt de travail et cinq mutations. Seize appartements ont été squattés « pour entreposer la drogue ou se réfugier en cas d'une descente de police », explique un policier selon qui « le gardien est pris entre le marteau et l'enclume ». Douze de ces logements ont été récupérés en février, au terme d'une procédure judiciaire, mais il en reste encore quatre occupés. I 3F rappelle avoir investi 25 millions d'euros pour réhabiliter la cité depuis 1997, recruté une équipe de médiateurs, doublé le nombre de gardiens en neuf ans. Ils sont onze à travailler et vivre là. A trois reprises, depuis le début de l'année, ils ont exercé leur droit de retrait. Le CHSCT (comité d'hygiène et de sécurité) a tranché le 11 février. « La solution ? On ne la connaît pas, mais dans l'urgence, il faut éviter un drame, et pour cela, retirer les gardiens du site », résume le secrétaire du CHSCT.
Concrètement, I 3F maintiendra une présence sur le site au bureau de secteur (allée Francis-Garnier), limitée aux seules tâches administratives : délivrance d'attestations pour la CAF, visite des appartements, état des lieux... Le ménage et la sortie des conteneurs à ordures seront confiés aux sociétés privées comme la Séni, qui travaille déjà avec le bailleur.
Cette réorganisation ne réjouit personne, et surtout pas le maire (PC), Stéphane Gatignon, qui s'était fendu d'une lettre aux habitants pour dénoncer la privatisation du gardiennage, en février, avant de rencontrer le PDG d'I 3F, Yves Lafoucrière, le 11 mars. « Un bailleur ne peut pas quitter le terrain comme ça », estime l'élu. « Il faut qu'on travaille mieux ensemble, ajoute-t-il. Par exemple en attribuant ces logements en priorité aux Sevranais, qui connaissent le secteur, mais aussi en participant au recrutement des gardiens. Quant à la sécurité, c'est l'affaire de tous, pas seulement de la ville ou du bailleur, mais aussi de la police et de la justice. » Un groupe local de traitement de la délinquance spécialement dédié à la lutte contre le trafic de drogue a été créé fin 2007.
(Le Parisien 31 mars 08)
Commentaires
Au lieu de rétablir l’ordre, on ferme les loges de gardiens et tant pis pour les pauvres et honnêtes gens qui sont pris en otages et martyrisés dans ces résidences.
Mais comme disent les responsables :
« Dans l'urgence, il faut éviter un drame » : donc on laisse faire les voyous et les délinquants.
Pas belle la France ?