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"Le Front National et l'avenir de la France"

Avec Marine Le Pen, un changement radical de perspective s’est produit dans un parti, ou, plus précisément, dans un mouvement, qui portait brillamment l’esprit de protestation dans le jeu politique que d’aucuns auraient aimé transir. C’était sa force, aussi bien que sa limite, car le rôle d’éternel opposant au système, hier dévolu au Parti communiste, semblait ne constituer que son unique répertoire.

Or, avec un soin méticuleux, par petites touches dosées, Marine Le Pen a réussi à imposer sa petite musique, et à persuader qu’il était désormais possible d’accéder aux postes de responsabilité. L’éventualité d’alliances idoines, (l’exercice solitaire du pouvoir étant improbable et irraisonnable), est laissée dans un flou artistique, non à cause d’un trop plein de virtualité, mais parce que le système s’arc-boute dans un refus rigide d’initier un autre projet qui ne soit pas lesté par l’hypothèque mondialiste, et, à terme, par l’émergence d’un gouvernement transnational. Ce programme a déjà commencé à s’appliquer sous nos yeux, et nous ne sommes peut-être pas loin de l’achèvement, du moins en ce qui concerne ce que l’on est tenu d’appeler l’ « Occident », d’un processus d’intégration qui a débuté en 1945, peut-être avant, et qui, probablement, visera à la fusion planétaire totale, totalitaire.

C’est dire que le Front national ne peut vivre et exister, c’est-à-dire agir, que dans une stratégie révolutionnaire. L’invocation du passé, pour sympathique qu’il soit pour des patriotes, ne saurait tenir lieu de programme, si tant est d’ailleurs que ce passé ait encore accès aux consciences de nos contemporains. Au fond, les Grecs du 19e siècle ignoraient dans le détail les exploits de leurs grands Ancêtres de l’Antiquité, ce qui ne les a pas empêchés de se défaire du joug ottoman. En lisant Makriyannis ou Kazantzakis, on ne doute pas de leur énergie à se libérer. La capacité d’un peuple à s’afficher sur le théâtre de l’Histoire tient plus à vertu, comme disaient les Romains, à son caractère, à son impétuosité, à sa générosité, à sa capacité à agir, par delà le Bien et le Mal, plutôt que dans ses connaissances livresques, qui peuvent le paralyser. Ou, plutôt, sa mémoire, nécessairement partielle, partiale, subjective, mythique, erronée d’un point de vue scientifique, lui sera un levier pour soulever le monde, pour peu qu’il en ait la volonté et le courage.

On voit par là que le champ exigu de la lice électorale paraît singulièrement inadapté à la gigantomachie que suppose le combat historique. Les enjeux actuels font déjà pâle figure en regard de la guerre idéologique des années trente du 20e siècle. A peine si l’on parvient à délimiter le sérieux du grotesque. L’analogie avec les guignols n’est pas sans fondement.

Si l’on veut donc saisir l’enjeu politique du moment, il faut sonder ce que, par habitude, on continue à appeler le « peuple ». Il va sans dire qu’aucune « révolution » ne saurait se faire sans lui. Car la caste au pouvoir, pour illégitime qu'elle soit (car elle joue à la démocratie comme au poker menteur), ne parvient à se maintenir que par la force d'inertie que produit un corps lancé dans le vide, qu'aucune résistance ne vient contrarier. Autrement dit, il n'existe pas de peuple. L'hypothétique majorité dite "silencieuse" (comment savoir si elle existe, puisqu'elle est silencieuse ?) ne risque pas de casser bien des briques si un succès électoral du mouvement national advient. Si son projet politique est celui de cette crapule sanglante de Thiers, à savoir l'avachissement bourgeois et l'humiliation nationale (plutôt les Prussiens que les Communards), alors on est dans de beaux draps. Céline a dit bien des choses, sur la décrépitude des Français de l'Occupation, et la stupidité cacochyme du Maréchal. Personnellement, je préfère le Sturm und Drang napoléonien que le "Noir" de la Restauration, qui est le règne de l'argent et d’un clergé avide de consensus capitulard. Le sang français est bouillant, et la propriété privée, c'est bien, mais la victoire sur un champ de bataille, c'est comme entre les cuisses d'une femme. Je laisse la paix du foyer aux assoupis de la télé. Robespierre était un sale type, d'accord, un avocat bavard et sanguinaire, mais je préfère un mec qui met sa tête en jeu qu'une masse de larves qui couinent quand on les presse un peu. L'amour des intérêts mesquins n'appartient pas à ma France.

