Les talibans qui ont tué dix soldats français dans une embuscade le 18 août promettent le même sort à l'ensemble des troupes françaises déployées en Afghanistan, tandis que Paris s'apprête à renforcer son dispositif militaire.
"Ces menaces n'entament aucunement ma détermination, ni celle de mes hommes", a assuré à RTL le colonel Jacques Aragonès, à la tête des 700 soldats français déployés en renfort en Kapisa (est), affirmant n'avoir "rien à répondre" à des talibans passés maîtres, selon lui, en "opérations de propagande"...
Après avoir fait parler les armes, le commando taliban joue sur l'image et les symboles. Les photos de Paris-Match à paraître jeudi montrent en particulier deux combattants islamistes arborant des Famas, le fusil d'assaut des forces françaises pris aux soldats tombés dans l'embuscade.
Le commando afghan a pris soin de signer son embuscade. Il a remis aux journalistes de Paris-Match l'une de ses prises de guerre, la montre de l'un des soldats tués afin qu'elle soit restituée à ses proches.
Ils "tenaient à remettre cet objet pour montrer qu'ils étaient de bonne volonté vis-à-vis de nous, à condition que les (soldats) français s'en aillent (d'Afghanistan) d'ici à la fin du ramadan", a expliqué à Europe 1 la photographe de Paris-Match, Véronique de Viguerie. Le ramadan prendra fin cette année le 2 octobre en Afghanistan.
Dix jours plus tôt, le parlement français se réunira pour la première fois depuis 1991 et la guerre du Golfe afin de se prononcer sur la poursuite de l'engagement français en Afghanistan.
A cette occasion, le Premier ministre, François Fillon, devrait annoncer les "aménagements" dans le dispositif militaire français en Afghanistan, indique-t-on de sources proches du dossier. Il devrait aussi réaffirmer le credo français, mais aussi de l'Otan, d'opérations militaires conjuguées à des actions de reconstruction.
Le chef d'état-major des armées, le général Jean-Louis Georgelin, est arrivé mercredi sur le "théâtre des opérations" pour déterminer précisément les besoins. Et plusieurs conseils restreints se réuniront autour du chef de l'Etat et des armées, Nicolas Sarkozy, à l'Elysée.
Trois jours après l'embuscade meurtrière tendue par les talibans, le ministre de la Défense, Hervé Morin, indiquait déjà que la France devait accroître sa "capacité de reconnaissance et renseignement" en Afghanistan, évoquant notamment les drones (avions sans pilote).
Mais il pourrait aussi s'agir d'un ou plusieurs hélicoptères (Caracal, Super Puma, Cougar...) ou d'un retour des forces spéciales, hypothèse également avancée par le ministre.
Les forces françaises en Afghanistan -plus de 3.000 hommes actuellement- n'ont cependant pas attendu pour "durcir" leur dispositif face à une guérilla qui s'apparente à celle des insurgés irakiens...
AFP. 03.09.08