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Pour les jeunes Grecs, "l'Europe, c'est la fatalité"

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Devant le Parlement d'Athènes - (Cliquez sur la photo)
Un pays "au bord du gouffre", s'est inquiété mercredi le président Poulias, et qui a besoin d'une cure d'austérité drastique pour les trois prochaines années au moins, comme l'a préconisé le ministère des Finances . Tel est l'amer constat auquel de nombreux Grecs doivent se résigner, après trois jours de grèves générales qui ont dégénéré mercredi en violents affrontements avec la police .

Alors c'est la rage au ventre que des milliers de jeunes Grecs sont descendus dans les rues d'Athènes. Sans doute ont-ils compris que la remise à flot de leur économie dépend de leurs sacrifices à venir. Déjà, pour les femmes, l'âge légal de départ en retraite a été reculé à 65 ans, d'ici 2013. Bientôt, les coupes salariales dans la fonction publique seront sans précédent, car il faut maintenir le cap fixé par l'Union européenne et le FMI après l'aide exceptionnelle octroyée, chiffrée à 110 milliards d'euros. Parmi les plaintes de la jeunesse grecque, celle de Michaelis, un informaticien de 27 ans, qui travaille à Athènes. "Papandréou et les autres sont responsables de cette situation. Ils ne se sont jamais occupés du peuple. On craint tous l'avenir (...)", affirme-t-il, implacable. D'autres comme Eirini ont choisi l'exil, dans une capitale européenne, à Londres, pour ne pas avoir à repenser à ces "trente années d'immobilisme et de technocratie, pendant lesquelles la Grèce n'a fait que s'enfoncer", raconte cette trentenaire, employée dans les télécommunications.

La jeunesse grecque ne peut rester devant son poste de télévision quand "tout le monde doit se mobiliser", s'insurge Michaelis qui a participé à la manifestation de jeudi. "Nous sommes un petit pays, toutes les voix comptent, sans distinction politique", souligne-t-il, conscient qu'il a défilé aux côtés de certains partis extrémistes de gauche. Une récupération politique de la révolte des jeunes Athéniens qui ne le freine guère : "Je reste objectif en m'informant sur internet plutôt que dans les journaux locaux", précise-t-il.

Des salaires à 500 euros

Entre la peur de l'avenir et la voix de la raison, la jeunesse grecque se sent tiraillée. "La situation est très déroutante, les gens ont évidemment raison de protester contre le gouvernement, mais ne sommes-nous pas contraints d'accepter ces mesures d'austérité pour espérer s'en sortir ?", s'interroge Eirini. Même à distance, la jeune femme reconnaît que "le quotidien est devenu très difficile pour ses proches. Maintenant, dans la rue, on peut se faire agresser pour une quinzaine d'euros. Il n'y a plus de cash nulle part", raconte-t-elle.

Face aux accusations de certains journaux à sensation allemands qui criaient à la paresse, l'occasion d'en profiter ne s'est pas présentée pour elle et ses amis. "Quand j'ai quitté Athènes, les jeunes qui avaient des doubles diplômes étaient payés 700 euros par mois. Aujourd'hui, leur salaire plafonne à 500 euros. Comment faire vivre une famille ?" Pire, la jeune expatriée dénonce "les protections sociales partielles ou des assurances à moitié couvertes pour les jeunes professionnels". Une injustice largement répandue puisque "les jeunes sont bien obligés d'accepter ces conditions", conclut-elle.

Redémarrer à zéro

Son salaire anglais lui permet aujourd'hui d'assurer le quotidien. "Quand j'ai vu qu'avec 900 euros par mois je n'avais aucune perspective d'évolution, je suis partie d'Athènes. Je n'envisage aucun retour avant une dizaine d'années", lâche-t-elle. La jeune femme garde malgré tout l'espoir de jours meilleurs dans le berceau des philosophes. "Il faut laisser le temps agir, pour permettre aux gens de redémarrer à zéro. Le plan d'austérité ne sera utile que si nous y joignons une graduation précise et ferme de ses mesures... le peuple en Grèce est tellement facile à corrompre par des promesses politiciennes", ironise-t-elle.

"Si la Grèce quitte la zone euro, les autres pourraient suivre après (...) c'est toute la jeunesse européenne qui doit être solidaire", indique Michaelis, qui n'accorde guère de crédit à la bienveillance de Bruxelles, ni au soutien d'Angela Merkel et de Nicolas Sarkozy qui se sont engagés à renforcer la stabilité de la zone euro. Pour les Grecs, l'Europe est la fatalité, c'est-à-dire quelque chose qui vient d'ailleurs, et sur laquelle on n'a de toute façon aucune influence", résume-t-il convaincu.
Le Point - 07/05/10

Commentaires

  • J'aime bien le titre. Et la Grèce s'y connaît en Tragédie.
    V Actes !
    1- Situation des personnages
    2-L'élément perturbateur apparaît
    3-Les protagonistes cherchent une solution au drame : tout paraît encore possible
    4-L'action se noue définitivement: on n'échappe pas au destin
    5-L'action se dénoue entraînant la mort d'un ou plusieurs personnages.

    A quel acte en sommes-nous ?

    J'aime bien aussi l'analyse faite par ces jeunes "Papandréou et les autres sont responsables[...]; ils ne se sont jamais occupés du peuple."

  • Bravo, Tania pour votre tragédie grecque. C’est tout à fait cela que l’on voit en ce moment. Je suis peut-être pessimiste, mais nous en sommes déjà à l’acte 5 avec les morts de mercredi, et une fois de plus les nationaux auront perdu la partie face aux mondialistes.

  • Du même avis que ces gens , l' Europe est une "néfastalité"

  • @ marcel: que tous les dieux chassent ces spéculateurs sionistes et que Zeus les foudroie du haut de l'Olympe!

  • C'est navrant pour les Grecs mais pour nous aussi, car nous leur devons d'avoir la plus belle langue du monde, la plus belle "Parlure du monde " comme le disaient les anciens et les étrangers.
    Les Grecs et les Latins, sont nos parents.
    Nos ennemis sont dans la place....financière, çà va de soi.
    La ruine des Pays leur est totalement indifférente .

  • @ turigol: oui, les Grecs et les Latins sont nos parents! Je ne peux pas être plus d'accord avec vous!

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