Le haut fonctionnaire Bernard Scemama explique avoir reçu "une consigne claire" de la ministre.
Au lendemain de l’ouverture d’une enquête pénale sur Christine Lagarde , Bernard Scemama, président à l’époque de l’Etablissement public de financement et de restructuration (EPFR), en charge du dossier Tapie, a mis en cause l’ancienne ministre des Finances de Nicolas Sarkozy dans Le Monde de samedi .
Sitôt nommé, en septembre 2007, à la tête de l’EPFR, Bernard Scemama a "été reçu par Stéphane Richard, le directeur de cabinet" de Christine Lagarde.
"Il m’a tout de suite parlé du dossier Tapie et m’a donné une consigne claire : il fallait aller à l’arbitrage. ‘C'est la décision du gouvernement’", explique au Monde le haut fonctionnaire, avant de développer : "il m’a expliqué que cela faisait des années que cette affaire traînait et qu’il fallait en finir".
C'est pour cet arbitrage que Christine Lagarde est l’objet d’une enquête depuis jeudi pour "détournement de biens publics" et "complicité de faux" par la Cour de justice de la république . La CJR veut savoir quel rôle a joué la ministre des Finances de l’époque dans l’arbitrage fait en faveur de Bernard Tapie qui, en 2008, avait reçu plus de 400 millions d’euros (avec les intérêts) dans l’affaire sur le Crédit Lyonnais .
Lagarde lui "a donné des instructions"
Si Bernard Scemama reconnaît ne pas avoir abordé directement le sujet avec Christine Lagarde, il affirme que la nouvelle patronne du FMI lui a envoyé des "courriers me donnant des instructions, par exemple sur la garantie du Crédit Lyonnais". "Mon seul interlocuteur, c’était Stéphane Richard. Mais quand le directeur de cabinet parle, c’est la ministre qui parle", juge-t-il.
Bernard Scemama était président de l'Établissement public de financement et de restructuration (EPFR) de septembre 2007 à février 2009. A travers ce poste, il chapeautait le Consortium de réalisation (CDR) et était chargé de gérer le passif de la banque, notamment à travers l'affaire Tapie.
Aujourd’hui membre du conseil de surveillance de l’aéroport de Bordeaux, Bernard Scemama est poursuivi devant une Cour de discipline budgétaire pour sa responsabilité dans l'arbitrage du Crédit Lyonnais. La Cour pourrait le déclarer responsable sur ses biens personnels. Ce qu'il vit "très mal'. "Tous les actes aujourd’hui contestés ont été pris avec l’approbation ou à la demande de la ministre", explique-t-il. "Je n'ai été qu'un exécutant, j'ai appliqué scrupuleusement les instructions de la ministre des Finances", se défend-il encore.
Le chèque à Bernard Tapie remis en cause ?
Certains se posent désormais la question de la validité du chèque fait à Bernard Tapie. Si l’homme d’affaires considère dans une interview vendredi à Libération qu’"en aucun cas la sentence arbitrale rendue ne peut être remise en cause", tous ne pensent pas comme lui.
Le parquet général de la Cour de cassation estime au contraire que le dossier n’est pas soldé tant que la question de la légalité de l’arbitrage n’est pas tranchée sur le fond.
05/08/11
Commentaires
Si la Lagarde est obligée de démissionner du FMI, ce n’est pas grave : on pourra toujours faire nommer à sa place Tapie qui a au moins autant de titres qu’elle à faire valoir : la France est riche en personnages de cet acabit !
Quand Bernard Scemama déclare : "Je n'ai été qu'un exécutant...", on a le droit de se marrer un grand coup ;o)
Il était payé pour çà et n'a pas hésité entre le fric et la morale !
Est-ce en raison du scandale Tapie (encore un) que le nain a tellement insisté pour envoyer Lagarde au FMI pour remplacer le violeur de schwartzer ?