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Témoignage exclusif - Denis, policier à la BAC: "le flic est un sous-citoyen"

Les effectifs de la BAC Grenoble ont été mis en repos de force par le préfet alors que circule la rumeur d’un contrat sur leur tête © Fabrice ANTERION / MAXPPP

* INFO LEPOINT.FR GRENOBLE – Un contrat sur les policiers de la BAC

Denis est policier à la Brigade anticriminalité (BAC). Il fait partie des hommes envoyés en renfort à Grenoble où des policiers sont menacés de mort par des caïds de cité. Il a accepté de témoigner pour Le Point.fr sous couvert d’anonymat. Édifiant.

« ON SE COUCHE DEVANT LES CAÏDS »

« Nos collègues de Grenoble ont leur nom et prénom tagués sur les murs du quartier de la Villeneuve. Et la seule réponse du ministère, c’est de les mettre au repos ou de les muter. Je suis dans la BAC depuis 10 ans. Aujourd’hui, je suis écoeuré. Une fois encore, on se couche devant les caïds. On nous a donné l’ordre de ne plus patrouiller en civil, de remettre nos uniformes pour ne pas être identifiés comme un flic de la BAC. C’est désastreux pour l’image. Les petits caïds se disent dans leur tête que les flics ont peur, qu’ils reculent. Parmi les policiers exfiltrés, il y a un major à deux mois de la retraite avec 15 ans de BAC derrière lui. C’est la honte. »

 « DE LA CHAIR À CANON »

« On se fout de la gueule des flics, on nous prend pour de la chair à canon. Quand on pense que Sarko avait promis de karcheriser les cités ! La hiérarchie fait tout pour minimiser la gravité de la situation. Personne ne sait ce qu’est devenu l’agent de sécurité qui a failli prendre une balle. C’est l’omerta. Heureusement, l’info circule entre nous, via les portables. »

« GILETS PARE-BALLES PÉRIMÉS »

« Le 22 juillet, je me suis pointé au travail à midi. J’ai appris qu’à 16 heures je devais être à Grenoble pour une mission de neuf jours. Si tu refuses, t’es muté dans un service de merde. Alors, tu pars risquer ta peau pour 1.800 euros par mois. Mon métier, c’est de protéger les biens et les personnes. Pas de me faire tirer comme un lapin par un crevard de cité. Notre véhicule affiche plus de 100.000 kilomètres au compteur, à l’intérieur, le chauffage est bloqué. Voilà l’état de la police aujourd’hui, en tout cas de la sécurité publique, dont je fais partie. Rien ne fonctionne normalement, ni les voitures, ni les ordinateurs. Certains ont des gilets pare-balles périmés. Même nos brassards de police sont usés jusqu’à la corde, j’ai un collègue qui a été obligé de repasser au marqueur la lettre P du mot police. »

« CE N’EST PAS LES CAÏDS QUI VONT FAIRE LA LOI »

« J’entends certains dire il faut envoyer l’armée. Qu’on nous laisse agir, et ça ira très vite. Ce n’est pas une vingtaine de petits caïds qui vont faire la loi. Ces derniers jours, avec les renforts qui ont débarqué, les types se tiennent à carreau. Hormis quelques marioles qu’il faut savoir calmer. Hier, on est tombé sur un crevard de ce genre. Le type était au téléphone quand on s’est approché pour le contrôler. Je m’adresse à lui en le vouvoyant pour lui demander de mettre fin à sa conversation téléphonique, il me répond en me tutoyant : « Tu es qui toi pour me demander de m’arrêter de téléphoner. Personne ne me contrôle ici. » Il a pris direct deux pièces de cinq francs (des gifles). Après, il nous disait : « Bonjour, merci et au revoir. » Bien sûr que je me mets hors clous en agissant ainsi. Mais pourquoi devrait-on baisser la tête ? Si tous les flics agissaient ainsi, les problèmes seraient vite réglés. Pour moi, ça, ce n’est pas une bavure, c’est une démarche citoyenne. Il faut arrêter de verbaliser le citoyen lambda et s’attaquer aux caïds, aux dealers, aux braqueurs. Quand un jeune de 20 ans roule dans une X6 qui coûte 120.000 euros et qu’il ne travaille pas, c’est à lui qu’il faut confisquer la voiture sur le bord de la route. »

