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Karachi: le juge van Ruymbeke à nouveau confronté à la raison d'Etat et aux politiques

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Renaud van Ruymbeke - (Cliquez sur la photo)

Désigné à la rentrée pour enquêter sur un volet financier de l'affaire, le juge décide d'entendre rapidement des politiques, comme l'ancien ministre de la Défense Charles Millon ou l'ancien ministre de la Culture Renaud Donnedieu de Vabres, en poste au cabinet du ministre de la Défense François Léotard au moment du contrat de vente de sous-marins signé en 1994 avec le Pakistan.

Le retentissement politique est immédiat: devant le juge, Charles Millon a exprimé le 15 novembre son "intime conviction" de l'existence de rétrocommissions en marge de ce contrat, sans nommer les bénéficiaires, sur lequel Jacques Chirac avait demandé des vérifications en 1995.

Dans la foulée, Dominique de Villepin, alors secrétaire général de l'Elysée, propose de venir s'expliquer dans le bureau du juge dès cette semaine sur ce qu'il savait de ce contrat.

Renaud van Ruymbeke se retrouve aussi, comme son homologue antiterroriste Marc Trévidic, chargé de l'enquête sur l'attentat de Karachi, confronté au "secret-défense".

Le Premier ministre, François Fillon, a opposé ce secret à sa demande de perquisitionner le siège de la DGSE où il entendait chercher la trace d'éventuelles écoutes d'anciens membres du cabinet de François Léotard.

Le secret-défense lui avait déjà été opposé, cette fois par Bercy, dans l'affaire des frégates de Taïwan, où il suspectait des rétrocommissions en France sur la vente de ces navires en 1991. Il avait dû se résigner à conclure par un non-lieu.

Le juge dit n'être "pas contre, par principe, l'existence de documents classifiés" s'il s'agit de préserver des intérêts vitaux ou la sécurité du pays mais ce secret "ne doit pas servir à couvrir des opérations de corruption", dit-il dans sa biographie écrite en 2007 par le journaliste Fabrice Lhomme.

Dans ses relations avec le pouvoir, Renaud van Ruymbeke reste sur un contentieux avec Nicolas Sarkozy né de l'affaire Clearstream.

Dans un livre sorti en juillet 2006 (Témoignage), le président avait critiqué l'enquête du juge sur de supposés comptes occultes chez Clearstream, qui n'ont jamais existé.

"Heureusement que le juge van Ruymbeke a la réputation d'être compétent. Qu'est-ce-que cela aurait été sinon?", a ironisé Nicolas Sarkozy en se plaignant de ne pas avoir été informé pendant dix-neuf mois des initiatives du magistrat.

"M. Sarkozy pratique le discours paradoxal. Quoi qu'on fasse, on a toujours tort. Il semble regretter que je ne l'aie pas interrogé. Mais si je l'avais convoqué, que n'aurait-on dit! J'ai préféré la discrétion", explique le magistrat dans la biographie de Fabrice Lhomme.

L'affaire Clearstream a valu à M. van Ruymbeke des poursuites devant le Conseil supérieur de la magistrature, mais il fut aussi appelé à témoigner au procès où M. de Villepin figurait parmi les prévenus.

Dans les années 90, le juge avait repris l'instruction des affaires Urba-Sages et Trager sur le financement occulte du PS, après le dessaisissement du juge Thierry Jean-Pierre. Plusieurs responsables PS furent inculpés et l'ex-trésorier Henri Emmanuelli condamné.

Son baptême du feu dans ses relations avec le pouvoir remonte à l'affaire Boulin du nom du ministre du Travail de Valéry Giscard d'Estaing, Robert Boulin, alors mêlé à l'achat suspect d'un terrain à Ramatuelle (Var) sur lequel enquêtait le juge.

AFP. 23/11/10

Commentaires

  • Dans le répertoire des mots magiques, il y a le "Secret Défense", le truc à tout faire, surtout ...passer les pilules .
    C'est une belle inversion pour éviter de dire :" Défense du Secret", oui mais pour quoi ? pour Qui ?
    Honoré de Balzac, avec pertinence, disait : "Il y a deux Histoires, l'Histoire Officielle (ad usum Delphinum), et l'Histoire secrète, ...une Histoire Honteuse ".
    Quid réellement du Secret Défense ?

  • Article intéressant, non pour les informations sur les affaires, car elles n’aboutiront pas, mais sur les noms de ces crabes qui s’entre-dévorent.
    TOUS POURRIS !
    PS : il ne suffit pas de constater qu’ils sont tous pourris, mais il faut exiger leur destitution, annuler les élections qui les ont portés au pouvoir grâce à leur trafic d’influence et leur trucage électoral, et pour escroqueries, vols, assassinats, etc…

  • Cher abad, même si ces affaires n'aboutissent pas, il faut maintenir la pression, et ne pas lâcher prise. Sarkozy essaie de désamorcer les "polémiques", mais ce n'est pas si facile... Les faits sont têtus. Selon moi, il faut en parler, citer les noms, montrer les arcanes de ces affaires répugnantes, où le sang et le fric se mêlent avec impudence!
    Et on nous bassine avec la Démocratie et toutes ces balivernes!

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