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"Si la police m'avait écouté, Ilan aurait pu être sauvé"

Michael Douïeb - affaire Ilan Halimi.jpg
Mickael Douïeb, le père de Jimmy
Mickael Douïeb attend ce moment avec impatience. Aujourd’hui, devant la cour d’assises des mineurs de Paris, face aux membres du « gang des barbares », son fils Jimmy prendra la parole. Et demain, Mickael racontera à son tour son calvaire.
Quelques jours avant l’enlèvement d’Ilan Halimi, Jimmy avait été approché par Fofana et sa bande.
Mais ces derniers s’en étaient finalement pris à Mickael. Ce dernier, qui s’en est sorti de justesse, a gardé de lourdes séquelles et un regret immense : d’après lui, si les enquêteurs avaient pris davantage au sérieux sa propre agression, Ilan Halimi, séquestré et torturé en janvier 2006, serait peut-être toujours en vie.

Comment avez-vous été approché par le « gang des barbares » ?
Mickael Douïeb. Une jeune femme, qui disait s’appeler Melvina, avait pris contact avec mon fils Jimmy en décembre 2005. Il avait 20 ans et disposait d’un studio d’enregistrement de musique chez nous. Un an plus tôt, un rappeur d’une cité de Bagneux (Hauts-de-Seine) était venu, en compagnie de Jérémy Pastisson (NDLR : l’un des accusés) . Ce dernier avait été « très impressionné » par notre demeure. Fofana y a donc envoyé un « appât », cette Melvina, en réalité Alexandra S. Elle disait être chanteuse, elle a demandé à mon fils de la produire. Mais Jimmy n’a pas eu confiance. Il n’allait pas à ses rendez-vous.

C’est pour cela qu’ils ont jeté leur dévolu sur vous ?
Oui, j’ai été leur « plan B ». Le 5 janvier 2006, Jimmy ne s’est pas présenté à un énième rendez-vous. Melvina s’est rendue chez moi, pour pleurnicher. Elle a demandé à ce que je la raccompagne, ce que j’ai fait, en lui promettant que je parlerai d’elle à mon fils. Le lendemain, elle m’a rappelé, m’a déclaré devoir me parler à tout prix. Et rebelote. Je l’ai raccompagnée où elle disait habiter, à Bagneux. A l’endroit où Ilan a été séquestré… Elle a insisté pour que je la suive dans le hall de l’immeuble. Là, ils me sont tombés dessus. Ils étaient quatre, dont Fofana, j’ai reconnu ses yeux. Ils m’ont frappé à coups de barre de fer, de crosse de pistolet. La police m’a retrouvé menotté aux mains et aux chevilles, dans une mare de sang. Si des voisins n’avaient pas entendu le vacarme, Fofana m’aurait tué. En s’enfuyant, l’un d’eux s’est exclamé : Il est mort, c’est pas la peine de l’emmener.

S’en sont-ils pris à vous parce que vous êtes juif ?
C’est évident. Ils m’ont insulté en me donnant du crève sale juif ! sale youpin ! Ils étaient juste en train de m’exécuter. Melvina regardait faire et me fixait en ricanant.

Aujourd’hui, vous dites être en colère. Pourquoi ?
Parce que je suis intimement persuadé que si on m’avait écouté, Ilan Halimi aurait pu être sauvé.

C’est-à-dire ?
J’ai donné beaucoup d’éléments à la police, dès le lendemain de mon hospitalisation. J’ai donné le numéro de téléphone de la fille, qui a servi à d’autres reprises aux membres du gang. J’ai même donné celui de Jérémy Pastisson, l’un des bras droits de Fofana ! Ils n’ont jamais pris la peine de les convoquer. Par ailleurs, je leur ai dit que, comme je m’étais défendu lors de mon agression, il y avait forcément des traces ADN de mes agresseurs sur les lieux. Ils m’ont répondu qu’ils savaient ce qu’ils avaient à faire, mais n’ont procédé à aucun relevé. S’ils l’avaient fait, ils disposaient de l’ADN de Fofana et ils l’auraient trouvé, il était fiché.

La police a fini par faire le lien entre les deux histoires...
Oui, mais trop tard. Mon dossier a mis une semaine pour arriver chez la juge d’instruction à Paris ! Peut-être la semaine de trop. Pendant ce temps, Ilan Halimi mourait dans sa cave.

Le parisien- 19 mai 2009

 

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