« SARKO NE SAIT PAS CE QUI SE PASSE »

« Il faut que la population sache que les policiers n’ont pas peur d’entrer dans les cités. Si nous n’y allons pas, c’est que nous avons ordre de ne pas y aller. Aujourd’hui, la hantise des autorités, c’est la bavure, l’émeute, l’embrasement. Mais à force de reculer, de renoncer, on arrive à des situations comme aujourd’hui. Un jour, on se réveille, c’est trop tard, c’est l’effet boomerang. Je ne crois pas que les conseillers de Sarko lui disent la vérité sur ce qui se passe. Il faudrait que tous ces délégués à la sécurité, préfets ou autres viennent tourner une nuit avec la BAC pour voir l’étendue des dégâts. On dit ici qu’un flic du Raid a eu dans la jumelle de son fusil un voyou perché sur un toit avec un lance-roquettes. Et qu’il n’aurait pas reçu l’ordre de tirer. Si j’avais été à sa place, j’aurais appuyé sur la détente. Et cela ne m’aurait pas empêché d’aller manger une pizza après. Est-ce qu’on attend qu’il pulvérise un fourgon de flics ? »

« LA PAROLE D’UN FLIC NE VAUT RIEN »

« Les flics vont se mettre à tirer. S’ils ne l’ont pas encore fait, c’est parce que la peur de perdre leur boulot est plus forte. Mais les flics en ont ras le bol. Après 15 ans de police, sans le moindre problème, je me suis retrouvé du jour au lendemain mis en garde à vue, perquisitionné à mon domicile parce qu’un crevard de cité, multirécidiviste, m’avait accusé de l’avoir agressé. Ce qui était faux. Mon service de nuit à peine terminé, je me suis retrouvé en garde à vue, puis mis en examen par le doyen des juges d’instruction. Pourtant, je suis un des flics les plus décorés de ma génération. Le doyen en question qui n’avait jamais mis les pieds dans un commissariat, ni même dans une voiture de flic m’expliquait comment il fallait que j’intervienne sur la voie publique. J’ai été suspendu durant neuf mois, privé de salaire. Je vivais avec 300 euros par mois. Si je ne suis pas mis une bastos dans la tête, c’est parce que mes proches m’ont soutenu. Au bout du compte, j’ai été relaxé par le tribunal. La parole d’un flic aujourd’hui ne vaut rien. Ni devant un jeune de cité, ni devant un juge, ni devant un élu. Le flic est un sous-citoyen. »

Source : Publié le 28/07/2010 à 14 :17 – Modifié le 28/07/2010 à 21 :42 Le Point.fr 402

NPI - 28/07/10

Commentaires

  • Souhaitons que tous les flics de France est la chance de lire ce texte capital. Tout y est dit, mais aussi que pour un peu même la police des polices pourrait en prendre plein la G.. de la part des flics qui font leur boulot.
    Qu'ils s'entendent entre eux pour agir hors des ordres reçus, mais suivant les circonstances et leurs jugements d'hommes de terrains, qu'ils apprennent à connaitre les faux-culs parmi eux, savoir se taire sur des actions efficaces non "légales". Ces hommes sont habitués aux techniques militaires et autres, alors ils savent ce qu'il faut faire pour être efficaces malgré la hiérarchie.
    Le seul problème dans ce texte, il croit que le "grand" ignore les problèmes, là il se trompe lourdement, "Talonnettes" sait ce qu'il en est, çà fait parie du plan pour annihiler notre pays.
    Ami Flic, formez des groupes et "embaucher" en douce des "Laïcs" (des civils) pour vous donner un coup de main.
    Si vous avez des armes non déclarées, donnez les à des personnes de confiance.

