Un fantasme hantait Dominique Guillouche. Renfermé sur lui-même et sans vie sociale, il désirait « avoir une petite fille à la maison qui serait un jouet pour compenser les problèmes relationnels et sexuels » avec sa femme. Le 20 novembre 2005, il est passé à l’acte en kidnappant Aurélia, 6 ans, qui jouait avec sa soeur aînée à 100 m du domicile familial à Jallais (Maine-et-Loire).
Détenu depuis quatre ans, Dominique Guillouche, 40 ans, est jugé pour « enlèvement, séquestration, viol en réunion et violence ». Ces lourdes charges ne se limitent pas au martyre de la petite Aurélia.
Des heures de repérage au volant de sa voiture
Au total, dix-neuf victimes. Les ex-époux Guillouche, qui n’ont jamais été condamnés, encourent trente ans de réclusion criminelle. Le beau-frère de l’accusé et une amie du couple comparaissent libres pour non-dénonciation de crime.
« M. Guillouche est rongé par le remords, il va se présenter devant la cour dans un esprit de vérité », confie son avocate, M e Elisabeth Gohier, en rappelant que son client a toujours collaboré avec le juge pendant l’instruction. L’avocate rappelle aussi la jeunesse chaotique de Dominique Guillouche, maltraité par sa mère et marqué par le décès de son père. Selon une psychologue, les graves carences affectives et éducatives ont influé sur son rapport au bien et au mal. La cour d’assises se penchera aussi sur le fonctionnement du couple Guillouche-Deneux, isolé socialement et dont les volets de la maison restaient le plus souvent fermés. Sans emploi, tenaillé par son fantasme de disposer d’une petite fille pour lui tout seul, Dominique Guillouche s’est peu à peu transformé en prédateur, effectuant pendant des heures des repérages au volant de sa voiture. En huit mois en 2005, l’accusé a ainsi parcouru plus de 24 000 km à la recherche de fillettes.
Aujourd’hui âgée de 10 ans, Aurélia attend ce procès « avec une appréhension terrible », selon M e Louis-Georges Barret, conseil des parents de l’enfant dont le rapt avait provoqué, pour la première fois en France, le déclenchement du plan Alerte Enlèvement. « Les parents attendent la peine la plus élevée contre ce couple diabolique », ajoute l’avocat. Le procès, prévu sur cinq semaines, devrait se tenir à huis clos partiel, c’est-à-dire sans public mais en présence de la presse.
Le parisien - 09 novembre 2009