Suzon et Fabien (Cliquez sur la photo)
Les ballons blancs accrochés aux rétroviseurs de la voiture de la mariée, les garçons et les demoiselles d’honneur, les coups de klaxon joyeux, des invités sur leur trente et un, les batteries des caméscopes et des appareils photo chargées à bloc… Une vraie fête de mariage… sans mariage. Suzon, 17 ans, et Fabien, 28 ans, tous deux handicapés mentaux, ont symboliquement échangé leurs alliances et un baiser tendre hier après-midi devant la grille fermée de la mairie de Hermes.
Des « vive les mariés » retentissent sur la place du village, se mêlant à quelques insultes à l’intention du maire, Laurent Pagny, absent de la vraie-fausse cérémonie. Le premier magistrat a en effet refusé d’unir les deux tourtereaux au motif qu’il ne disposait pas de toutes les pièces nécessaires à la constitution du dossier de mariage, même si la mère de Suzon, cette dernière étant encore mineure, avait donné son autorisation, tout comme le juge pour Fabien, majeur sous curatelle.
Evoquant des « zones d’ombre », Laurent Pagny a saisi le procureur de la République et une enquête a été diligentée. Elle prendra au moins un mois. Une décision qui a provoqué la colère du jeune couple et de leurs familles. Ils ont, malgré tout, décidé de maintenir la fête dont l’organisation avait été un peu précipitée en raison de l’état de santé préoccupant de la grand-mère maternelle de Suzon. Une manière aussi de manifester publiquement leur mécontentement sous la surveillance discrète de quelques gendarmes. « On est là pour dire aux gens qu’on peut être handicapé et se marier », confie Fabien, profondément ému dans son costume blanc à fines rayures.
L’émotion mais la colère aussi quand il se met à secouer la grille de la mairie, qui reste obstinément fermée. Quelques minutes plus tôt, il avait les mains qui tremblaient lorsqu’il a remis son bouquet de fleurs roses et blanches, décoré de perles, à Suzon, qui ne se départ pas de son sourire sous la voilette de son chapeau ivoire, comme sa robe de mariée.
« Je suis déçue de ce qu’a fait le maire », souffle-t-elle. Pour la cinquantaine d’invités présents, dont certains ont parcouru plusieurs centaines de kilomètres, comme pour des habitants de Hermes et Berthecourt « venus soutenir les mariés », il ne fait aucun doute que le dossier incomplet dont fait état le maire pour motiver son refus d’unir Suzon et Fabien n’est qu’un prétexte.
« C’est inadmissible! Un abus de pouvoir! » s’indigne une habitante dans le « cahier de soutien », réalisé par Fabien et qui tourne comme une pétition. « C’est de la discrimination », assène Bettina Nicouleaud, la mère de Suzon, qui envisage de consulter un avocat pour déposer une plainte contre le maire. D’autres évoquent un contentieux ancien entre le grand-père maternel de Suzon et le premier magistrat au sujet de la ferme familiale, où les futurs époux doivent être hébergés.
« Tout ça, c’est du n’importe quoi! » résume un oncle de la jeune femme, qui, comme d’autres membres de la famille, a été interrogé par les gendarmes dans le cadre de l’enquête en cours. « Ils cherchent à connaître les motivations de ce mariage. On nous a demandé s’ils s’aimaient vraiment, si ce n’était pas pour l’argent… »
Après une heure passée devant la mairie, quelques larmes versées et photos-souvenirs engrangées, le cortège a pris la route de la salle des fêtes de Heilles. Comme prévu…
Source Le Parisien - 17/07/11
Commentaires
si on refusait le mariage à tous les handicapés mentaux qu il y a de part le monde ....cette institution disparaitrait.....GAUTHIER
Bien que tout ne soit pas très clair, on a le sentiment que ce maire se mêle de ce qui ne le regarde pas. Par contre, on peut parier qu’il pourrait marier sans problème deux pédés ou deux gouines : cela ne le gênerait pas !
Cher abad, et s'ils ont des enfants, handicapés mentaux comme eux?
Je trouve que ce maire est dans son rôle.