Manlio Dinucci - Il Manifesto
Faisant référence aux rebelles libyens qui se battent contre Kadhafi, le porte-parole de la Maison Blanche Jay Carney a déclaré : « La possibilité de les armer, de leur fournir des armes, est une des options que nous sommes en train de considérer ». Mais, a-t-il ajouté, si nous choisissons cette option nous devons être « bien informés » et conscients de « ce que nous essayons de réaliser ».
Washington -explique le New York Times- est très attentif à ne pas jeter des armes dans un conflit qui implique « des groupes sur lesquels l’intelligence est limitée ». Il serait « prématuré », a dit Carney ironiquement, d’« envoyer une cargaison d’armes à une boîte postale en Libye ». De ce fait, « nous sommes en train d’utiliser de nombreux canaux pour contacter des groupes et individus de l’opposition, pour en savoir plus sur les objectifs qu’ils poursuivent, sur ce qu’ils veulent ».
En d’autres termes : les différents groupes qui participent à la rébellion sont soumis à une sorte d’examen par des agents de la Cia et des fonctionnaires étasuniens, évidemment déjà au travail en Libye. Ceci est confirmé indirectement par Mustapha Abd al Jalil (ex-ministre de la justice de Kadhafi, aujourd’hui président de l’organe politique des rebelles), qui a parlé de contacts avec des représentants étasuniens. Le but de l’examen est d’établir quels rebelles sont fiables et lesquels ne le sont pas. Le résultat, si les rebelles arrivaient à renverser Kadhafi ou si c’est l’OTAN qui le fait, étant que les groupes que Washington considère fiables auront le pouvoir en main avec la force des armes et de l’entraînement reçus du Pentagone.
A Washington, confirme le New York Times, on est en train de considérer l’option non seulement d’armer les rebelles (ceux qui auront réussi l’examen de la Cia), mais aussi de les entraîner et de leur fournir de l’intelligence, c’est-à-dire des informations sur les objectifs à frapper. Une autre option prise en considération est celle d’ « infiltrer de petites équipes des Forces pour les opérations spéciales, pour assister les rebelles comme ça a été fait en Afghanistan pour renverser les Talibans ».
Ces équipes sont spécialisées dans l’entraînement de groupes rebelles, de façon à « les transformer en une nuit en combattants plus efficients, en leur fournissant quelques connaissances de base, des équipements et un leadership ».
Dans ce contexte, un rôle important est joué par les bases étasuniennes de Camp Darby, entre Pise et Livourne, et de Sigonella en Sicile. La première a été activée pour l’envoi de « aides humanitaires de l’US Aid », officiellement destinées aux réfugiés à la frontière entre la Tunisie et la Libye. Les matériaux sont transportés par le 3ème Bataillon de la 405ème Brigade à l’aéroport militaire (italien, NdT) de Pise, où ils sont chargés sur des C-130J arrivés de la base de Ramstein en Allemagne.
Notre position, dit le commandant de la brigade (étasunienne, NdT), nous offre « des capacités logistiques uniques puisque notre dépôt est à 30 minutes de l’aéroport (italien, NdT) de Pise », celui-là même où se trouvera le Hub militaire national (italien, NdT) qui va être mis à disposition aussi de Camp Darby. Comme c’est Camp Darby qui se charge d‘envoyer dans d’autres pays des armes et des « donations » de l’US Aid, personne ne peut savoir ce qu’il y a dans les paquets cadeau qui arrivent à la frontière des zones libyennes contrôlées par les rebelles.
Au même moment a été activée la base aéronavale de Sigonella, d’où partent d’autres avions, les KC-130 des marines, toujours pour apporter des « aides humanitaires ». Mais, détail non négligeable, c’est de Sigonella qu’opère une force spéciale étasunienne pour des missions secrètes en Afrique, et d’où partent les vols des avions-espions Global Hawks. Les « faucons global » qui tournoient déjà sur la Libye, non pas pour y apporter la démocratie, mais pour amener la Libye et sa richesse énergétique sous la domination des Etats-Unis /OTAN.
Edition de mercredi 9 mars 2011 de il manifesto
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio
Oulala.net
Commentaires
Cela confirme que l’USraël cherche bien à contrôler ces émeutes dans les pays arabes, et que la satisfaction qu’il affiche sous le prétexte d’une liberté nouvelle, c’est de la poudre aux yeux ! Et c’est le MOSSAD qui va choisir les « rebelles » qu’il va armer.
Cher abad, j'ai trouvé cet article très intéressant, et "déniaisant" pour ceux qui croient angéliquement que les révolutions sont spontanées! On sait qui est derrière elles!
Camp Darby, en Italie! Combien connaissent-ils son existence? - merci à cet excellent journaliste!
On voit les fricocages de BHL et consorts!