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Infanticides dans le congélateur familial

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Jean-Louis et Véronique Courjeault
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En 2006, deux jours avant son incarcération
(Cliquez sur les photos pour les voir en totalité)

La France a découvert son visage à la fin de l’été 2006. Ses yeux clairs, emplis de lassitude et de tristesse, imploraient de la croire quand elle et son mari disaient leur incompréhension après la découverte des corps de deux nouveau-nés dans le congélateur de l’appartement familial à Séoul. « Je ne suis pas le père de ces enfants et ma femme n’a pas accouché de ces enfants », clamait Jean-Louis Courjault tandis que son épouse, Véronique, disait vivre en plein « cauchemar ».

 

« La solution la plus simple pour les dissimuler »

Pendant plus de sept ans, Véronique Courjault, 41 ans, s’est jouée de tout son monde, affichant une maîtrise absolue de la dissimulation. Elle est ainsi parvenue à cacher trois grossesses à son mari, ses enfants, sa belle-soeur médecin, ses parents, ses amies… Cette fille de modestes viticulteurs du Maine-et-Loire, sixième d’une fratrie de sept, a toujours donné l’image d’une femme timide, mère attentionnée auprès de ses deux fils, nés en mars 1995 et septembre 1996. Elle n’avait que 19 ans quand elle a rencontré Jean-Louis Courjault en 1986 alors qu’ils étaient tous deux étudiants à Tours (Indre-et-Loire). Ils se sont mariés en 1994, quand Véronique a su qu’elle était enceinte. Elle s’est présentée à la cérémonie vêtue de noir, histoire de dissimuler ses rondeurs hors mariage. Elle a attendu plus de cinq mois avant d’annoncer sa deuxième grossesse à son mari.


Malgré leur intimité, cet ingénieur a tout ignoré de la troisième grossesse de son épouse. Véronique Courjault a accouché seule au printemps 1999 avant d’étrangler et incinérer le bébé dans la cheminée de la maison de Charente-Maritime où la famille vivait alors. Un quatrième enfant est né à l’automne 2002, peu après l’expatriation des Courjault en Corée du Sud. Puis un dernier en décembre 2003. Deux garçons qu’elle a étouffés et rangés dans un tiroir du congélateur familial, « solution la plus simple pour les dissimuler ». Elle a expliqué qu’elle « n’y pensait pas chaque fois » qu’elle « ouvrait le congélateur ». Car, « pour moi, ça n’a jamais été des bébés comme Paul* et Alexandre*, ce n’était pas des êtres à part entière », a-t-elle expliqué aux experts psychiatres.

« Cet enfant était de moi : je m’accordais tous les droits »

Véronique Courjault ne sentait pas le « courage » d’élever d’autres enfants. « Puisque cet enfant était de moi, je m’accordais tous les droits sur lui, même celui, extrême, de lui donner la mort », a-t-elle dit pour justifier ses crimes. Le premier collège de psychiatres qui l’a examinée souligne son extrême détachement affectif envers ces bébés, « rejetés comme un objet impur, sans aucun état d’âme ». Pour les docteurs Masson et Puel-Metivier, il ne saurait s’agir d’un déni de grossesse. L’ex-analyste programmeuse a « toujours été parfaitement consciente de ses grossesses ». Et d’évoquer « l’hypothèse » d’un « plaisir secret du pouvoir à donner la vie et la mort ».


Jean-Louis Courjault, qui rêvait d’une famille nombreuse, n’a jamais abandonné sa femme. Après les aveux de Véronique, ils sont tombés en larmes dans les bras. « Ils s’aiment », s’est ému un enquêteur. « Ils forment plus que jamais un couple, malgré la séparation », assure M e Marc Morin, le défenseur du père de famille. Jean-Louis est devenu le meilleur avocat de sa femme : « Les grossesses qui se passent mal, c’est une réalité. Il faut que la société avance. Son jugement sur ces femmes-là doit changer », plaidait-il le jour de son non-lieu. Une union sacrée qui marque, selon les psychiatres, « l’aveuglement et la naïveté » de Jean-Louis Courjault. Il devrait demander à prendre la parole à l’ouverture du procès.

* Les prénoms ont été modifiés

Le parisien - 09/06/09

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