A deux reprises en moins de trois jours, François Fillon vient de montrer le peu de cas qu'il fait désormais de la parole présidentielle. Ou le soin qu'il prend à s'en distancier. En parlant de «rigueur», et ce depuis le Japon devant un parterre d'acteurs économiques, le premier ministre savait qu'il venait contredire frontalement un Nicolas Sarkozy qui expliquait il y a une semaine: «La rigueur, c'est baisser les salaires, c'est augmenter les impôts: je ne le ferai pas.»
François Fillon, lui, le fait et l'a redit ce lundi, lors d'un déplacement en Nouvelle-Calédonie: «Oui, nous menons une politique de rigueur s'agissant de la dépense, je n'ai pas peur d'utiliser ce mot.» Les exégètes retiendront le mot «dépense» pour expliquer qu'il ne s'agit «que» de la politique budgétaire et non de l'ensemble de la politique économique et sociale. Exercice risible, tant il est dit, répété et assumé, à Matignon comme à Bercy, par Christine Lagarde, que le budget 2011 sera l'occasion d'un plan d'austérité d'une ampleur inédite (lire ici l'article de Laurent Mauduit).
En parlant de rigueur, François Fillon a adressé un autre signal : sept jours après l'intervention présidentielle, sur France 2, destinée à ressouder le camp présidentiel en lui dressant «des perspectives», il ne reste déjà plus rien du propos présidentiel. Nicolas Sarkozy n'avait en rien convaincu sur l'affaire Bettencourt/Woerth (62% des personnes interrogées à la suite de cette intervention se déclaraient non convaincues - détail en cliquant ici). Depuis, sa cote de popularité demeure dans les sous-sols de la République, parole dévaluée, ou simplement inaudible.
La fébrilité présidentielle face à un scandale Bettencourt qui le menace directement (puisqu'il s'agit du financement de son parti et de ses campagnes) n'explique pas seule cette incapacité à reprendre la main. C'est bien à une désorganisation générale de l'exécutif à laquelle nous assistons. Le pouvoir ne gère plus: il produit des désordres en chaîne. A sa manière, le ministre de l'intérieur Brice Hortefeux l'a démontré ce week-end à Grenoble, où son déplacement n'a fait qu'envenimer les affrontements entre des bandes de voyous et la police. Et Eric Woerth, hué par la foule, a failli gâcher dimanche l'arrivée de l'étape du Tour de France.
Avant même le «grand remaniement» annoncé pour octobre, ce gouvernement est d'ores et déjà détruit. Les ministres ont disparu ou sont démissionnaires. Vous souvenez-vous de Jean-Louis Borloo ? De Luc Chatel ? D'Eric Besson ? De Bernard Kouchner ? Mais que font donc Roselyne Bachelot, Hervé Novelli, Pierre Lellouche, Bruno Lemaire ? A quoi peuvent donc bien s'occuper Valérie Létard, Nora Berra, Marc-Philippe Daubresse, Jean-Marie Bockel, Anne-Marie Idrac, dont on avait même oublié la qualité de ministres ou secrétaires d'Etat ? (pour redécouvrir la composition du gouvernement, cliquez ici).
Dans ce ballet de fantômes, il est une disparition particulière et remarquable : celle de Michèle Alliot-Marie. Ministre de la justice, elle devrait être en première ligne face à l'incendie Woerth-Bettencourt. Pour expliciter l'attitude de la chancellerie, pour garantir surtout la marche d'une justice impartiale et l'équilibre des enquêtes engagées.
Or Michèle Alliot-Marie n'a parlé qu'une fois, début juillet, en répondant à une question d'actualité à l'Assemblée nationale. Commettant trois erreurs factuelles (lire ici notre article), ne répondant pas à la question posée, elle a depuis disparu. Pourtant le scandale Bettencourt est sur le point d'en déclencher un autre, un scandale judiciaire cette fois.
