Il y a 65 ans, une unité cinématographique de l'armée américaine filmait les camps de concentration de Dachau et Falkenau tout juste libérés par les Alliés, montrant les survivants décharnés, les fosses communes et les misérables baraquements.
La plupart de leurs images sont entrées dans la mémoire collective parce qu'elles ont été diffusées aux actualités de l'époque et intégrées dans le film-documentaire montré pendant le procès des dirigeants nazis de Nuremberg.
L'exposition présentée à Paris au Mémorial de la Shoah explique comment ces images ont été tournées par les équipes dirigées par des cinéastes de profession Georges Stevens, Samuel Fuller et John Ford.
La Special Coverage Unit (SCOU) était dirigée par le lieutenant-colonel Georges Stevens, qui avant la guerre avait fait tourner Fred Astaire et Ginger Rogers. Samuel Fuller avait été journaliste de faits divers puis scénariste, avant de rejoindre la première division d?infanterie de l?armée américaine.
Quant à John Ford, responsable du service cinématographique de la marine américaine, il a été chargé du montage des images pour le procès de Nuremberg.
Sur place, les équipes de Stevens et de Fuller avaient une sorte de "cahier des charges" dans lequel il leur était demandé notamment de montrer les preuves "acceptables" de la barbarie.
Les opérateurs remplissaient quotidiennement des fiches de comptes-rendus expliquant où, dans quelles circonstances, ils avaient tourné. Les images étaient en noir et blanc mais Stevens et Fuller ont fait leurs propres films en couleur qui sont également montrés dans l'exposition, ainsi que leurs notes personnelles.
On a ainsi une idée de la chronologie de leur travail, depuis le wagon rempli de cadavres qu'ils découvrent en arrivant au camp, à la dénonciation des bourreaux qui tentent de se cacher parmi les survivants, en passant par le premier office juif célébré dans le camp par un soldat rabbin, l'enterrement des morts, les villageois du coin obligés de "visiter" le camp, etc. .
L'exposition présente également le film montré à Nuremberg, avec le commentaire de Joseph Kessel.
Une série de conférences et de films accompagne l'exposition "filmer les camps", qui est ouverte jusqu'au 31 août (www.memorialdelashoah.org)
Le Point - 11.03.10
Commentaires
Personne n’a jamais douté que ces photos sont l'oeuvre de cinéastes professionnels : il fallait bien ça !
Au fait où sont les chambres ?
Et comme l’a rappelé Henri Amouroux, après la fin de la guerre, l’état sanitaire des camps de prisonniers Allemands en France était pire que celui de Dachau ou de Falkenau : la mortalité des prisonniers était bien plus élevée que dans les camps Allemands. Au point que ce sont les américains eux-mêmes qui protestèrent et demandèrent que les Français les relâchent au plus vite.
@ abad: merci pour ce commentaire: il fallait rappeler ces camps de prisonniers allemands. La plupart des gens ignorent qu'ils ont existé sur le sol français.
Eh oui, des cinéastes professionnels! Les Américains n'ont rien laissé au hasard, il fallait du "beau travail" de pros!
N'oublions pas que les « camps de concentration » ne sont pas une invention National Socialiste, mais britannique :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Seconde_Guerre_des_Boers#Les_camps_de_concentration
@ BOGOMIR:merci pour le lien! Si peu de gens savent que les premiers camps de concentration ont été... britanniques!
Plusieurs centaines de Boers y sont morts dans les pires conditions... à ce que je crois savoir.
Merci BOGOMIR, pour ce rappel qui peut en étonner plus d’un !
effectivement ceux qui ne se pas sont intéressés à la révolte des boers , ne connaissent pas , cette histoire peu reluisante de l,empire britannique, les conditions de vie dans ces camps étaient effroyables !salutations.