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Assises - Drame de Berrwiller: Abdelkader Gridda condamné à vingt ans de réclusion

La Cour d'assises du Haut-Rhin a condamné jeudi à vingt ans de réclusion criminelle, dont treize de sûreté, Abdelkader Gridda, jugé pour avoir tué une personne et en avoir blessé quinze autres en fonçant délibérément dans la foule en voiture lors d'une fête à Berrwiller le 30 juin 2007.

Les jurés ont reconnu M. Gridda coupable du meurtre de Benoît Prost, 22 ans, et de quinze tentatives de meurtre. Ils sont allés au-delà des réquisitions de l'avocat général Pascal Schultz, qui avait demandé une peine de 16 à 18 ans de réclusion, assortie d'une période de sûreté des deux-tiers.

Selon l'accusation, M. Gridda, furieux d'avoir été expulsé à plusieurs reprises de la fête «Humpafascht» de Berrwiller (Haut-Rhin), saoul et sous l'emprise du cannabis, avait foncé dans la foule pour se venger.

Le verdict a été accueilli par les applaudissements d'une partie de la salle, aussitôt rappelée à l'ordre par le président de la cour Bernard Meyer. Certains membres de l'assistance avaient revêtu un T-shirt noir avec sur la poitrine la photographie du défunt.

Le père de celui-ci, Fabrice Prost, a salué une décision «tout à fait juste».

La famille de l'accusé, âgé de 25 ans, s'est effondrée en larmes, tandis que certains de ses amis de Bourtzwiller, ville de la banlieue de Mulhouse où il vivait, ont dénoncé un jugement partial. Les avocates de M. Gridda, Mes Delphine Gilbert et Christine Laissue-Stavropodis, bâtonnier de Colmar, qui avaient plaidé la requalification des faits en violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, ont annoncé leur intention de faire appel.

«La cour a retenu l'intention homicide. Pour nous les doutes sont encore présents. La cour d'assises n'a pas retenu cette règle fondamentale selon laquelle le doute profite normalement à l'accusé», a déclaré à la presse Me Gilbert.

«Les deux derniers jours ont été consacrés aux victimes. Je pense que ce verdict est la résultante directe de ce poids de l'émotion et de l'opinion publique», a estimé Me Laissue-Stavropodis.

La matinée de ce sixième jour d'audience avait été consacrée aux plaidoiries de l'avocat général et de la défense.

Pascal Schultz s'était attaché à démontrer la volonté homicide de M. Gridda.

«Il a percuté deux groupes de personnes. Un premier groupe, de six personnes, les plus gravement blessées. On aurait pu penser que cela suffisait. Mais il en percute trois encore, vingt-cinq ou trente mètres plus loin», a décrit l'avocat général.

La vitesse du véhicule de M. Gridda au moment où il percute la foule «caractérise la volonté de tuer», a ajouté M. Schultz. «Il passe la première, la seconde, arrive à 50, 60 km/h droit sur les personnes qui se trouvent sur la chaussée, à aucun moment il ne freine», a-t-il accusé.

Pour Me Gilbert au contraire, s'«il est exact que Gridda est allé vers la foule en sachant qu'elle se trouvait sur la route», il n'était selon elle «pas conscient des conséquences de ses actes».

Gridda pourrait selon l'avocate avoir agi, comme il l'a expliqué à l'instruction et à l'audience, sous l'effet de la panique, après voir reçu un projectile dans son pare-brise.

Me Laissue s'était auparavant attachée à montrer qu'Abdelkader Gridda, malgré son acte «incompréhensible», «était un homme parmi les hommes». «Malgré ses errances c'était un jeune homme travailleur apprécié de ses employeurs et collègues», a-t-elle dit.

L'Alsace - 04/11/10

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