Ha'Aretz : N'y a-t-il pas un problème antisémite en France ?
Jacques Attali : Non, il n'y a aucun problème. Affirmer le contraire est un mensonge, un pur mensonge. Il y a évidemment des antisémites, dont certains sont très connus, mais ce n'est pas un problème d'ampleur nationale.
Ha'Aretz : Beaucoup de Juifs français n'ont-ils pas tendance à émigrer en Israël ? Et nombre d'entre eux n'expliquent-ils pas leur choix par le climat antisémite qui existe en France ?
Jacques Attali : Je crois que ce n'est tout simplement pas vrai. C'est de la propagande, de la propagande israélienne. Certains Juifs français viennent passer deux semaines de vacances à Tel-Aviv, pour ensuite retourner à Paris ou ailleurs. D'autres Juifs français achètent un appartement en Israël, tout comme certains Britanniques achètent des maisons dans le sud de la France, et ce pour la même raison : y passer leurs vacances. Depuis dix ans, les Israéliens prennent leurs désirs pour des réalités. Ils pensent que la situation en France est un tel désastre que les Juifs préfèrent venir s'installer en Israël. C'est une propagande dangereuse que de faire croire aux gens que la situation en France est si catastrophique. Il est absolument vital que Juifs et Arabes aient des rapports normaux en France. C'est vital pour ce pays, mais aussi pour Israël et pour le reste du monde. Les relations judéo-arabes en France sont d'une importance stratégique : si juifs et musulmans ne peuvent vivre en paix dans ce pays, ils ne vivront en paix nulle part.
Ha'Aretz : Donc, pour vous, il n'existe pas d'antisémitisme dans la communauté musulmane de France ?
Jacques Attali : Absolument pas. Les musulmans de France essaient à tout prix d'éviter ce piège. Bien entendu, ils sont opposés à la politique israélienne dans les Territoires palestiniens. Je ne dis pas qu'il n'y a aucun incident. Il y a des fous dans toutes les catégories sociales. Mais le problème n'est pas politique, et les incidents qui surviennent sont de nature marginale.
Ha'Aretz : Pendant l'opération "Plomb durci" à Gaza, durant l'hiver 2008-2009, des cocktails Molotov ont été jetés sur des synagogues et des institutions juives de France, leurs murs ont été recouverts de graffitis antisémites. Selon les chiffres du Congrès juif européen, le nombre d'incidents antisémites a été multiplié par trois.
Jacques Attali : Ecoutez, je ne suis pas ici pour défendre la France, mais pour vous livrer mon opinion : tout ceci n'est que du vent. A ma grande déception, vous, en tant que journaliste israélien, ne m'interrogez pas sur les enjeux internationaux qui vous concernent, mais sur l'image caricaturale que vous vous faites de la France.
Ha'Aretz : Pensez-vous que le conflit israélo-palestinien va finir par rompre les liens entre la diaspora juive et les Israéliens ?
Jacques Attali : Le vrai risque, c'est de voir s'éteindre les communautés juives de par le monde, pas de voir disparaître Israël. Il est une évidence stratégique que personne n'aime aborder ouvertement : s'il veut survivre, Israël a besoin d'une communauté juive nombreuse et enracinée dans le monde entier. Or Israël a une vision stratégique très pauvre de la judéité. Cette problématique n'est pas seulement israélienne, mais propre à notre monde globalisé. La France peut s'appuyer sur ses 3 millions de Français qui vivent à l'étranger, la Chine peut compter sur ses 100 millions de nationaux expatriés. Tant que, pour vous, on ne pourra être juif que selon la Halakha [la loi judaïque], la tendance dominante au mariage mixte et au melting-pot finira par détruire le peuple juif. Israël et le judaïsme traditionnel vont devoir se poser la question de la conversion. Il va falloir adopter une conception active de la conversion. Quiconque a un parent juif, a été élevé dans une famille juive ou veut vivre en tant que juif doit pouvoir être accepté et reconnu comme juif, sinon la communauté juive disparaîtra.
Jacques Attali : Non, il n'y a aucun problème. Affirmer le contraire est un mensonge, un pur mensonge. Il y a évidemment des antisémites, dont certains sont très connus, mais ce n'est pas un problème d'ampleur nationale.
Ha'Aretz : Beaucoup de Juifs français n'ont-ils pas tendance à émigrer en Israël ? Et nombre d'entre eux n'expliquent-ils pas leur choix par le climat antisémite qui existe en France ?