Prenons de la hauteur. Intuitivement, pour autant qu’on soit sensible aux destinées des nations, il est possible de déchiffrer le moment, comme on flaire le temps qu’il va faire, si l’on a de l’expérience. Ou bien, si l’on veut, l’évidence s’impose, si l’on se réveille à l’aube, à midi, ou à minuit. Le doute survient cependant si l’on se situe dans ces zones intermédiaires que sont le milieu du matin, ou de l’après-midi. On se demande si l’on est dans la phase ascendante de la journée, ou dans sa phase descendante. Quant à la nuit, elle s’impose cruellement aux regards, et le seul espoir est d’avoir dépassé son acmé.

Tocqueville, analysant la société future par le truchement des Etats Unis d’Amérique, notait la fatalité du cours historique, qui condamnait la civilisation aristocratique du passé, pour donner naissance à une société de masse, niveleuse, individualiste et conformiste, matérialiste et obtuse. Il en prenait note, et conseillait à l’élite de se plier aux nécessités des temps. C’était là chevaucher le tigre.

Que vaut notre époque, qui est la poursuite de cette évolution "démocratique", qu’avait si bien étudiée Tocqueville ? Le mal a cru, s’est approfondi, a touché les zones vitales de la personne et de la communauté. Les seuls combats qui drainent encore quelque foule touchent aux intérêts égoïstes, narcissiques, aux aménagements d’une modernité qui bouleverse les stabilités les plus élémentaires, qui anéantit les liens sociaux les plus indispensables. Les recherches scientifiques, l’arraisonnement techniciste de la nature, la marchandisation de l’économie, la « libération » des mœurs, se conjuguent pour réduire l’humanité, et même la communauté des vivants, à un simple processus biochimique qui se dévore lui-même pour laisser place au néant.

C’est avec cette pâte là qu’il faut désormais faire de la politique.

Pour ne parler que de la France, elle ne s’est jamais relevée des saignées napoléoniennes. Elle avait vocation à l’Empire européen, dans la lignée des ancêtres romains, mais l’Europe en a décidé autrement. Le peuple français a opté pour l’effondrement démographique. La France, en 1800, valait en effet, en population, la moitié civilisée du continent. Que sommes-nous maintenant ? Sans jeunes, on ne peut faire de révolution. Les seuls que les médias (qui sont le seul et unique parti politique qui vaille dans le pays) évoquent sont les « jeunes » des cités, issus de l’immigration. Il ne faudrait pas pour autant exagérer la distance de ces « jeunes » avec ceux de « souche ». Ils sont pareillement imprégnés de sous-culture américaine, obsédés par le consumérisme, les expédients de toute sorte, imbibés de télévision, ignorant du passé et de la culture véritable, recroquevillés par des angoisses contemporaines, une peur de vivre qui les rapprochent de fait des vieillards. Les quelques occasions de manifestations, violentes ou non, qui les ont fait sortir du canapé, concernent des événements dits « culturels », comme les techno parades ou les fêtes de la musiques, ou relèvent du pur conditionnement idéologique et de la manipulation, comme les protestations contre le « fascisme » et le « racisme ».

Autrement dit, ce qui fait un peuple leur manque terriblement, à savoir la conscience claire de leurs intérêts historiques. Les aïeux, qui suivaient les communistes ou les fascistes, détenaient, par rapport à eux, une culture politique sans équivalent, nonobstant leurs « erreurs ».

Comment donc envisager un programme quand on se réveille aux alentours de minuit ? Comment se lever et marcher vers l’aube ? Avec qui ? Et cette pérégrination nocturne représente-t-elle le véritable pèlerinage vers notre but sacré ? Où est donc le souffle des glorieux sentiers, lorsqu’on avance à tâtons ? Quand on gravit un éboulement de gravillons, bouger ne fait-il pas reculer ?
Claude Bourrinet
VOXNR.com  - Le site des résistants au nouvel ordre mondial - 27/09/10

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