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Un historien amateur tire des Nazis de l'oubli

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La Kommandatur d'Ersbruck - (Cliquez sur la photo)

Comme de nombreux Allemands, Thomas Auburger, 46 ans, s'est plongé dans l'histoire de sa famille pendant la guerre. Au fil de ses recherches, l'historien amateur a mis au jour des documents inédits sur la Gestapo de Nuremberg.

Le temps presse. Tandis que le nonagénaire John Demjanjuk, accusé de complicité dans l'assassinat de 27 900 Juifs entre 1942 et 1943, fait face à ses juges à Munich, les Allemands sont lancés dans une course contre l'oubli. Au nom des victimes, au nom de la mémoire, ils veulent connaître l'identité des bourreaux nazis, savoir ce qu'ils sont devenus après la guerre, juger, peut-être, les rares survivants, avant que la mort ne fauche les derniers coupables et les ultimes témoins.

Thomas Auburger, 46 ans, responsable de la formation des apprentis chez un fabricant de machines-outils, incarne bien cette exigence. Cet historien amateur se décrit comme "un représentant de la génération des petits-enfants, celle qui se penche sur son histoire familiale sous le régime nazi". Ce sont justement des photos d'époque de son grand-père, retrouvées voilà huit ans, qui l'ont incité à entamer ses recherches.

"Pendant ces huit années, j'ai été obsédé par la question de savoir si mon aïeul, qui avait été gardien dans un camp de concentration de janvier à mai 1945, s'était trouvé du côté des criminels en uniforme." Il n'est pas le seul à être hanté par le passé. "Je suis fréquemment sollicité par des enfants ou des petits-enfants de nazis et de victimes qui souhaitent en savoir plus", indique-t-il.

Cette quête personnelle s'est muée en plongée dans les archives d'époque. "J'ai essayé d'obtenir des informations auprès des membres de ma famille, poursuit Thomas Auburger. En vain. Voilà pourquoi j'ai entamé une longue quête à travers les documents aujourd'hui disponibles en Allemagne, de Nuremberg à Berlin, de Munich à Ludwigsburg [NDLR: siège du Centre national d'enquêtes sur les crimes de guerre nazis et des archives fédérales]."

Le hasard l'a mis sur les traces d'anciens membres de la Gestapo de Nuremberg - cette fameuse police secrète d'Etat, créée par Hermann Göring en 1933 et condamnée après guerre en tant qu'"organisation criminelle", symbole de la terreur et de l'arbitraire nazis.

L'an dernier, Thomas Auburger a eu la main heureuse: dans un dossier oublié des archives de Nuremberg, ouvertes au public depuis 2004 seulement, il a découvert l'organigramme complet de la Gestapo locale en 1945, dont le fief s'étendait de Wurtzbourg, au nord-est de la Bavière, jusqu'à Karlsbad, en République tchèque. Sur ces quatre feuilles au format A4, soigneusement pliées, une main anonyme a couché plus de 130 noms, accompagnés des attributions respectives de chacun. Rédigé au camp d'internement américain d'Hersbruck le 1er octobre 1945, ce document aurait été établi par un ancien gestapiste, désireux de se concilier les bonnes grâces des vainqueurs. Ironie de l'histoire: la plupart des gestapistes de la ville ont tranquillement réintégré la police après la guerre.

Le 8 mai 2010, Thomas Auburger a présenté le résultat de ses recherches devant l'Académie de Nuremberg. Grâce à l'organigramme et aux informations glanées dans les archives, l'historien amateur compte bien reconstituer l'intégralité de la Gestapo de Nuremberg, dont le dernier chef, le lieutenant-colonel Hartmut Pulmer a dirigé la police secrète de Rennes (Ille-et-Vilaine) entre 1942 et 1944. Un travail de longue haleine puisque son ordinateur contient 6000 noms... Son ambition? "Donner le nom de chacun de ces criminels, présenter leur photo et leur parcours, ce qui était impossible jusqu'à présent." Quant à son grand-père, dont il a minutieusement suivi les traces, rien n'indique qu'il se soit rendu coupable de crime de guerre.

