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Des experts avaient averti du danger du Mediator dès 1999

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INFO LE FIGARO - Un rapport réalisé par des experts italiens, à la demande de l'Agence européenne du médicament, montre, sans ambiguïté, la similitude entre l'Isoméride, interdite en 1997, et le Mediator resté sur le marché jusqu'en 2009.

Le Figaro s'est procuré un rapport daté d'octobre 1999 émanant d'experts européens qui mettaient déjà en cause le Mediator. «Il existe des suspicions que les patients traités au benfluorex (la molécule du Mediator, NDLR) sont exposés à un niveau potentiellement toxique de norfenfluramine», notaient les Dr Giuseppe Pimpinella et Renato Bertini Malgarini, des experts italiens sollicités par l'Agence européenne du médicament. Les laboratoires Servier et l'Agence française de sécurité sanitaire des porduits de santé (Afssap) ne réagiront pas.

Pourtant à l'époque, la norfenfluramine (la substance circulant dans le corps après absorption, substance commune au Mediator et à l'Isoméride, NDLR) est fortement suspectée d'être responsable des hypertensions artérielles pulmonaire, une maladie particulièrement lourde nécessitant parfois une greffe de poumons ainsi que des atteintes des valves cardiaques. Cette suspicion sera confirmée en 2000 avec la publication d'un article scientifique dans la revue américaine Circulation.

 

Conclusions sans appel

 

En 1997, l'Isoméride (un autre produit de Servier) est d'ailleurs retiré du marché mondial après la découverte d'hypertensions artérielles pulmonaires attribuées à la présence de norfenfluramine.

Les experts italiens soulignent dans ce rapport qu'il y a autant de norfenfluramine dans trois comprimés de Mediator que dans deux comprimés d'Isoméride (la posologie quotidienne pour ces médicaments). Pour sa part, le Mediator, molécule cousine de l'Isoméride elle aussi responsable des mêmes effets indésirables, ne sera retiré du marché français qu'en novembre 2009.

Servier a toujours soutenu que l'Isoméride et le Mediator étaient deux médicaments chimiquement différents. Encore récemment, dans une lettre datée du 3 décembre 2010 et adressée aux médecins, le Dr Denys Schutz, directeur général de Servier-Biopharma écrit que «les principes actifs de Mediator et d'Isoméride sont différents, tant en termes de structures chimiques que d'effets biologiques (...) ou en termes de métabolisme». Une observation qu'un spécialiste reconnu en pharmacologie n'hésite pas à qualifier de «désinformation». «Les molécules sont certes différentes, mais elles appartiennent à la même famille et donnent le même métabolite toxique , la norfenfluramine», explique-t-il.

Le rapport des experts italiens va dans le sens de ce que dit ce pharmacologue. Et exactement le contraire de ce qu'écrit le DG de Servier-Biopharma. Fin 1998, l'Agence européenne qui a progressivement retiré les anorexigènes du marché, s'intéresse aux molécules parentes et a confié aux agences françaises et italiennes une enquête sur le Mediator. Ce sont les pharmacologues italiens qui en ont en charge le volet métabolique. Et leurs conclusions sont sans appel.

 

Une liste de questions

 

Pour résumer, ces experts estiment que le Mediator comporte des risques pour la santé des patients. Ils relèvent aussi que l'activité thérapeutique du Mediator pour les obèses diabétiques de type II (non insulino-dépendants) est moins efficace que la metformine un autre antidiabétique de référence... Les experts italiens transmettent une liste de questions au laboratoire. Qu'a-t-il répondu? Quelles ont été les suites?

On sait que l'Italie retirera le Mediator du marché en 2004. En France, ni l'Afssaps ni Servier ne demanderont le retrait du médicament. Or un laboratoire a la possibilité de décider de lui même une suspension de commercialisation. Ce fut le cas avec le Thelin, commercialisé en Europe, en Australie et au Canada par Pfizer. Ce médicament contre l'hypertension artérielle pulmonaire a été retiré du marché mondial, par le laboratoire le 10 décembre dernier en raison de risque de lésion au foie «potentiellement mortel». Connaissant la similitude entre l'Isoméride et le Mediator, Servier aurait pu demander le retrait de son médicament... dès 1999.

Le Figaro - 22/12/10

Commentaires

  • Et on va voir ce qu’on va voir, maintenant que le nabot exige que toute la transparence soit faite sur ce scandale de santé publique.
    Au fait qui étaient au pouvoir et responsables de la santé entre 1999 et 2009 ?

  • Cher abad, je ne sais plus qui étaient alors les responsables.
    Mais peut-être qu'un visiteur du blog nous le dira. Merci d'avance.

  • le lobby pharmaceutique et consorts est un véritable commerce!!
    et l,humanité qu,un immense vivier de cobayes!!
    salutations.

  • et un rapport accablant qui parait aujourd'hui, encore un... au moins, l'affaire Mediator aura permis de lancer une refonte du système de contrôle des médicaments... Qui aurait dû intervenir il y a vingt ans, malheureusement pour les victimes.

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