Marine Le Pen a remporté le scrutin interne au Front national face à Bruno Gollnisch et va succéder à son père, Jean-Marie Le Pen, à la tête du parti, a déclaré vendredi soir à l'AFP un haut responsable du mouvement à l'issue du dépouillement.
Le dépouillement a eu lieu vendredi dans un lieu tenu secret en région parisienne, sous contrôle d'huissiers et en présence de représentants des candidats. Le score n'a pas été détaillé par le haut responsable du Front national joint par l'AFP, qui a requis l'anonymat.
Selon le blog du Monde.fr "droites-extrêmes", qui cite des sources internes au FN, "environ 2/3 des voix se sont portées sur la fille de Jean-Marie Le Pen contre 1/3 à son concurrent".
Le parti avait prévu de garder secret le résultat jusqu'à dimanche matin, au deuxième jour du XIVe congrès de Tours.
Agée de 42 ans, vice-présidente du parti et députée européenne, la chef du file du mouvement dans le Nord-Pas-de-Calais faisait figure de grande favorite pour ce scrutin après plusieurs mois de campagne interne dans toute la France.
L'élue d'Hénin-Beaumont devrait désormais mettre le cap sur la présidentielle de 2012, où les sondages la placent en troisième position derrière le PS et l'UMP, mais où elle ambitionne de figurer au second tour, comme son père dix ans plus tôt.
C'est la première fois que les adhérents -- 23 à 24.000 selon le FN -- étaient appelés à un vote en bonne et due forme pour élire leur chef. Jusque-là, Jean-Marie Le Pen était toujours reconduit par "acclamation" lors des congrès.
Née en 1968 à Neuilly-sur-Seine, Marine Le Pen est la troisième fille de Jean-Marie Le Pen. Candidate pour la première fois en 1993 aux législatives (Paris), elle avait pris la tête du service juridique du parti en 1998, en pleine scission avec Bruno Mégret, dont un certain nombre de partisans ont rejoint son plus proche entourage.
Ses premières apparitions devant le grand public remontent à l'élection présidentielle de 2002, quand son père s'était qualifié pour le second tour devant Lionel Jospin.
Elle avait tenté de s'implanter en Ile-de-France puis a fini par se construire un bastion dans le Nord-Pas-de-Calais, où les scores du FN rivalisent avec ceux de l'UMP.
Parmi ses lignes stratégiques, Marine Le Pen veut normaliser l'image de son parti pour élargir son électorat et peser davantage, voire, comme elle l'affirme régulièrement, "conquérir le pouvoir".
L'élue d'Hénin-Beaumont ne renie aucun des fondamentaux frontistes, comme la "préférence nationale", qui réserverait toute une série d'avantages sociaux aux Français, le retour de la peine de mort ou la sortie de l'euro et de l'Union européenne. Mais elle adopte un registre beaucoup plus social que l'ancienne tendance libérale du FN et fait souvent appel aux "valeurs de la République" ou à la laïcité dans ses interventions, en rupture avec la tendance contre-révolutionnaire de l'extrême droite.
AFP. 15/01/11