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Afghanistan: le "grand écart" de Sarközy

C'est ce qu'il est convenu d'appeler un grand écart. En 2007, Nicolas Sarközy, alors candidat à la présidentielle, estimait que la France n'a «pas vocation à rester en Afghanistan»
Ce matin, au surlendemain de la mort de dix soldats français de la force de l'Otan tombés dans une attaque des talibans, le même Sarközy déclarait depuis Kaboul aux forces hexagonales: «Il faut continuer le travail [en Afghanistan].» Une lecture des deux positions défendues par le Président à seulement quelque quinze mois de distance est étonnante.

Sarközy candidat: «Il était certainement utile qu'on envoie [ces soldats], dans la mesure où il y a un combat contre le terrorisme. Mais la présence à long terme des troupes françaises à cet endroit du monde ne me semble pas décisive. Il y a eu un moment donné, pour aider le gouvernement de M. Karzaï, où il fallait faire un certain nombre de choix, et le président de la République a pris la décision de rapatrier nos forces spéciales et un certain nombre d'éléments. C'est une politique que je poursuivrai.»

Sarközy Président, ce matin: «Pourquoi on est ici ? Parce qu'ici se joue une partie de la liberté du monde. Ici se mène le combat contre le terrorisme. Nous sommes ici non pas contre les Afghans, mais avec les Afghans, pour ne pas les laisser seuls face à la barbarie. Je n'ai pas de doute, il faut être là. Je vous dis en conscience que si c'était à refaire, je referais le choix qui m'a amené à confirmer le choix de mes prédécesseurs d'envoyer l'armée française ici.»

Pourquoi?

George W. Bush s'est-il montré si pressant auprès du président français que ce dernier vire radicalement d'avis en moins d'un an? Ou Sarkozy a-t-il décidé «seul» de changer son fusil d'épaule? Ceux qui n'ont de cesse de dénoncer l'atlantisme du chef de l'Etat ont leur opinion. Notamment qu'après le refus allemand d'engager de nouveaux hommes dans les opérations de Isaf (Force internationale d'assistance à la sécurité), le président américain a su convaincre son homologue de l'Elysée de la nécessité de le soutenir. Les autres peuvent évoquer le désormais célèbre aphorisme d'Edgard Faure selon lequel «ce n'est pas la girouette qui tourne, c'est le vent» et expliquer que l'enlisement de la situation en Afghanistan exige effectivement que la France renforce son contingent dans le pays.

Comment?

Reste que ce revirement s'est traduit sur le terrain: il y a quelques semaines, Nicolas Sarkozy a ordonné l'envoi de 700 hommes supplémentaires en Afghanistan, placés sous commandement américain. Ce contingent s'est déployé dans la région de Kapissa, plus au nord de Kaboul que le lieu de l'attentat qui a coûté la vie à neuf militaires français (le dixième est décédé après l'effrondement d'une piste hier matin lors de l'opération de repli vers la base de Saroubi).

Ces pertes humaines représentent un lourd tribut comparé au quatorze morts que l'armée française avait eu à déplorer depuis le début de son déploiement, en 2002. Pourquoi? Parce que les militaires hexagonaux français se trouvent de plus en plus dans les régions de combats.

Et maintenant?

Que faire, côté français? «Si vous regardez l'histoire du monde, aucune armée étrangère n'a réussi dans un pays qui n'était pas le sien, estimait, définitif, Sarkozy en mars 2007. Aucune. Même la Chine sur le Vietnam, les Japonais... Aucune. Quelle que soit l'époque, quel que soit le lieu.» Mais le Président a succédé au candidat.

Un petit rappel pour terminer: selon une loi qu'il a fait adopter via la révision constitutionnelle, le Parlement doit se prononcer par un vote sur un engagement militaire qui se prolonge au-delà de quatre mois. Mais évidemment, cela n'est pas sans risque.

Libération - 20 août 2008

Commentaires

  • Pour parodier Philippe Bouvard quand il parlait de Philippe Castelli:

    le nain est comparable à de la plasticine car debeulyou peut lui donner la forme qu'il veut.

  • S'il y a un combat contre le terrorisme à mener, c'est ici que ça se passe, pas à Kaboul

  • @Gaëlle : Félicitations pour le titre.
    "Afghanistan: le "grand écart" de Sarközy..."
    C'est purement virtuel ou carrément moqueur quand on connait l'envergure du nain métisseur à pipi-Carla, et que cette dernière, toujours compte tenu de l'envergure du gnome semble orienter sa libido vers les ours ;o)

  • Merci, Philippe!

    A Paul-Emic: évidemment que le vrai terrorisme est à combattre ici, et non à Kaboul! Merci pour cette réflexion des plus pertinentes.
    Mais l'américanodépendance de Sarközy est totale, me semble-t-il. Et puis il imite Bush, depuis qu'il a mangé deux saucisses à son barbecue!

  • son américanodépendance, il la revendique lui-même, donc pourquoi en douter en effet.

  • Philippe, si vous vous penchez sur la légende pyrénéenne de Jean-de-l'ours, ou Basajaun, vous vous découvrirez peut-être voyant... ou psychologue :
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_de_l'Ours#Jean_de_l.27Ours_dans_les_Pyr.C3.A9n.C3.A9es
    Espérons qu'il n'y ait pas de surprises lors de la naissance de l'héritier présidentiel ;)

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