DRAGUIGNAN — Après le choc des inondations meurtrières, dont le bilan reste provisoire, et les premières mesures d'urgence, la population du Var, où Nicolas Sarkozy se rendra lundi, commence à mesurer l'ampleur des dégâts et à s'interroger sur les causes et même la gestion de la catastrophe.
Vendredi matin, trois jours après les pluies torrentielles, on dénombrait toujours 25 victimes, dont douze pour la seule ville de Draguignan.
Mais quatorze personnes restaient portées disparues, selon une source proche des investigations. Il s'agit notamment d'une jeune fille de 21 ans à La Motte et d'un homme vivant en bordure de rivière au Thoronet.
Les recherches se poursuivaient vendredi pour tenter de retrouver des corps dans les innombrables véhicules emportés par les eaux, mais aussi les amoncellements de branches, de boue et objets de tous ordres, dans les zones encore inondées, en particulier la plaine de l'Argens.
Le président Nicolas Sarkozy se rendra dans le Var lundi après-midi, a indiqué vendredi l'Elysée.
Alors que la circulation des trains a repris, 1.150 foyers restaient privés d'électricité, contre près de 12.000 jeudi soir, et 5.200 n'avaient toujours pas accès au téléphone.
Les agents des entreprises gestionnaires du réseau d'électricité s'affairaient toujours pour rétablir le courant, comme à Draguignan où des fourgons ERDF, avec d'immenses rouleaux de câbles sur remorques, s'activaient tôt dans la matinée.
L'eau reste impropre à la consommation dans de nombreuses communes, notamment à Draguignan mais aussi dans l'est du Var et sur la corniche des Maures. Des analyses sont en cours, selon la préfecture qui a réquisitionné des citernes et organisé des points de distribution.
L'armée à elle seule a livré 165.000 bouteilles d'eau en deux jours. Elle en a en stock encore quelque 250.000 prêtes à être distribuées.
Autre conséquence: le traitement du bétail mort. Des centaines de carcasses d'animaux ont été emportées par l'écoulement des eaux et leur enlèvement rapide est nécessaire pour éviter toute crise sanitaire. Une cellule spéciale a été mise en place. 300 moutons morts devaient notamment être dégagés près de Vidauban.
Dans les quartiers et villages, la population s'employait toujours à effacer les traces de l'inondation. Partout les mêmes scènes: des habitants qui sortent meubles, matelas ou vêtements sur le trottoir, tandis que des équipes de ramassage, avec le soutien des militaires (850 hommes mobilisés) emportent commodes et frigos hors d'usage, enlèvent les épaves de voitures empilées.
A Draguignan, pour éviter les pillages, notamment dans les très nombreux établissements commerciaux industriels éventrés ou laissés sans protection, des patrouilles de CRS ont été dépêchées.
Un homme de 20 ans, pris en flagrant délit de pillage d'une grande surface au Muy, a été condamné jeudi soir à trois mois de prison ferme avec mandat de dépôt par le tribunal correctionnel de Draguignan.
Devant les rares magasins ouverts, des files d'attente se forment.
Pour les sinistrés, simples citoyens mais aussi commerçants, artisans, agriculteurs ou industriels, qui ont vu leur outil de travail disparaître dans les eaux, l'heure est à l'évaluation des dégâts et aux démarches administratives.
S'il est encore trop tôt, de l'avis de tous, pour en dresser un bilan - sans doute considérable - et en attendant l'arrêté de reconnaissance de catastrophe naturelle promise par l'Etat, les autorités ont mis en place des procédures accélérées pour venir en aide aux plus touchés, grâce notamment au million d'euros débloqué par l'Etat.
Enfin, le temps était aussi aux interrogations, de nombreux habitants se demandant comment une telle catastrophe a pu survenir, et s'interrogeant sur l'efficacité des procédures d'alerte.
AFP. 18/06/10