Stuxnet, qui s'attaque à des programmes de gestion industrielle, a infecté au moins 30.000 ordinateurs en Iran mais sans faire de "dégâts sérieux", selon des responsables iraniens cités dimanche par la presse qui a évoqué une "guerre électronique".
Quelque 30.000 adresses IP -identifiant un ordinateur- infectées par Stuxnet ont été jusqu'à présent dénombrées en Iran, selon Mahmoud Liayi, responsable des technologies de l'information au ministère de l'Industrie.
Stuxnet, découvert en juin, recherche dans les ordinateurs qu'il infecte un programme de l'allemand Siemens servant au contrôle des oléoducs, des plate-formes pétrolières, des centrales électriques et d'autres installations industrielles.
Sa fonction serait d'entraîner la destruction physique des installations touchées, selon certains experts qui ont évoqué un "sabotage par informatique".
Stuxnet aurait principalement frappé l'Iran, mais aussi l'Inde, l'Indonésie ou le Pakistan, selon ces experts.
Le quotidien gouvernemental Iran Daily n'a pas hésité à évoquer une "guerre électronique de l'Occident contre l'Iran", citant des experts occidentaux qui ont mis en cause les Etats-Unis et Israël.
Les autorités ont mis en place un comité de crise réunissant des responsables de toutes les administrations concernées, et les industries sont en train de recevoir des systèmes destinés à combattre Stuxnet, a indiqué M. Liayi.
Il a souligné que l'Iran avait décidé de ne pas utiliser un antivirus élaboré par Siemens car "il pourrait être porteur d'une nouvelle version du virus", dont les autorités iraniennes auraient déjà dénombré cinq versions différentes, selon l'agence Fars.
Le ministre des Télécommunications et des technologies de l'information, Reza Taqipour, a affirmé de son côté qu'"aucun dommage sérieux à des systèmes industriels n'a été signalé dans le pays" du fait de Stuxnet.
Le virus n'a pas été capable non plus "de pénétrer ou de causer des dégâts sérieux dans l'appareil gouvernemental", a-t-il ajouté.
Un responsable de la centrale nucléaire de Bouchehr (sud), Mahmoud Jafari, a démenti dimanche que cette première centrale iranienne, qui doit entrer en service d'ici la fin de l'année, ait été affectée par Stuxnet comme certains experts occidentaux l'ont envisagé du fait d'un retard dans le chargement de son réacteur.
"Tous les programmes informatiques fonctionnent normalement, et n'ont pas été endommagés par Stuxnet", a-t-il assuré, ajoutant que le chargement du combustible "se déroule selon le calendrier prévu et ne présente aucun problème".
Siemens avait déjà affirmé vendredi que la centrale de Bouchehr, construite par la Russie, n'était pas équipée du logiciel infecté par Stuxnet.
Le programme nucléaire iranien est au coeur d'un conflit entre Téhéran et les Occidentaux, qui soupçonnent la République islamique, malgré ses dénégations, de chercher à se doter de l'arme atomique sous couvert d'activités civiles.
L'Iran est sous le coup de sanctions internationales sévères. Elles visent notamment les Gardiens de la révolution, l'armée idéologique du régime qui a pris un rôle croissant dans l'industrie ces dernières années, notamment dans les infrastructures, les télécommunications ou le pétrole.
AFP. 26/09/10