Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Alphonse de Lamartine (1790-1869)

La vigne et la maison

Efface ce séjour, ô Dieu ! de ma paupière,
Ou rends-le-moi semblable à celui d'autrefois,
Quand la maison vibrait comme un grand coeur de pierre
De tous ces coeurs joyeux qui battaient sous ses toits !

A l'heure où la rosée au soleil s'évapore,
Tous ces volets fermés s'ouvraient à sa chaleur,
Pour y laisser entrer, avec la tiède aurore,
Les nocturnes parfums de nos vignes en fleur.

On eût dit que ces murs respiraient comme un être
Des pampres réjouis la jeune exhalaison ;
La vie apparaissait rose, à chaque fenêtre,
Sous les beaux traits d'enfants nichés dans la maison.

Leurs blonds cheveux épars au vent de la montagne,
Les filles, se passant leurs deux mains sur les yeux,
Jetaient des cris de joie à l'écho des montagnes,
Ou sur leurs seins naissants croisaient leurs doigts pieux.

La mère, de sa couche à ces doux bruits levée,
Sur ces fronts inégaux se penchait tour à tour,
Comme la poule heureuse assemble sa couvée,
Leur apprenant les mots qui bénissent le jour.

Moins de balbutiements sortent du nid sonore,
Quand, au rayon d'été qui vient la réveiller,
L'hirondelle, au plafond qui les abrite encore,
A ses petits sans plume apprend à gazouiller.

Et les bruits du foyer que l'aube fait renaître,
Les pas des serviteurs sur les degrés de bois,
Les aboiements du chien qui voit sortir son maître,
Le mendiant plaintif qui fait pleurer sa voix.

Montaient avec le jour ; et, dans les intervalles,
Sous des doigts de quinze ans répétant leur leçon,
Les claviers résonnaient ainsi que des cigales
Qui font tinter l'oreille au temps de la moisson !

La vigne et la maison (extrait)

 

 

 

Commentaires

  • En fermant les yeux, pour un peu, c'est encore la douceur de la maison familiale de nos enfances.

    Et pourtant, où sont-elles ces douces maisons remplies d'enfants ?

    Merci chère Gaëlle, pour ce beau poème.

  • @ tania, ce poème (un extrait de" La vigne et la maison") est très simple et très beau. Je pense que Lamartine évoque sa maison de famille.
    Il est bon de se rapprocher des grands poètes français, en ce moment... de nos racines...
    Merci pour votre commentaire!

    Amicalement!

  • une époque riche en écrivains , poétes!!
    et la notre , médiocre et nulle à souhait !!
    salutations.

  • Très beau poème de Lamartine : en quelques vers, il sait nous peindre la belle chaleur familiale d’une maisonnée bien vivante au milieu des vignes.

  • L'appauvrissement culturel et créatif est effrayant à notre époque.
    Plus aucun véritable poète n'est édité, ni écrivain... Il faut qu'il soit avant tout de gôche...

    Mais les choses changeront. Les gènes du XIXème ne sont pas perdus.

  • @ abad: un très grand poète, injustement oublié de nos jours. Je ne sais si on l'enseigne encore dans les collèges et lycées.
    Quelle magnifique leçon de français!!

  • J'espère que vous ne me censurerez pas , mais je déteste Lamartine , depuis le premier poème de lui que j'ai lu à l'école .
    A l'oral du bac , en terminale, je suis tombée sur un poème de Lamartine !
    J'ai tout de suite avoué au professeur que j'étais totalement hermétique à ce poète .
    Heureusement que j'avais passé l'écrit français du bac en première et que j'avais eu une bonne note que j'ai pu conserver , c'était la règle à l'époque .
    Laborieux , ampoulé , fabriqué , lassant etc...
    Y a t-il quelqu'un qui déteste Lamartine ?

  • @ Cat: vous avez le droit d'avoir votre opinion! (Il n'y a pas de censure personnelle, venant de moi, sur mon blog).

    Moi j'aime beaucoup Lamartine et ce depuis le lycée, car je trouve sa langue simple et magnifique, et si musicale.

    Dites-moi les poètes que vous aimez.

  • Je vous avoue que je connais très peu la poésie , je me souviens d'avoir apprécié en secondaire Alfred de Vigny , Baudelaire et quelques poèmes de Victor Hugo .
    A chacun ses goûts , bien sûr .

  • Désolée de parler un peu trop de moi , mais pas Baudelaire , oh que non, mais Verlaine !

  • A Cat : sans vouloir vous faire changer d’avis, je vous invite à écouter ce poème de Lamartine ( Le Soir), magnifiquement mis en musique par Gounod. Cette belle mélodie se laisse d’autant plus facilement écouter que Charles Panzera la chante parfaitement et avec une diction impeccable. Voici le lien, j’espère qu’il marchera :

    http://www.youtube.com/watch?v=8FIWzKcehVM

    PS : comme vous j’aime Vigny qui est bien oublié de nos jours.

  • Merci, cher abad, pour cette belle vidéo musicale, que je viens d'écouter avec grand plaisir.

    Moi aussi j'aime Vigny! Et particulièrement La Maison du Berger! Le poème est très long, mais j'en mettrai un extrait.

    La poésie est pour moi un véritable antidote à toutes les laideurs et saletés de notre époque, et des médiats!

  • La poésie est une expression artistique , la plus difficile qui soit , à mon avis .
    On accroche ou on n'accroche pas à un poète et c'est immédiat et tout à fait personnel
    Je voulais dire Verlaine et non Baudelaire , je n'accroche pas à Baudelaire , cela a aussi été immédiat.
    En tout cas merci à abad pour la video, qui nous plonge en effet dans un monde enchanteur ,qui semble avoir disparu .
    @ gaelle mann
    La mort du loup de Vigny , je suppose que vous l'avez lu !

  • @ Cat: justement je pensais mettre un poème de Verlaine!

    Oui, j'ai lu La Mort du Loup!
    Vigny est admirable.

  • @ Cat: connaissez-vous les poèmes en prose de Baudelaire? Le Spleen de Paris?

Les commentaires sont fermés.