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Flambée du racisme aux E.U.

Il y a un an, l'élection d'un premier Noir à la Maison Blanche avait amené certains à saluer l'avènement d'une société "post-raciale" aux Etats-Unis. Mais le déluge de haine raciste que continue à essuyer Barack Obama montre que le pays est encore loin d'un tel idéal, où les différences entre Noirs et Blancs seraient gommées.

 
photo : Chris Hondros , AFP

Une fois passée l'euphorie du 4 novembre 2008, les réformes du 44e président, particulièrement celle de l'assurance maladie, ont suscité une vague de vindicte dans les profondeurs de l'Amérique blanche.

Dans l'Arizona (sud-ouest), un pasteur dit prier pour la mort d'Obama; au Congrès, un représentant républicain lance "vous mentez!" en plein discours présidentiel.

L'intéressé veut croire que ces attaques ne sont pas motivées par le racisme. Mais dès le soir de son élection, trois Blancs mettaient le feu à une église noire en construction dans le Massachusetts (nord-est) et les crimes racistes n'ont fait qu'augmenter depuis, observe Mark Potok, de l'organisation de défense des droits civiques Southern Poverty Law Center.

"Tout cela est assez effrayant", estime ce spécialiste des mouvements extrémistes. "La colère monte, il y a beaucoup d'armes en circulation et une idéologie haineuse. Tout cela mijote dans une sorte de chaudron de sorcière qui pourrait bien déboucher sur du terrorisme intérieur", s'inquiète-t-il.

Pour M. Potok, la réaction des milieux racistes reflète "un véritable désespoir". "Le fait est que ces gens ont perdu", explique-t-il. "Ils ne pourront plus faire revenir l'histoire en arrière. Notre pays va devenir une authentique démocratie multiraciale et ils n'y peuvent rien".

En 2008, seule une minorité de Blancs ont voté pour Obama, qui n'a dû sa victoire qu'à la mobilisation inédite des minorités noire et hispanique. Il a depuis insufflé "un sentiment d'espoir, d'intégration et dans certains cas, de réconciliation", observe Marc Morial, président de la National Urban League, une autre organisation pour les droits civiques.

Selon un sondage CBS, 59% des Noirs jugent désormais positives les relations interraciales, contre 29% l'an dernier.

Quand Barack Obama est né d'un père kényan et d'une mère blanche en 1961, les mariages interraciaux étaient encore interdits dans nombre d'Etats du Sud. La loi interdit aujourd'hui la discrimination raciale, mais un juge de paix vient de défrayer la chronique en Louisiane (sud) en refusant de marier un couple mixte.

L'entrée de Barack Obama à la Maison Blanche est venue couronner une évolution foudroyante, qui a vu les Noirs rejoindre progressivement les rangs des milliardaires, des astronautes, des policiers, des gouverneurs et des présentateurs de télévision.

Mais d'énormes disparités continuent à séparer Blancs et Noirs, dont beaucoup restent confinés dans des ghettos urbains en proie au chômage, à la drogue et à la violence.

Près d'une famille noire sur 4 vit sous le seuil de pauvreté, contre une famille blanche sur 6. Le taux de mortalité infantile est deux fois plus élevé chez les Noirs, le taux d'homicide six fois plus. Au cours de leur vie, un tiers des Noirs feront un séjour en prison, contre 6% des Blancs...

"Notre pays n'a jamais été bâti sur l'intégration des Noirs", souligne Robert Rooks du NAACP, l'association de Martin Luther King. "Certains Noirs s'en sortent incroyablement bien, mais la majorité de la communauté se sent totalement marginalisée".

A terme, les efforts lancés par l'administration Obama pour généraliser la couverture maladie et l'éducation devraient réduire les disparités.

"Mais un an plus tard, les vraies difficultés profondes sont les mêmes, car c'est un changement qui prend du temps", observe M. Morial.

P/O Gaëlle Mann - AFP Le 5/11/2009

 

Commentaires

  • Pour comprendre leur situation aux US, il suffit de voir le stade actuel des pays africains, pourtant, très riches et indépendants depuis 50 ans environ : quel recul par rapport à leur situation du temps de la colonisation !
    Mais l’AFP voudrait que « les différences entre Noirs et Blancs [soient] gommées », et reconnaît que : « Mais un an plus tard, les vraies difficultés profondes sont les mêmes, car c'est un changement qui prend du temps » : Pourtant les gommes, ça ne coûte pas cher ! Mais ça prend du temps de gommer et ça exige beaucoup d’huile de coude ! Des hommes uniformément gris, voilà le rêve de l’AFP (sauf pour eux-mêmes, car ils ne s’appliquent jamais à eux-mêmes ce qu’ils exigent des autres) !

  • C'est l'inéluctable retour du balancier.

  • La communauté noire aux Etats-Unis , est la plus ancienne des communautés immigrées non européennes ; et pourtant , c'est celle qui pose encore et toujours le plus de problèmes .
    On ne chasse pas le naturel : certains peuples ne peuvent vivre que dans leur milieu naturel .

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