Jacques Attali : Je crois que ce n'est tout simplement pas vrai. C'est de la propagande, de la propagande israélienne. Certains Juifs français viennent passer deux semaines de vacances à Tel-Aviv, pour ensuite retourner à Paris ou ailleurs. D'autres Juifs français achètent un appartement en Israël, tout comme certains Britanniques achètent des maisons dans le sud de la France, et ce pour la même raison : y passer leurs vacances. Depuis dix ans, les Israéliens prennent leurs désirs pour des réalités. Ils pensent que la situation en France est un tel désastre que les Juifs préfèrent venir s'installer en Israël. C'est une propagande dangereuse que de faire croire aux gens que la situation en France est si catastrophique. Il est absolument vital que Juifs et Arabes aient des rapports normaux en France. C'est vital pour ce pays, mais aussi pour Israël et pour le reste du monde. Les relations judéo-arabes en France sont d'une importance stratégique : si juifs et musulmans ne peuvent vivre en paix dans ce pays, ils ne vivront en paix nulle part.
Ha'Aretz : Donc, pour vous, il n'existe pas d'antisémitisme dans la communauté musulmane de France ?
Jacques Attali : Absolument pas. Les musulmans de France essaient à tout prix d'éviter ce piège. Bien entendu, ils sont opposés à la politique israélienne dans les Territoires palestiniens. Je ne dis pas qu'il n'y a aucun incident. Il y a des fous dans toutes les catégories sociales. Mais le problème n'est pas politique, et les incidents qui surviennent sont de nature marginale.
Ha'Aretz : Pendant l'opération "Plomb durci" à Gaza, durant l'hiver 2008-2009, des cocktails Molotov ont été jetés sur des synagogues et des institutions juives de France, leurs murs ont été recouverts de graffitis antisémites. Selon les chiffres du Congrès juif européen, le nombre d'incidents antisémites a été multiplié par trois.
Jacques Attali : Ecoutez, je ne suis pas ici pour défendre la France, mais pour vous livrer mon opinion : tout ceci n'est que du vent. A ma grande déception, vous, en tant que journaliste israélien, ne m'interrogez pas sur les enjeux internationaux qui vous concernent, mais sur l'image caricaturale que vous vous faites de la France.
Ha'Aretz : Pensez-vous que le conflit israélo-palestinien va finir par rompre les liens entre la diaspora juive et les Israéliens ?
Jacques Attali : Le vrai risque, c'est de voir s'éteindre les communautés juives de par le monde, pas de voir disparaître Israël. Il est une évidence stratégique que personne n'aime aborder ouvertement : s'il veut survivre, Israël a besoin d'une communauté juive nombreuse et enracinée dans le monde entier. Or Israël a une vision stratégique très pauvre de la judéité. Cette problématique n'est pas seulement israélienne, mais propre à notre monde globalisé. La France peut s'appuyer sur ses 3 millions de Français qui vivent à l'étranger, la Chine peut compter sur ses 100 millions de nationaux expatriés. Tant que, pour vous, on ne pourra être juif que selon la Halakha [la loi judaïque], la tendance dominante au mariage mixte et au melting-pot finira par détruire le peuple juif. Israël et le judaïsme traditionnel vont devoir se poser la question de la conversion. Il va falloir adopter une conception active de la conversion. Quiconque a un parent juif, a été élevé dans une famille juive ou veut vivre en tant que juif doit pouvoir être accepté et reconnu comme juif, sinon la communauté juive disparaîtra.
Ha'Aretz - 26 octobre 2009
Commentaires
Il a tout compris , l'Attali; Israel ne peut survivre sans sa diaspora ; mais le plus important pour Attali est que le peuple juif survive ; et le peuple juif , s'il a besoin de liquider Israel pour survivre , et bien il le fera.
Et l'Attali il a vraiment tout compris : il faut qu'il y ait de plus en plus de juifs par mariage mixte, je suppose ; donc ...
"Ecoutez, je ne suis pas ici pour défendre la France"; pour ma part , cetet déclaration ne me dérange pas car la France actuelle n'est pas la France.
Les grands responsables politiques en France ne peuvent que nier un éventuel anti-sémitisme français : d’abord à cause du président actuel ; ensuite ils seraient obligés de dénoncer les liens entre les anti-sémites et les immigrés. Mais cela ne les empêche pas de prôner l’immigration tout en dénonçant le peuple français comme raciste et anti-sémite pour justement le bâillonner et mieux le détruire par l’immigration. Ils sont habitués à ce genre de contorsions !