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Elie Cohen: "une espèce de machine folle"

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Pour l'économiste Elie Cohen, "une machine folle" est à l'oeuvre dans le secteur bancaire: à cause d'un manque de confiance, né de la crise financière, les banques ne se prêtent plus entre elles et, potentiellement, aucune n'est "à l'abri", selon lui, même si des faillites en France sont peu probables.

Q: Les difficultés de Dexia reflètent-elles une aggravation de la crise bancaire?

R: Pourquoi Dexia se trouve-t-elle dans l'oeil du cyclone? Ce n'est pas la composition de son portefeuille qui pose problème. Le problème, c'est que son entreprise soeur -Fortis- est en difficulté, donc on dit "à qui le tour?". Or, plus la crise dure, plus la liquidité interbancaire (les fonds que les banques se prêtent entre elles pour financer leurs activités, ndlr) s'étiole et disparaît. Donc, plus une entreprise est ciblée (considérée comme fragile par les investisseurs, ndlr), plus elle a de difficulté à trouver la liquidité qui lui est nécessaire au jour le jour.

Ce à quoi on assiste actuellement, c'est une espèce de machine folle, qui est en train de cibler les entreprises les unes après les autres. Toute entreprise ciblée connaît des effondrements boursiers, a des difficultés à trouver de l'argent et finit par devoir se recapitaliser si elle veut se sauver.

Q: Cette crise menace-t-elle les autres banques, notamment les banques de dépôt?

R: Aujourd'hui, il n'y aucun problème. Mais si demain, une rumeur sur les marchés dit qu'une entreprise est plus fragile qu'on ne le pensait, l'action sera cédée massivement, la banque aura du mal à trouver des financements.

La machine infernale qui est en train de se développer ne met potentiellement plus personne à l'abri. C'est pour cela qu'il faut essayer de calmer cette folie collective.

Il n'y aucune raison qu'une banque de dépôt européenne, et française en particulier, rencontre des difficultés. Simplement, comment faites-vous pour résister lorsque vous êtes ciblés par les marchés et que la liquidité interbancaire disparaît? Dans ce cas, soit vous vous recapitalisez en allant sur les marchés. Soit, en dernier recours, l'Etat interviendra, mais pour moi, c'est de la science-fiction.

Q: Les banques françaises sont-elles vraiment solides, comme le répète le gouvernement, ou risquent-elles la faillite?

R: Elles n'ont pas cédé à la débauche des "subprimes" comme aux Etats-Unis et nous n'avons pas de banques d'investissement comme les Bear Stearns ou les Lehman Brothers. Le modèle de crédit immobilier et bancaire des établissements français est en effet plus solide.

Concernant la faillite, je pense qu'en France, on interviendrait avant d'y arriver. Aux Etats-Unis, le gouvernement a estimé qu'il pouvait se payer le luxe de la faillite de Lehman pour donner une leçon aux marchés, mais on ne le fera pas en France, parce que nous sommes moins idéologues.

Les déposants français peuvent être totalement rassurés. Je pense que le gouvernement garantirait entièrement leurs dépôts, comme Nicolas Sarközy l'a promis dans son discours de Toulon. AFP.29.09.08

Entre quelles mains sommes-nous? Entre celles de l'USURE! 

Commentaires

  • Bon, on connaît Cohen, c’est un économiste de bon sens et réaliste. Il se veut rassurant. Mais, devant l’immense inquiétude des Français et malgré son honnêteté, n’est-il pas en service commandé dans cet entretien, surtout avec l’AFP ?

  • Fher abad, il est certainement en service commandé... Je pense qu'après Rosh Hachana, nouvel an juif, les choses iront mieux financièrement... Une intuition... Il faut que le monde entre dans le chaos, puis qu'il en ressorte... Ils laissent aller les choses pour l'instant, ils sont en période de fêtes, mais les affaires repartiront après... Pour Rosh Hachana, on se souhaite une "douce année", on mange du miel, des pommes... 5769!
    Ca ira mieux aussi à la Bourse de la "Grosse Pomme"!

