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L'heure des vraies questions a sonné

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On leur fait même étudier l'anglais pour la communication

La mise au point musclée de Nicolas Sarközy à Kaboul, hier matin, n'a pas suffi à étouffer les polémiques. Même atténuées par la compassion et le respect aux victimes, les questions se sont succédé, tant à propos de la présence française en Afghanistan que sur les circonstances de l'accrochage.

 

Avant l'arrivée du président sur place, quelques-uns des soldats blessés lundi ont confié leur version de l'embuscade, mettant à mal les affirmations du général Georgelin, lors de la conférence de presse de la veille.

C'est l'envoyé spécial du journal Le Monde qui a pu s'entretenir avec eux à leur retour au camp. Contrairement à ce qu'avait dit le chef d'état-major des armées, ils racontent que leurs camarades ne sont pas tous morts dès le début de l'accrochage, mais au fil de combats qui ont duré plus de six heures.

On apprend également que les hommes du 8e RPIMa (1) sont restés « plus de quatre heures sans renfort », qu'ils n'avaient plus de munitions pour se défendre contre un ennemi supérieur en nombre et qu'ils auraient enfin été touchés par des tirs de l'aviation américaine, venue en renfort pour leur permettre de se dégager, voire par des soldats de l'armée afghane positionnés en aval.

En filigrane, ces témoignages mettent en cause des défauts de communication et la lenteur de réaction du commandement.

La veille, c'est le manque d'expérience des soldats français (la majorité des victimes avaient entre vingt et vingt-deux ans) qui avait été évoquée, ainsi que la qualité du matériel mis à leur disposition, qui serait mal adapté au terrain spécifique des montagnes afghanes.

Depuis la base avancée de Morales-Frazier, le colonel Jacques Aragones, commandant du 8e RPIMa, a répondu que ses hommes étaient « prêts, plus que prêts. » « Je ne connais pas d'unité de l'armée française qui se soit mieux préparée que nous », a-t-il martelé, précisant que « la section la plus jeune ici a au moins un an de service. »

Devant l'Assemblée

À Lille, où la force d'action terrestre est chargée de préparer, de coordonner ces unités, on tient le même discours : « Jamais on n'avait conduit une préparation spécifique aussi poussée. Pendant cinq mois, les hommes ont étudié le terrain, les IED - engins explosifs improvisés -, toutes les formes d'attaques - de l'assaut kamikaze à l'embuscade classique - et même l'anglais, pour éviter les problèmes de communication. » Toutes ces questions seront sans doute abordées par la commission défense de l'Assemblée nationale, devant laquelle Hervé Morin viendra s'expliquer lundi après-midi ou mardi matin.

Le ministre devra en outre répondre aux députés de gauche, et même à quelques voix qui s'élèvent à droite, pour demander si la stratégie suivie depuis 2001 par les forces de l'OTAN, inspirée de l'élan américain, n'est pas à reconsidérer.

 Après tout, la reconstruction n'a toujours pas avancé dans ce pays voué à la misère et la corruption, et les talibans reprennent du terrain chaque année, malgré soixante-dix mille hommes en soutien de l'armée nationale afghane...

1. - Sur les dix tués, huit appartenaient à ce régiment, de même que dix-sept des vingt et un blessés.

La Voix du Nord - 21 août 2008

 

Commentaires

  • Donc le chef d’état major a non seulement débité des inepties, mais il a menti ! C’est très grave !

    Quant à la déclaration du colonel Aragones, elle ressemble fort à une fanfaronnade très mal venue.

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