L'Express - 17/05/10

Commentaires

  • «Pendant ces huit années, j'ai été obsédé par la question de savoir si mon aïeul, qui avait été gardien dans un camp de concentration de janvier à mai 1945, s'était trouvé du côté des criminels en uniforme » mais plus loin on a la réponse : « …… rien n'indique qu'il se soit rendu coupable de crime de guerre." Tiens, comme c’est curieux ! Celui qui dénonce ses compatriotes allemands trouve que dans sa famille, il n’y a pas eu de bourreaux ! Comme quoi un gardien de camp de concentration est complètement innocent des morts de ce camp. On doit donc en conclure que les bourreaux étaient les prisonniers eux-mêmes, et les victimes étaient les gardiens.

  • «les Allemands sont lancés dans une course contre l'oubli...... et les ultimes témoins» :

    On aimerait que les Français se lancent dans une course contre l’oubli, au nom des victimes, au nom de la mémoire : ils veulent connaître les bourreaux de la police, de la gendarmerie et de l’Armée française, savoir ce qu’ils sont devenus après la guerre, juger peut-être les rares survivants, avant que la mort ne fauche les derniers coupables et les ultimes témoins des persécutions, des trahisons ordonnées par le pouvoir …..... gaulliste contre les français, européens ou indigènes d'Algérie, abandonnés parce qu’ils voulaient rester français et conserver l'Algérie Française, dont certains connurent les camps de concentration gaulliste, d'autres massacrés sur place par les forces gaullistes et la plupart abandonnés aux mains des terroristes du FLN !

  • Bravo et merci, cher abad, pour vos deux remarquables commentaires auxquels je souscris entièrement, bien sûr!

    Mais qui est vraiment ce Thomas Auburger? Il a la main bien trop "heureuse"! - A noter que la liste des 130 noms a été rédigée au camp d'internement AMERICAIN d'Hersbruck le 1er octobre 1945: on a une idée de la fiabilité de ce document!


    Si on faisait la même chose pour les bourreaux FLN, ce serait un tollé international contre la France.. et cependant...

  • @ abad: avez-vous vu la vidéo de la vieille dame palestinienne qui retrouve la maison de son enfance? C'est très émouvant, et très instructif sur l'injustice (le mot est faible) faite aux Palestiniens. On voit aussi à la fin comment l'Israélienne répond à son gentil signe de main! Mais qui oserait être aussi dur?

    On imagine aussi le retour d'une vieille dame expatriée d' Algérie, cherchant sa maison natale à Alger ou Oran...


    "Une main cachée dirige"... Rien de plus vrai!

  • @Abad, votre commentaire est très émouvant (et juste)
    Je sais par des amis pieds-noirs que cette mémoire à laquelle vous aspirez si légitimement, existe, qu'elle est enfouie sous les mensonges mais VIVANTE.
    Puissions-nous être encore là quand, à force de boursouflures sous les piles de faux discours, elle sera rétablie.
    Pour ma part, j'aspire aussi au jour où la Vérité sera faite sur la Révolution française,sur la Terreur, sur les massacres de Septembre, sur les Vendéens.
    Connaissez-vous le petit cimetière de Picpus, né de la perpétuation de la mémoire des 1300 personnes guillotinées entre le 14 juin et le 27 juillet 1794 ? Les victimes, dans leur majorité, furent des gens du peuple, mais il y eut aussi des nobles, des militaires, des prêtres, des religieux : c'est ici que furent exécutées les Carmélites de Compiègne (et qui inspira Bernanos).
    Quand je songe à ce qu'ILS ont mis autour de la basilique Saint-Denis, à ce qu'on voit quand on arrive dans ce qu'ILS appellent, aujourd'hui le "9-3", comme vous, je sais qu'il n'y a plus de "survivants"mais que cette vérité est entretenue par des "veilleurs". C'est ma seule consolation. Oui, des veilleurs.

  • Le régime nazi tirait sa légitimité en plus de sa légalité du soutien populaire.
    Et ce soutien du peuple allemand ne s'est jamais démenti jusqu'à la fin et la bataille finale de Berlin autour du Bunker du Führer.Tous les historiens le reconnaissent.
    C'est cela la vérité historique et rien d'autre.
    1945-2010,65 ans et à chacun de juger dans quel état se trouve les peuples d'Europe aujourd'hui!

