A l’heure où nous écrivons ces lignes, des avions multirôle Rafale de la Base aérienne de Saint-Dizier en Haute-Marne, seraient en opérations au-dessus du sol libyen pour des missions de reconnaissance offensive, des missions qui s’apparentent à des « show-off force », des démonstrations de force. Or, il faut se souvenir qu’en juillet 2010, soit huit mois plus tôt, Français et Libyens négociaient plusieurs contrats d’armement, dont l’avion français… Rafale de Dassault Aviation (appareil que Sarkozy n’a jamais réussi à vendre à l’étranger).
« Et si la Libye était finalement la divine surprise de l’été pour l’industrie aéronautique militaire française à la recherche d’un bol d’oxygène en raison des futures coupes budgétaires ? Même s’il est encore trop tôt pour vendre la peau de l’ours pour l’équipe France, les industriels Dassault Aviation, Thales et MBDA sont à Tripoli depuis environ deux semaines pour négocier plusieurs contrats de défense aérienne, dont celui sur le Rafale (soit une première tranche de 14 avions de combat armés notamment de missiles Mica), selon plusieurs sources concordantes. Outre le Rafale, Thales négocierait un système de défense anti-aérienne non armé (radars et communication). Par ailleurs, le chantier naval français CMN, détenu par l’homme d’affaires franco-libanais Iskandar Safa, discuterait d’une modernisation de la Marine libyenne.
C‘est le chef d’état-major particulier de Nicolas Sarkozy, Benoît Puga, à la tête d’une délégation, qui avait organisé une mission pour relancer les négociations avec les Libyens. Et les industriels (Dassault, Thales et MBDA) sont finalement restés sur place pour poursuivre les discussions techniques avec le patron des achats d’armement libyen, le général Abdurrahman Ali Alsead, un proche du Guide et seul habilité à traiter des contrats d’armement. Cette brutale accélération des négociations pourrait déboucher, selon certains, sur la signature d’un contrat avant le début de la période du ramadan, qui commence le 11 août. Mais la plupart des sources contactées par « La Tribune » soulignent le calendrier complètement « imprévisible » d’une telle décision en Libye. « Les discussions avancent bien, mais pour dire quand nous allons signer, il faudrait pouvoir lire dans le marc de café », souligne un industriel. « De toute façon, le Colonel Kadhafi a promis à la France d’acheter le Rafale », rappelle un très bon connaisseur de la Libye. En clair, les industriels s’en remettent au bon vieux Inch’Allah arabe ( »Si Dieu le veut « ).
La balle chez les Émiriens
Le Rafale est aussi en piste aux Émirats arabes unis et au Brésil avec plus ou moins de bonheur. Les industriels français, qui ont remis leur proposition il y a une quinzaine de jours, tablaient encore récemment sur la fin des négociations avec Abu Dhabi avant le début du ramadan. Ils visent aujourd’hui la fin septembre, début octobre. « Nous avons fourni tout ce qu’ils demandaient et nous sommes en train de converger », explique-t-on à ‘La Tribune’ » La balle est aujourd’hui dans le camp émirien. Enfin, au Brésil, il semble de plus en plus probable qu’il n’y aura pas d’annonce avant l’élection présidentielle du 3 octobre, la candidate du Parti des travailleurs Dilma Rousseff ne voulant pas voir sa campagne polluée par le Rafale. »
Au final c’est la Russie qui a emporté le contrat de près de 2 milliards de dollars et la France n’a rien eu. Selon les médias russes, Moscou devait fournir à Tripoli des chasseurs Su-35S (Su-27BM2) et le système sol-air S-300PMU-2. Selon Rosoboronexport, les deux pays ont conclu cinq contrats militaires portant notamment sur la fourniture d’équipements militaires à l’armée de terre et à la marine libyennes, la modernisation des chars T-72 et la fourniture de pièces de rechange.
Huit mois plus tard, comme par grand hasard, Kadhafi est bombardé...