Hier, sur le bureau de Nicolas Sarkozy était posé en évidence « Le Nom de la rose » en version poche. La semaine dernière, un de ses visiteurs l’avait aperçu dévorant le roman d’Umberto Eco sur la terrasse de l’Elysée, lunettes de soleil sur le nez. Depuis son mariage avec Carla, le président est boulimique de lecture.
« J’ai du retard à rattraper », avoue-t-il. Ses proches confient qu’il en avait assez d’être jugé inculte parce qu’il n’avait que deux livres de chevet, « Voyage au bout de la nuit », de Céline, et « Belle du seigneur », d’Albert Cohen, et parce qu’il ne cachait pas son goût pour le karaoké et « les Bronzés ». Désormais, il avale du livre au kilomètre dans les avions, le week-end, et le soir avec Carla.
« Il est sur la culture comme dans la vie : rien de petit, rien à moitié! » glisse un intime. Ses goûts sont éclectiques. Il a adoré « Même le silence a une fin », d’Ingrid Betancourt, vient de finir « Les Braises », du Hongrois Sandor Marai, a relu il y a peu le classique « Le Rouge et le Noir », de Stendhal. En vacances, il se fournit dans une petite librairie du cap Nègre (Var). S’il fuit les livres politiques, il prise les romans historiques comme « Hammerstein ou l’intransigeance : une histoire allemande », de Hans Magnus Enzensberger. « Ça montre bien la fascination d’une partie des généraux et de la noblesse prussienne pour ce débile d’Hitler », raconte Sarkozy, qui surligne ses passages favoris au feutre jaune. Il peut les citer in extenso. Hypermnésique, il retient tout.
A sa table, il reçoit des écrivains (Patrick Besson, Yann Moix, Marek Halter) et des philosophes (Yves Roucaute, Luc Ferry). « Il a toujours l’esprit ouvert, il est en conquête », glisse l’Elysée. Fier et comme décomplexé, le président parle désormais culture des heures entières.
Jeudi dans le Pas-de-Calais, un agriculteur a cru le bluffer en lui tendant un livre, « Les Radis d’Ouzbékistan ». Raté! « Vous connaissez ce pays? a rebondi le président. Staline avait rêvé d’en faire un immense champ de coton. C’est comme ça que la mer d’Aral est morte. » Silence dans l’assistance, bouche bée.
Mais sa passion, c’est le cinéma. « Ça me fait partir, m’envoler, grandir », confie-t-il dans « Télérama ». Il a vu « 150 à 180 » films cette année avec Carla. « Tu as vu cette femme qui aime son mari comme ça, qui le soutient jusqu’au bout? » s’est-il extasié devant « le Discours d’un roi ». Là encore, il est compulsif. « Il a vu tout Almodóvar, Pasolini de A à Z. Il nous flanque un bourdon terrible », sourit son ami Brice Hortefeux. A la télévision, il a adoré « Boule de suif ». Les ministres qui viennent lui parler dossiers repartent parfois dépités. « On peut parler boulot quinze minutes. Il fait deux ou trois arbitrages, puis il dit : Bon arrête, tu me gonfles, on parle d’autre chose », raconte l’un d’eux.
Samedi prochain, en route pour la Côte d’Ivoire, il n’oubliera pas son petit sac en cuir vert, où il range ses livres, ses DVD et son iPad pour lire « l’Equipe ». Fan de séries américaines (« 24 Heures », « Dexter »), il finira peut-être de regarder la saison 4 des Tudors…
Source Le Parisien - 14/05/11
Commentaires
Il a oublié "Voici" pour parfaire son immense culture.
@ JLA: il retarde pour la mer d'Aral, elle retrouve ses eaux, ses poisons et ses pêcheurs!
Il est encore sous Staline...
Et il croit que Marek Halter est un "écrivain"!!!