  • C'est un Tchernobyl financier!
    Comme à Tchernobyl, les alarmes ont sonnées, mais comme ça dérangeait ont les a éteintes et on n'a rein fait jusqu'à ce que la réaction en chaîne se produise.
    Et dire que certains en Europe (José Manuel Barroso, Angela Merkel, etc...) veulent que nos économies soeint de plus en plus intégrées à celle des Etats Unis! On ne les entend plus guère ces jours ci.

  • Si j'ai bien compris la vidéo que je viens de visionner il n'y a que très peu d'argent véritable. Il n'est créé qu'en fonction de son emprunt... pour moi c'est aussi compliqué que la théorie de la relativité mais on peut penser qu'il y a du vrai là-dedans. Et cela fait peur.
    http://vimeo.com/1711304

  • "Money as a debt" décrit effectivement parfaitement le phénomène de création de monnaie et permet de mieux comprendre comment le système a dérapé.
    Il permet également de mieux comprendre que la politique d'augmentation du taux de crédit menée par la banque européenne risque d'aggraver encore plus les choses puisque la crise est justement due à un manque de liquidités.

  • Mais, Paul-Emic, tu attires au contraire les liquidités si tu verses un taux d'intérêt plus élevé aux prêteurs. Or les banques ont besoin actuellement de liquidités. Le taux d'intérêt des livrets d'épargne a été relevé dans ce but. Celui qui emprunte "paiera" plus cher l'argent dont on lui fait crédit, par voie de conséquence. Mais les "subprimes" - crédits à taux peu élevé - ont entraîné, entre autres, la faillite américaine: trop de petits emprunteurs, pauvres, qui ne pouvaient plus rembourser (chômage, changement de situation, etc...): expulsion, vente de "leur" maison... et intérêts non-payés qui s'accumulent, pour l'emprunteur comme pour le prêteur. C'est l'explosion, à un moment donné.
    Il n'y a pas d'éthique dans le capitalisme ultralibéral américain. C'est de l'usure pure et simple.

    Le taux de crédit n'étant que la face inverse du taux d'intérêt, il y a des équilibres à observer, évidemment.
    Plus un placement est attractif, plus il est à risques: certaines limites ne doivent pas être dépassées.

    Retirer ses sous de la banque ne sert à rien si tout vient à s'effondrer: on se retrouve avec des billets, du papier qui n'a aucune valeur!

    Mais je sais que tu sais tout cela! Si un grand nombre de gens l'ignorent!

  • pas d'accord, le taux de crédit doit être envisagé du côté de l'emprunteur lequel peut être une banque.
    Une banque ayant besoin de liquidités, puisque l'argent qu'elle a prêté ne rentre plus a donc besoin d'emprunter auprès des autres banques pour couvrir son besoin de liquidités. Elever le taux de crédit, c'est lui rendre plus difficile l'accès à cet argent et donc aggraver la crise.
    Et comme l'argent "moderne" est essentiellement créé par les prêts qu'accordent les banques et surtout par leur capacité à se faire rembourser ces prêts, les priver de cette possibilité, c'est diminuer le volume global d'argent en circulation. Si le flux se ralentit trop c'est la catastrophe assurée.
    Pour faire simple A prête à B qui prête à C qui prête à A. Si B décide de ne plus prêter à C il est clair qu'à terme A ne prêtera plus à B qui sera touché par les conséquences de sa décision. C'est exactement ce qui se produit sous nos yeux il faut donc continuer à injecter de l'argent dans le système sinon ...
    Le problème est bien que moralement cela n'est pas tenable, mais il y a longtemps que la haute finance a fait son deuil de la morale.
    On se trouve donc face à cette contradiction extrêmement énervante : soit le contribuable par ailleurs spolié en tant que client passe à la caisse pour sauver le système, car si le système s'effondre, à part les cultivateurs et les éleveurs capables de vivre en autarcie, tout le monde trinquera, soit on laisse les financiers éponger eux mêmes leurs dettes et alors c'est tout un pan de l'épargne, des retraites, des entreprises des particuliers qui va se retrouver en situation de faillite et nul ne sait ce qu'il en sortira.
    La seule chose à espérer, c'est que les États revenus au premier plan devant la gouvernance prônée par les capitalistes idéologiques, en profitent pour règlementer certains aspects du capitalisme qui ont complètement dérapé .
    Pour autant la Gauche aurait tort de croire que cette crise marque la fin du capitalisme et les Français qui n'ont plus ni culture politique ni culture économique feraient bien de s'en rendre compte aussi. Le capitalisme est un comportement naturel chez l'homme (produire, acheter, vendre, investir et emprunter pour investir) , au contraire du collectivisme qui ne peut s'exercer sans puissance coercitive .