Une partie de l'opinion l'a compris – malgré l'extrême complexité des procédures en cours –, comme en témoigne l'«Appel pour une justice indépendante et impartiale», accueilli depuis quelques jours par Mediapart. Plus de 20.000 personnes l'ont déjà signé et se retrouvent dans cette simple affirmation de bon sens: «Les affaires Bettencourt donnent en spectacle une justice aux antipodes des principes directeurs du procès pénal et des exigences du droit européen récemment rappelées par la Cour européenne des droits de l'homme.»
Michèle Alliot-Marie est l'autorité de tutelle du procureur Philippe Courroye. Elle est, à ce titre, directement engagée et responsable du processus judiciaire en cours. Le procureur, nous l'avons déjà écrit, est directement partie prenante dans cette affaire.
Il s'est engagé en décidant, après dix-huit mois d'enquête préliminaire, de ne pas donner suite à la plainte «pour abus de faiblesse» déposée par la fille de Mme Bettencourt. Il s'est engagé, comme en témoignent les enregistrements pirates, en informant régulièrement l'Elysée et le conseiller du président de la République de l'avancement de cette enquête comme de ses intentions. Il est engagé, de fait, lorsqu'une des parties, en l'occurrence Patrice de Maistre, gestionnaire de Liliane Bettencourt, reçoit de l'Elysée des assurances que le procureur «est un ami» et choisit un temps – toujours sur recommandation de l'Elysée ! – l'avocat Paul Lombard du fait, là encore, de ses bonnes relations avec le procureur.
Or c'est cet homme qui a aujourd'hui la responsabilité de l'ensemble des trois enquêtes préliminaires ouvertes sur les affaires Bettencourt. Et c'est cet homme qui ne masque pas sa proximité avec le président de la République, qui ne dispose pas de par la loi des moyens d'investigation d'un juge d'instruction (ce qui laisse tout le temps aux différentes parties de «reconstruire» leurs dossiers), et dont le conflit ouvert avec la présidente du tribunal de Nanterre est sur le point de paralyser le fonctionnement de ce même tribunal !
Garante d'une justice efficace et impartiale, Michèle Alliot-Marie ne trouve donc rien à redire... C'est un symptôme supplémentaire d'un pouvoir aux abois et du désordre institutionnel. Deux hommes gèrent désormais seuls cette affaire d'Etat: Nicolas Sarkozy et Claude Guéant, l'omniprésent secrétaire général de l'Elysée. Leur dernière arme est un contrôle complet et discrétionnaire, construit depuis des années, sur quelques services de l'Etat: au sein de la police, au sein de l'appareil judiciaire, au sein des services de renseignements.
Le pari est simple : profiter de l'été et de l'inattention d'une partie de l'opinion pour empêcher de prospérer les dossiers révélés. En temps utile, le sacrifice bruyant d'Eric Woerth sur la place publique (le ministre est d'ores et déjà hors jeu) permettra de masquer les manœuvres dans les arrière-cuisines de l'Etat. C'est un pari que le président de la République peut encore emporter. Il aura un prix: une justice abîmée et l'abaissement de nos institutions.
MEDIAPART - 19/07/10
Commentaires
FF la fouine rampante et servile parmi les crotales,abaissant notre drapeau au Pacifique sur un domaine maritime de 7 millions de km2,sacrifiant notre base navale de Nouméa,donnant le nickel qui fait de la NC un territoire très riche avec un minerai stratégique,marié à une Anglaise,qui prône la rigueur pour les pauvres de notre peuple alors qu'il fait partie de la nomenklatura mondialosioniste mégariche!
Et dire qu'il y a encore une masse de crétins parmi les Français à le soutenir!
De la haute trahison tout simplement.
mam la sioniste avait vite réglé le compte de GUIGUE !
Le locataire élyséen est au Cap Nègre et le 1er adjoint a fait hisser le drapeau kanak !
@ tania: moi, je verrais plutôt flotter un autre drapeau blanc et bleu sur cet édifice!
Amitiés!