  • Chère Tania, votre commentaire m’a beaucoup touché, car je sais aussi l’horreur que fut la période révolutionnaire. Je ne connais pas le cimetière de Picpus que vous évoquez. Mais je connais l’histoire des Carmélites et la pièce de Bernanos, dont s’est inspiré Francis Poulenc pour en faire un remarquable opéra. J’aime beaucoup écouter cet opéra ; dans l’enregistrement de Kent Nagano, par un effet sonore, on entend tomber très clairement le couperet de la guillotine. J’ai lu aussi le livre de Reynald Secher (qui me l’a dédicacé). Ces vérités sont connues mais les Français n’en ont pas conscience : c’est le résultat de deux siècles de mensonges et de propagande savamment entretenus, sinon le peuple de France découvrirait qu’il vit depuis deux siècles sous un régime illégitime !
    Mais, comme vous le dites si bien, il y a des veilleurs, heureusement !

  • A Matthieu : vous faites bien de rappeler que Hitler et les nazis sont arrivés au pouvoir en Allemagne le plus démocratiquement du monde. Et les soi-disant démocrates d’aujourd’hui feraient bien d’en prendre de la graine au lieu de triturer les lois électorales (et aussi les conditions électorales) pour empêcher leurs adversaires de gagner les élections !

  • @ Matthieu: merci pour ce rappel historique.
    Avez-vous lu "La gerbe des forces" d'Alphonse de Châteaubriant?

    "Alphonse van Bredenbeck de Châteaubriant est un écrivain français, né à Rennes le 25 mars 1877 et décédé en exil à Kitzbühel (Autriche), le 2 mai 1951". (Wikipédia)

    Le Chancelier l'avait accueilli par ces mots: "Monsieur le grand écrivain français..." et lui avait montré beaucoup de respect. Il n'avait pas encore écrit "La gerbe des forces".

  • @ Matthieu: catholique fervent, A. de Châteaubriant a écrit aussi, dans le monastère du Tyrol où il s'était réfugié, "Lettre à la chrétienté mourante" (1950 ou 51).

    Il avait été frappé "d'indignité nationale" et CONDAMNE à mort le 25 octobre 1945.

  • @Gaëlle,merci,j'avoue que je ne connais pas ces ouvrages;je vais m'efforcer de les acquérir et de les lire très vite.

  • @ Matthieu, sur Amazon, on doit les trouver facilement. J'ai acheté des livres apparement "introuvables"!

  • Cher Abad,Gaëlle nous a mis le final de l'opéra de Poulenc.Et, on entend très bien le son du couperet, mais, à la manière musicale du boléro, le Salve Regina retentit plus fort à chaque tête coupée.
    Je ne connais pas le livre de Reynald Secher. Je prends note. J'ai lu le livre de W. Bush, spécialiste de Bernanos et chargé en 1985 par le carmel de Compiègne de l'édition critique des manuscrits laissés par soeur Marie de l'Incarnation.
    Le cimetière historique de Picpus se trouve au 35, rue de Picpus dans le XIIème.

  • A Tania : Merci pour l’adresse du cimetière de Picpus.
    Le livre de Secher s’intitule : « Le génocide Franco-Français : la Vendée-Vengé ». Comme son titre l’indique, il s’agit d’une analyse rigoureuse, précise et circonstanciée des massacres de Vendée. Ce livre est tiré de la thèse de doctorat d’Etat de Secher. Très documenté, il donne en particulier, dans une annexe, un bilan, humain et immobilier, et détaillé par cantons, des guerres de vendée. Il est édité aux P.U.F. (338p., avril 1986). Je pense que toute librairie peut facilement vous le procurer.

  • que cet historien en herbe ou manipulé, laisse donc les vrais historiens qui ne sont pas les valets du politiquement correct , présenter leur travail!salutations.

  • @ parvus: tout à fait de votre avis! Que ce Rausburger, vraisemblablement archi-manipulé, cède sa place aux véritables historiens! Nous avons besoin de vérité et non d'affirmations non contrôlées.
    On ne s'improvise pas historien!

    Un historien amateur peut faire tant de mal!

  • @Abad, merci beaucoup pour les références de cet ouvrage.

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