À Prague, le traité de Lisbonne n'a pas encore été ratifié par le Parlement et devra ensuite franchir l'étape la plus délicate : être signé par le président tchèque, l'un de ses plus farouches adversaires.
Vaclav Klaus
Pour Vaclav Klaus, le très eurosceptique chef de l'État, « c'est simple, il ne se passera rien » pendant la présidence tchèque de l'Union européenne. « Un petit pays n'a d'influence sur rien », argue-t-il, affirmant ne pas s'attendre à ce que de nouvelles législations soient votées à l'initiative de son pays. Entre un président iconoclaste, qui vient de se proclamer « dissident » de l'UE, une coalition fragilisée par de récentes défaites électorales, et un premier ministre qui manque « d'envergure et d'expérience », selon certains de ses homologues européens, la présidence tchèque, qui débutera le 1er janvier prochain, s'annonce imprévisible…
Sur le site de la présidence tchèque, EU2009.cz (qui est aussi son logo), le chef du gouvernement, le libéral Mirek Topolanek, qui dirigera l'assee des Vingt-Sept, s'est senti obligé de rassurer ses partenaires. « Je peux en toute responsabilité affirmer ici que la République tchèque est prête à assurer la présidence du Conseil de l'Union européenne, insiste-t-il. Et, au-delà, de son intention de faire valoir ses priorités, qui sont d'ailleurs celles de l'Union européenne. »
Les trois « E »
Pour ces six mois, le mot d'ordre sera « une Europe sans barrières » : une Europe, souligne-t-on à Prague, « qui utilise pleinement son potentiel économique, humain et culturel, et qui, par conséquent, tient bon face à la concurrence mondiale ». La République tchèque se concentrera sur trois priorités, les trois « E » : l'Économie (les solutions à la crise financière), l'Énergie (la sécurité énergétique), l'Europe et le monde (notamment les relations avec l'Est et les Balkans). Un sommet devrait lancer, au printemps, la création d'un « partenariat oriental », pour renforcer les relations de l'UE avec six ex-républiques soviétiques.
Mais le gros dossier sera sans aucun doute celui du traité de Lisbonne. Alors que l'Irlande s'est dite prête, jeudi, à organiser un nouveau référendum en 2009, la République tchèque reste le dernier des Vingt-Sept à ne pas s'être prononcée sur ce texte. Le processus de ratification a déjà pris des mois de retard du fait de la saisine de la Cour constitutionnelle, qui a fini par donner son feu vert à la mi-novembre. Mardi dernier, députés et sénateurs ont décidé de renvoyer au 3 février prochain le débat sur la ratification du traité, à la demande de Mirek Topolanek : il n'était pas certain que la majorité soit atteinte. « Il ne faut pas que l'on nous pousse à une décision. Il serait risqué de voter sans un long débat », s'est justifié le premier ministre.
« Pouvoir de nuisance »
En fait, les libéraux tentent une sorte de marchandage avec leurs adversaires sociaux-démocrates : ces derniers sont favorables au traité de Lisbonne, mais opposés au bouclier antimissiles américain, tandis que pour les libéraux, c'est l'inverse. Selon le site d'information www.novinky.cz, un entretien secret a eu lieu, mardi, entre Mirek Topolanek et le chef des sociaux-démocrates, Jiri Paroubek. Peut-être dans le but de trouver un compromis pour que les deux documents soient approuvés en même temps ?
Après ratification par les deux Chambres du Parlement, le traité devra encore franchir l'étape la plus délicate : il devra être signé par le président tchèque, l'un de ses plus farouches adversaires. Comme son homologue polonais, Lech Kaczynski, Vaclav Klaus a affirmé qu'il ferait tout pour retarder le moment d'apposer sa signature. Hier, il a à nouveau refusé de dire s'il le ferait ou non. « On verra ce qui se passera », a-t-il lâché. Durant les six prochains mois, le « pouvoir de nuisance » du président tchèque, ont prévenu les analystes, sera « terrible ».
Le Figaro - 13.12.08
Commentaires
Espérons que Klaus tienne jusqu’au bout et qu’il puisse exercer son pouvoir de nuisance (sic), comme dit ce crétin de figaro, qui n’est plus à une ignominie près !
On aura 6 mois pour tester la capacité de nuisance (comprendre bienfaisance) de Klaus le terrible succèdant à un vrai nuisible le nain sarkoméditerranéen et son comportement de sarkofamiliarité excessive.
@marcel: qu'il soit le plus nuisible possible à l'UE! - selon la constitution tchèque, il doit signer ce qui a été décidé par ses ministres... mais quand il le veut ! C'est le président qui a le choix de la date pour la signature des traités, des accords. Qu'il la retarde le plus possible, cette date! Qu'il ne signe pas ce malfaisant traité de Lisbonne, qu'il emm... Sarközy!