  • @Paul-Emic: j'ai dû mal me faire comprendre.
    Il ne faut pas confondre emprunteur et prêteur, débiteur et créancier.
    L'emprunteur ne fixe pas les taux: c'est le prêteur qui les fixe en fonction des risques qu'il prend! (insolvabilité de l'emprunteur). Mais il ne peut dépasser un certain taux d'usure: c'est réglementé, du moins en France.
    Le problème des "suprimes" aux E.U, c'est que les taux n'étaient pas fixes, mais variables: des gens peu méfiants ont cru qu'on leur prêtait à taux fixe, très bas, mettons 2%, mais les taux de crédit ont été augmentés, et ils ne pouvaient plus alors rembourser leur emprunt. Il s'agit là du crédit immobilier.

    Les rapports des banques entre elles (emprunts, prêts) ne sont pas du tout les mêmes que ceux qu'elles ont avec leurs clients!
    Il y a des emprunts à court terme, à moyen terme ou à long terme. Ce sont des mécanismes internes aux banques, des ajustements très complexes. Les schémas banque-particuliers ne sont pas transposables.

    Quand les banques ont besoin, dans leur ensemble, de liquidités, ells augmentent le taux d'intéressement pour attirer l'argent de leurs clients, de leurs prêteurs "extérieurs". Plus tu prêtes à une banque qui en a besoin (pour rembourser ses propres emprunts, pour investir, etc.. pour se couvrir), plus elle t'accordera un taux élevé! C'est évident. Si la banque place ton argent dans des placements à haut risque, au capital non garanti, il y a danger, bien entendu...
    Il y a des taux directeurs fixés par Bruxelles pour que l'ensemble ne dérape pas.

    Le capitalisme est une prise constante de risques. C'est une spéculation sur le rendement des investissements. On peut gagner beaucoup, mais on peut perdre beaucoup aussi. Il faut donc des régulations pour éviter les catastrophes.

    Il y a encore plus complexe: ce sont les CDS ou les "credit default swap", très banals dans la haute finance. Le montant de ces CDS a formé une énorme bulle financière avec Lehmann: la bulle a éclaté, entraînant la faillite... Toutes les banques se tenant dans le monde, il y a un effet de dominos...
    Le mécanisme des CDS est assez bien expliqué sur Wikipédia et dans les Echos. Les véritables coupables de la crise, ce sont en fait les CDS.

    Le plan Paulson: les contribuables américains renâclent, et on les comprend! Mais ont-ils protesté contre les énormes dépenses de guerre en Irak? L'argent venaient d'eux aussi, de leurs impôts.

    Tout ce que je dis là, je le tiens d'un ami, qui est directeur d'une grande banque à Marseille. Au cours d'un déjeuner récent, où il me parlait de la crise, je me suis mieux informée. Je ne pense pas me tromper tellement.

  • je ne vais pas rentrer dans le détail de ton argumentaire, mais quand la BCE augmente son taux d'intérêt, il s'agit du taux interbancaire dont découle naturellement celui que te fera ton banquier si tu veux changer de voiture, et le taux d'intérêt que te servira ton banquier si tu ouvres un compte d'épargne ou de placement chez lui, mais surtout et avant tout, il fixe le taux des prêts entre banques.
    Il y a un lien direct entre le taux auquel ton banquier te prêtera et celui auquel il te rémunèrera et les deux évoluent dans le même sens.
    Donc si le taux monte, le niveau des prêts/emprunts donc l'émission de monnaie diminue.

    C'est l'outil principal dont on se sert pour juguler l'inflation due à une masse de monnaie trop importante .

    Le problème de la crise actuelle c'est qu'elle est liée à un manque de liquidités c'est à dire de monnaie, la bonne preuve c'est que les Etats sont sollicités pour injecter ces liquidités dans le circuit.
    Elever les taux va donc exactement à l'encontre du but recherché.
    Mais ça ne m'étonne pas de Trichet qui semble encore lutter contre l'inflation des années 80.

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