L'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch accuse Israël de n'avoir pas suffisamment enquêté sur les crimes de guerre que son armée est accusée d'avoir perpétrés durant l'offensive à Gaza, l'an dernier. Lancée officiellement pour stopper des tirs de roquettes contre Israël, l'opération "Plomb durci" avait fait, du 27 décembre 2008 au 18 janvier 2009, 1400 morts, pour la plupart des civils, côté palestinien, selon des sources médicales locales, et 13 côté israélien.
Dans une résolution adoptée le 5 novembre, l'Assemblée générale de l'ONU avait donné trois mois à Israël et aux Palestiniens pour ouvrir des enquêtes sur les allégations de crimes de guerre commis lors du conflit, contenues dans le rapport de la Commission d'enquête du juge sud-africain Richard Goldstone. Le rapport Goldstone, commissionné par l'ONU, recommandait la saisine de la Cour pénale internationale si Israël et les Palestiniens n'annonçaient pas d'ici fin janvier leur intention de mener des enquêtes "crédibles" sur la conduite du conflit.
Enquêtes sur 150 incidents
Israël a depuis lors communiqué un rapport où il est fait mention d'investigations lancées sur 150 incidents séparés, dont 36 font l'objet d'une enquête criminelle. Deux officiers supérieurs ont reçu un blâme et une seule condamnation a été prononcée, selon l'armée : contre un soldat qui avait volé une carte de crédit. Mais Human Rights Watch, qui précise avoir rencontré le 4 février des juristes de l'armée israélienne, assure que ceux-ci ne l'ont pas convaincue que les enquêtes internes de Tsahal sont "impartiales et approfondies" et qu'elles "concernent les directions politiques et militaires dont les décisions ont entraîné des morts de civils à l'encontre des lois de la guerre".
"Il est crucial de mener une enquête indépendante pour comprendre pourquoi autant de civils ont été tués et pour pouvoir poursuivre les responsables d'attaques illégales", a déclaré dimanche un responsable de HRW, Joe Stork. Les enquêtes internes de l'armée "ont concerné surtout des soldats qui avaient désobéi aux ordres sur les règles d'engagement de l'armée, sans se préoccuper si ces ordres ne violaient pas les lois de la guerre", a-t-il estimé. L'ONG relève pour sa part la "mort de 53 civils dans 19 incidents au cours desquels l'armée israélienne a apparemment violé les lois de la guerre".
Du côté des Nations-Unies, c'est toujours l'expectative : jeudi, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a déclaré n'être pas en mesure de déterminer si Israël et les Palestiniens s'étaient ou non conformés à l'exigence de l'ONU d'ouvrir des enquêtes indépendantes et crédibles sur cette opération militaire. Dans un rapport transmis à l'Assemblée générale de l'ONU, il a déclaré qu'à ce stade, "aucune détermination ne peut être faite sur la mise en oeuvre par les parties concernées de la résolution" 64/10 de l'Assemblée générale.