De plus en plus de Maghrébins tentent de rallier la France par l’Est. Et restent bloqués à Athènes.
«Malaka» : «enc…». C’est le premier mot que Reda (1) a appris en débarquant en Grèce. Une insulte souvent utilisée au pays d’Homère. Mais le jeune clandestin algérien l’a tellement entendue proférée à son égard, que ce mot symbolise désormais pour lui l’hostilité des Grecs à l’égard des immigrés. Leur nombre exact est inconnu. Plus de 145 000 clandestins ont été interceptés en 2008 par la police grecque, 96 000 deux ans plus tôt. Au début des années 90, il y a eu les Albanais, vite suivis par les ressortissants des pays de l’Est. Vinrent ensuite les Afghans, les Irakiens, les Somaliens…
Depuis peu, ils sont aussi Algériens ou Marocains, et rêvent surtout de rejoindre la France «en faisant le grand tour», explique Chaleb, 26 ans. Jusqu’à récemment, ces clandestins du Maghreb tentaient plutôt la ligne droite : la traversée de la Méditerranée. «Mais il y a eu tellement de naufrages ! On sait désormais que c’est dangereux, un vrai suicide», constate Reda qui a vécu deux ans à Marseille, avant d’être expulsé en 2006 vers l’Algérie.
Lors de sa seconde tentative pour atteindre la France, Reda, comme Chaleb, a donc choisi «le grand tour» : pour rejoindre le Nord, il est allé vers l’Est. Un billet d’avion avec visa l’a conduit à Istanbul en Turquie. De là, il a passé à pied la frontière nord de la Grèce, puis il a encore marché plusieurs jours, souvent sans manger. Quand il s’est arrêté, épuisé, la police l’a aussitôt cueilli, et lui a donné un vague papier en lui ordonnant de se rendre à Athènes. Peu importe, il était déjà en Europe, et, espérait-il alors, bientôt en France.
Conducteur. D’autres tentent une autre voie : Hamza a 20 ans. Il y a deux ans, lui aussi a quitté l’Algérie, direction Istanbul. Puis il est parti vers Izmir, sur la côte. En face, à moins d’un kilomètre, se trouvent les premières îles grecques. «Sur la plage en Turquie, un passeur kurde nous attendait. Il y avait des Algériens, mais aussi des Afghans, des Somaliens… J’avais peur, nous étions trop nombreux pour le petit bateau pneumatique», se souvient le jeune homme. Hamza avait 200 euros en poche. La traversée coûte «un peu plus de 1 000 euros par passager». Il sera donc le «conducteur» : celui qui tient le moteur du zodiac. En cas d’arrestation, le conducteur est d’office assimilé au passeur, et risque jusqu’à sept ans de prison.
En racontant l’épopée de sa traversée, Hamza cligne parfois des yeux. Ce matin-là, un policier l’a arrêté. En le fouillant, il a trouvé 20 euros : «Où est-ce que tu les as volés ?» lui a-t-il lancé, en empochant la somme. Puis sans raison, il a pris les lunettes de Hamza et les a écrasées sur le sol. «Ils nous harcèlent et nous arrêtent sans cesse. Parfois ils nous envoient en détention, parfois ils nous relâchent. Il n’y a aucune logique !» renchérit Reda.
Longtemps pays d’émigration, la Grèce est devenue l’un des principaux points de passage de l’immigration clandestine. Sans y être vraiment préparée. La crise économique accroît les tensions xénophobes. Depuis peu, les jeunes néofascistes de «l’Aube d’or» multiplient les agressions contre les immigrés. Le 20 mars, au centre d’Athènes, une bombe a explosé devant le bureau des demandeurs d’asile.
Hamza, Reda, Chaleb connaissent bien l’endroit. En arrivant en Grèce, ils ont déchiré leurs passeports et tentent à présent de se faire passer pour Irakiens, dans l’espoir d’obtenir la carte rouge des demandeurs d’asile. Athènes a été plusieurs fois épinglée pour sa réticence à accorder le statut de réfugié. Mais on peut parfois obtenir une carte rouge en soudoyant les fonctionnaires ou un (vrai) Irakien. Après en avoir acheté une, contre 80 euros, Hamza a ainsi changé d’identité. Mais en cas de contrôle approfondi, il sait que ses empreintes digitales le trahiront. Et la carte n’est que temporaire : celle de Hamza expire bientôt, après six mois de validité.
«Invisible». Perdus dans un no man’s land juridique, livrés à eux-mêmes, les jeunes Algériens se sentent pris au piège. Car le passage vers la France s’avère difficile. Ils ont bien tenté de forcer le passage : comme Hamza qui s’est caché sous un camion en partance pour le port de Patras, avant d’être découvert. «Ce pays, c’est une prison, murmure Reda. On ne peut pas partir, mais on ne peut pas rester. Avec les Grecs, on n’a aucun contact. Comme si on était invisible.» Comment font-ils pour survivre au quotidien ? Ils finissent par l’avouer : «Comment faire autrement ? Bien sûr, on vole. Ce n’est pas un choix», souligne Reda. «Mais nous, on ne dépouille pas les gens. On préfère se servir chez Monsieur Carrefour», ajoute Chaleb, en faisant référence à la chaîne de distribution française qui possède plusieurs supermarchés dans la capitale grecque. Retourner en Algérie ? «Là-bas aussi, il y a la crise ! Et que diraient nos familles ? Rentrer les mains vides ? Qu’est-ce qu’on a fait pendant deux ans ?» se lamente le jeune homme, qui voit avec angoisse filer les années de sa jeunesse. Chaleb, lui, est confiant : il a envoyé toutes ses économies, 4 000 euros, à un trafiquant algérien qui lui a promis de venir le chercher pour le faire passer en France. Alors il attend.
(1) Tous les prénoms ont été changés.
Libération - 24 mai 2010
Commentaires
Chaleb, lui, est confiant : il a envoyé toutes ses économies, 4 000 euros, à un trafiquant algérien qui lui a promis de venir le chercher pour le faire passer en France. Alors il attend.
Quel con !
En France ils font les malins, se disent fiers d'être algériens, pourquoi restent-ils chez nous ?
S'ils avaient un peu de dignité, ils s'en prendraient à leur gouvernement au lieu d'emmerder les Français.
Bon , maintenant leurs affaires ne nous concernent pas.
Avec l'indépendance, pour être cohérent, il ne faut pas dépendre.
Dépendons les de chez nous, qu'ils aillent se faire pendre ailleurs.
Encore un article de pure propagande de libération (sic !), ce torchon de la gauche caviar ! Son but est de nous faire croire que la France et les autres pays européens luttent contre l’immigration, pour endormir le bon peuple, alors qu’il suffit de regarder dans la rue pour s’apercecvoir du contraire ; et que la Grèce se bat contre ces clandestins ! Hélas, les mondialistes ont réglé le problème de la Grèce : en assassinant les trois employés de la banque lors des dernières manifestation, toute nouvelle manifestation du peuple sera tuée dans l’œuf : avec cette provocation, ils ont réussi leur coup !
Les fondations de l'Europe sont chrétiennes et indo-européennes.
Si on détruit les fondations,l'édifice s'écroulera et ce sera le chaos!
Pas d'immigration en Europe,les maghrébins chez eux au maghreb,qu'ils construisent leur pays ou s'entretuent,c'est leur problème.