  • "Sarko ne sait pas ce qui se passe" les RG ça sert à quoi alors?

  • "Je ne crois pas que les conseillers de Sarko lui disent la vérité sur ce qui se passe. Il "

    C'est possible mais rien ne l' empêche de consulter FDS ou Gaelle Mann , sites où la réinformation est la règle .
    Il ne semble guère doté de bon sens et cela est gravissime .
    Rusé en politique , hypocrite et fourbe mais con comme un balai et pour tout dire peu intelligent ; en bref , le politicien moderne dans toute son horreur .

  • Il est bien temps de blablater sur la condition de certains "fonctionnaires". Une grande partie votent depuis quarante ans pour la gauche caviar ou pour la droite afin de pérenniser leurs carrières et beaucoup sont syndiqués auprès d'organisations douteuses. Une grande majorité de ces gens rackettent le peuple Français pour assurer leurs revenus et leurs retraites aulieu de s'occuper des crapules de l'invasion migratoire : police, impôts, justice, services sociaux etc. Plus de cinq millions de salariés payés par le petit peuple qui trime et qui trahissent leur pays et leur culture. Les seules grêves ou manifestations sont pour réclamer de meilleures "conditions de travail", le plus souvent une augmentation de salaire leur clouera le bec pendant une législature. Rien n'oblige tous ces salopards à verbaliser les Français pour des choses ridicules : stationnement payant, excès de vitesse mineurs et j'en passe.
    Combien ferment les yeux sur les millions de plaintes des Français qui ne supportent plus la sauvagerie, les vols, les dégradations, les agressions des boursiers - chances pour la France. Combien ont adopté le politiquement correct qui est une dissimulation calculée de la vérité ? La corruption des esprits, des âmes et des coeurs des protecteurs de la démoncrassie et de la ripouxblique par l'or du lobby !

  • Ce policier est très courageux (il l’a déjà prouvé dans un passé récent !). C’est un accablant témoignage contre nos politichiens qui se succèdent au pouvoir depuis 30 ans. Les policiers et autres militaires qui conservent un peu d’honneur et de bon sens devraient dès maintenant entamer des contacts avec des civiles pour commencer à organiser la résistance : on en aura besoin d’ici peu.
    A JLA : «les RG ça sert à quoi alors» : mais à rapporter les dernières déclaration de Le Pen, pour que le nabot le copie !

  • Cher abad, je trouve que Denis est très courageux, qu'il nous dit la vérité toute crue sur la hiérarchie qui les empêche de se défendre et de nous défendre!
    Cette hiérarchie est très souvent maçonnique dans la police! Quelle gangrène, cette FM! En cas de gangrène, il faut amputer! - Mais NS est sur le plateau de Woody Allen jusqu'à 4 heures du matin! Il surveille... Son souci principal doit être de ne pas être cocufié. Alors, les problèmes réels de la BAC, ils peuvent attendre!

  • A Philippe Maréchal : permettez-moi de cosigner votre commentaire que j’approuve à 100%.

  • @Philippe Marechal

    Votre analyse est juste, mais tous les policiers et gendarmes ne peuvent être classés dans un seul bloc, ils ont aussi de la famille, des enfants et sont inquiets pour l'avenir noir qui se profile.
    Il y a quelques années le Front National avait créé un nouveau syndicat de Police, au premier vote il avait eu 13 % des voix ce qui est énorme pour un début.
    La CGT et autre ont fait voter une loi pour annihiler cette puissance en devenir, de telle sorte que seuls les syndicats existant en fin de la dernière guerre avaient droit d'existence. Beau tour de passe-passe, grande malhonnêteté, mais personne n'a trouvé à redire dans les merdiats..la Malhonnêteté est leur mère nourricière.

  • En Amérique du Sud des "brigades de la mort " eliminaient les truands qui avaient trouvé grace devant la Justice . Si nos" Keuffs"en faisaient autant ,les truands chercheraient plutot à rester en prison

  • @ tramoni: vous avez entièrement raison.

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