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Marseille: à 7 ans, la petite Comorienne était l'esclave de sa tante

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L'immeuble du centre ville où elle vivait

Elle n'a dû son salut qu'à un sursaut familial. À une intervention de la plus jeune soeur de sa mère, qui s'est aperçue de la gravité de la situation. Quand le calvaire d'Amina (*) a pris fin, il y a quelques semaines, cela faisait trois ans qu'elle vivait comme une esclave au domicile de son oncle et de sa tante. Un couple d'une soixantaine d'années et leur fille de 34 ans qui se comportaient comme des Thénardier, en plein coeur de Marseille. Amina avait débarqué en ville en 2007, en provenance des Comores, le coeur déjà très lourd. À 7 ans, elle avait dû se résoudre à se séparer de sa mère, restée au pays. Sa tante avait accepté de l'accueillir dans son foyer marseillais. Malgré l'inconnu et son jeune âge, elle avait obéi à sa maman, qui lui avait si bien parlé de la France, où elle pourrait aller à l'école, se construire un avenir radieux.

Ses illusions se sont vite envolées. À peine était-elle installée dans l'appartement de la rue de la Grande-Armée (1er ) que la petite fille s'est retrouvée plongée dans un univers de brimades, de soumission et de tâches ménagères forcées. "Elle devait se lever à 5 heures tous les matins, déplorait l'un des enquêteurs. Une fois debout, c'était ménage et repassage. Si elle osait refuser, elle recevait des coups de livres sur la tête. En 2008, elle aurait aussi été brûlée avec un fer à repasser. La nuit, elle dormait à même le sol, sur un vieux matelas."

Un emploi du temps à peine imaginable que la fillette va pourtant supporter pendant trois ans. Comment sa mère a-t-elle pu ignorer aussi longtemps les sévices que sa fille endurait ? L'instruction judiciaire ouverte depuis vendredi devra notamment préciser la façon dont l'oncle et la tante ont réussi à conditionner la petite Amina afin qu'elle ne répète rien à ses proches. À l'école, où elle se rendait seulement après avoir achevé l'intégralité de sa tâche de petite femme de ménage, ni son institutrice, ni le personnel n'ont décelé le moindre signe permettant de faire cesser le calvaire.

C'est finalement sa deuxième tante, domiciliée dans un autre quartier, qui a pu lever le voile sur les agissements de sa propre soeur et de son mari. Indignée, elle a déposé plainte et la brigade des mineurs de la Sûreté départementale a été saisie du dossier. Les trois suspects, interrogés jeudi dernier, n'ont nié qu'une partie des charges pesant sur eux. Ils ont été mis en examen pour violences volontaires par personne ayant autorité et placés sous contrôle judiciaire. Depuis, Amina vit chez sa jeune tante. Sa mère devrait bientôt la récupérer.

* prénom modifié

La Provence - 23/01/11

 

 

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