C’est la première fois qu’il parle depuis que l’affaire a éclaté. François-Joseph Roux est un ancien collaborateur de cabinet de Georges Tron, le maire UMP de Draveil (Essonne), contre lequel deux ex-employées municipales ont porté plainte pour « harcèlement sexuel », des faits présumés qu’elles situent entre 2007 et 2010.
« Oui, Eloïse (NDLR : une des deux plaignantes, dont le prénom a été changé) est venue me voir à l’époque, confie François-Joseph Roux. Elle m’a tout raconté à propos du harcèlement sexuel qu’elle subissait. Eloïse était ravagée par cette histoire avec Georges Tron. Je l’ai vue vrillée, anéantie. » Ce récit, l’ex-bras droit de Georges Tron l’a relaté aux enquêteurs de la police judiciaire de Versailles (Yvelines) auxquels le parquet d’Evry a confié l’enquête préliminaire ouverte le 25 mai. Il a été entendu comme témoin à deux reprises cette semaine. Sa première audition a duré six heures et a donné lieu à une déposition de sept pages.
Agé de 55 ans, cet ex-rédacteur à la mairie de Paris, actuellement conseiller municipal à Courcouronnes (Essonne), a rejoint la mairie de Draveil en 2001. Il sera l’un des proches collaborateurs de Georges Tron pendant huit ans, jusqu’en 2009, sans le titre de directeur de cabinet, mais officiellement coordinateur des services.
A Draveil, il se murmure que François-Joseph Roux « sait tout » et « a tout vu ». Aujourd’hui, le même homme confie : « Georges Tron convoquait Eloïse le soir, à n’importe quelle heure, et il s’enfermait avec elle dans son bureau. »
S’il admet qu’il n’a pas été le témoin direct des agressions sexuelles dénoncées par la jeune femme, Roux commente néanmoins les relations entre l’édile et l’ancienne employée communale. « Eloïse était sous l’emprise de Georges Tron », affirme François-Joseph Roux, en précisant que la jeune femme lui a parlé du rôle de l’adjointe au maire de Draveil, également visée par la plainte.
Témoin important dans cette affaire sensible, François-Joseph Roux ne cache pas sa proximité avec Eloïse. Passionné de littérature et d’histoire, il appréciait cette collègue, également bibliophile, en charge du Salon du premier roman de Draveil et d’un projet de pavillon du livre. « Elle m’avait raconté que Georges Tron avait créé ce poste pour elle, pour l’avoir à ses côtés », dit-il. Informé des problèmes de harcèlement sexuel allégués par l’employée, il assure lui avoir conseillé de se tourner vers la police.
« La seule manière de mettre fin à ça, c’était de porter plainte », relate François-Joseph Roux. A l’époque, Eloïse n’en fera rien. « Elle avait besoin de ce travail en mairie et avait un enfant à charge. Elle était vulnérable », explique-t-il. En revanche, l’ancien directeur de cabinet confirme que la jeune femme « est allée voir un avocat » auquel elle a tout raconté au printemps 2009. Selon François-Joseph Roux, sa proximité avec Eloïse lui a valu son éviction de la mairie de Draveil en 2009. « Je suis parti à cause de ça, assure-t-il. Georges Tron savait que je savais. Il m’a demandé de quitter la mairie, disant ne plus avoir confiance en moi. »
Aujourd’hui, François-Joseph Roux est directeur des ressources humaines à la mairie de Vigneux (Essonne), dont le maire UMP, Serge Poinsot, est en froid avec Georges Tron. Soulagé d’avoir témoigné, il affirme que d’autres cadres de la mairie ne « pouvaient pas ne pas être au courant ». Contactés hier, ni Georges Tron — qui nie l’intégralité des faits dénoncés par les plaignantes — ni son avocat n’ont souhaité réagir aux déclarations faites à notre journal par François-Joseph Roux.
Source Le Parisien 05/06/11