Les boîtes noires de l'Airbus A330 d'Air France sont conçues pour résister à la pression marine jusqu'à 6.000 mètres et émettre pendant un mois un signal, mais aucune n'a jamais été récupérée à de telles profondeurs, selon le Bureau d'enquêtes et d'analyse (BEA).
"Théoriquement, les enregistreurs de vol sont conçus pour résister et être repérés grâce à leurs balises jusqu'à 6.000 mètres", a indiqué à l'AFP Martine Del Bono, porte-parole du BEA. "Mais on n'a jamais retrouvé de boîte noire aussi profond. A de telles profondeurs, cela devient incertain".
La profondeur maximum de l'océan Atlantique dans le secteur où l'avion qui effectuait le vol Rio-Paris est actuellement recherché est d'environ 4.700 mètres, explique Pierre-Yves Dupuy, du Service hydrographique et océanographique de la marine (SHOM) à Brest.
"Les balises émettent un signal, mais le son se propage dans l'eau en fonction de nombreuses variables: en plus de la profondeur, il y a la température, la salinité et les courants", ajoute M. Dupuy. "Si on capte le signal d'une balise, il faut prendre tout cela en compte avant d'envoyer les sous-marins".
Le SHOM travaille déjà, à la demande du BEA, sur la nature des fonds dans la zone de recherches, a-t-il précisé.
Dans le cas du charter égyptien qui s'est abîmé en mer en janvier 2004 au large de Charm el Cheikh, les enregistreurs ont été retrouvés après deux semaines de recherches, mais à 1.022 mètres de profondeur seulement.
Ces boîtes noires, qui sont en réalité oranges, sont deux équipements distincts embarqués à bord des avions.
L'une enregistre les paramètres de vol (Flight Data Recorder - FDR), l'autre les conversations et les sons dans le poste de pilotage (Cockpit Voice Recorder - CVR).
Les paramètres de vol enregistrés par le FDR concernent notamment la vitesse, l'altitude, le cap magnétique, le fonctionnement du pilote automatique. Ils sont généralement mesurés et enregistrés toutes les secondes.
Chacun de ces équipements est composé de deux parties. La première partie sert au fonctionnement général et est susceptible d'être détruite par le choc. La seconde partie concerne la mémoire proprement dite, qui se trouve protégée dans un boîtier blindé représentant 70% du poids de la boîte.
Pour un poids total de dix kilos, 7 kg assurent la protection de la mémoire comme une sorte de sarcophage.
Le Point - 03/06/09