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L'inspiration des extrémistes post-11-Septembre

 

par Abel Mestre et Caroline Monnot, article paru dans l’édition du Monde du 27 juillet 2011

Anders Behring Breivik a émaillé la première partie de « 2083, une déclaration d’indépendance européenne » de références qui permettent d’identifier ses lectures et influences. Côté mode opératoire, il se réfère, entre autres, à Timothy Mc Veigh, auteur de l’attentat d’Oklahoma City en 1995, qui a fait 168 morts.

Son analyse politique emprunte, elle, très largement aux auteurs les plus durs du néoconservatisme. C’est ainsi que ses développements sur le « politiquement correct », le rôle des « marxistes culturels » et de l’Ecole de Francfort, sont directement tirés des travaux de la Free Congress Foundation (un think tank conservateur américain) par ailleurs très hostiles à l’islam.

Autre source majeure d’inspiration : le site Internet Jihad Watch, dont le directeur est l’Américain Robert Spencer. Ce dernier faisait partie des têtes d’affiche de la première conférence « transatlantique anti-islamisation », prévue le 2 juillet à Strasbourg. Ce rendez-vous n’a finalement pas eu lieu, faute de salle. La France devait y être représentée par Pierre Cassen et Christine Tasin, de Riposte laïque.

Chrétien fondamentaliste, islamophobe, voyant en Israël un poste avancé de l’Occident dans la lutte contre le djihad, Anders Behring Breivik se situe très nettement dans la sphère de la nouvelle extrême droite post-11-Septembre, celle du choc des civilisations.

 

La théorie du complot

Il fait sienne la théorie complotiste d’Eurabia, très en vogue dans ces milieux et qui trouve un certain écho en France du côté de Riposte laïque. Portée par la Britannique Bat Ye’or, cette théorie affirme qu’il y a une entente secrète entre les Etats européens et des pays arabes visant à soumettre l’Europe dans une nouvelle entité appelée Eurabie.

Toujours dans cette mouvance, Anders Behring Breivik évoque élogieusement l’English Defence League (EDL). Formée en 2009, l’EDL a organisé plusieurs manifestations contre l’islam radical. Des slogans antimusulmans sont régulièrement scandés lors de ses rassemblements. Elle a adopté comme blason une croix rouge sur fond blanc rappelant à la fois la croix de Saint George – symbole de l’Angleterre, très prisé de l’extrême droite locale – et l’ordre des Templiers. L’EDL présente la particularité d’être très liée au mouvement hooligan.

Le Front national n’appartient pas à cette mouvance, même s’il lui arrive parfois de flirter avec ces thèmes. Le parti d’extrême droite a officiellement condamné « ces actes barbares et lâches » et a « exprimé sa solidarité avec le peuple norvégien ».

Seule fausse note : les messages Twitter de Laurent Ozon, conseiller politique de Marine Le Pen. Selon ses tweets privés, révélés par l’Agence France-Presse, Laurent Ozon a écrit : « Expliquer le drame d’Oslo : explosion de l’immigration : [multipliée par six] entre 1970 et 2009. » « Je prétends que cet acte, qui est un acte odieux, doit être analysé dans le contexte norvégien actuel », a-t-il expliqué à l’AFP. Pour Marine Le Pen, qui n’envisage pas de sanctions, « Laurent Ozon fait fausse route ».

NPI - 27/07/11

 

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