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Le médecin béninois volait ses patients

Poitiers. L'ancien généraliste des Trois Cités a été condamné, hier, à de la prison avec sursis pour avoir volé de l'argent à ses patients dans son cabinet.

 C'est un fils attentif qui avait mis en place le piège tendu au médecin généraliste de sa mère souffrant de la maladie d'Alzheimer. Elle s'étonnait que son portefeuille soit allégé de quelques billets à son retour de consultation. Elle était sûre de sa mémoire.
Le fils avait relevé le numéro des billets de banque et prévenu la police au retour de sa mère. Au cabinet de ce médecin estimé du quartier des Trois Cités, les enquêteurs avaient retrouvé les billets.
Arrêté en mars 2008, mis en examen et laissé libre, le généraliste de 47 ans avait l'interdiction de continuer à exercer.
Il était, hier, face aux juges et à ses victimes pour avoir abusé financièrement d'une vingtaine de ses patients. Pas n'importe quels patients, des gens âgés, vulnérables, diminués par la maladie.
Le médecin est soupçonné de vol d'argent liquide, de retraits frauduleux avec leur carte bancaire, d'escroquerie à l'aide d'un chèque de 10.000 € et de tentative d'extorsion de testament, entre 2005 et 2008.
Les petits billets côtoient les gros chèques dans le dossier d'instruction. A la barre, l'ancien médecin d'origine béninoise au parcours méritant tente de faire bonne figure. Il confirme un revirement complet. Lui qui, depuis 2008, ne reconnaissait que le vol ayant déclenché son arrestation reconnaît d'autres faits.

'' Vous ne pouvez pas le laisser exercer ''

« J'étais dans le déni total à cause d'un divorce douloureux. Ma souffrance s'est traduite par ces actes. Je n'étais pas considéré pour ce que j'étais. J'avais besoin d'être arrêté. Je suis un autre homme, j'ai compris. J'ai honte. Je ne souhaite d'une chose, reprendre mon activité pour les rembourser », explique-t-il.
« Ça vous a quand même pris trois ans et demi pour comprendre ! » ironise la présidente. Le défilé des victimes vient ternir la version repentante du prévenu. Trop de personnes visiblement influençables et vulnérables se suivent. Et puis, au fil de l'audience, l'ancien médecin conteste fermement les faits les plus graves et les vols dont les montants sont les plus importants.
Les avocats des victimes s'agacent et se lâchent contre le médecin qualifié de « prédateur » sélectionnant ses victimes, « d'abuseur » qui ne reconnaît que les petites sommes volées. La charge la plus mordante vient du bâtonnier Menegaire, mandaté par l'Ordre des médecins de la Vienne (1). Il dénonce la stratégie du repentir seulement destinée à pouvoir exercer de nouveau. « Vous ne pouvez pas lui redonner cette autorisation », exhorte-t-il le tribunal.
Le procureur abonde dans le même sens et ironise sur le médecin qui avait réussi à exercer de nouveau, à Cognac, malgré l'interdiction judiciaire. Il réclame deux ans de prison, dont six mois ferme, 20.000 € d'amende et trois ans d'interdiction d'exercer.
L'avocate parisienne du docteur sort le grand jeu. Sylvie Noachovitch tonne, s'emporte contre les pressions exercées durant l'enquête, les victimes douteuses venues avec un avocat quand les autres sont venues timidement réclamer le remboursement du billet envolé. « Il a changé. Il est guéri. Sa vie est finie si vous lui interdisez d'exercer. Soyez indulgents avec lui. »


Le tribunal relaxe l'ancien médecin pour la tentative d'extorsion, l'escroquerie et certains retraits frauduleux. Il est condamné pour les autres retraits et tous les vols à son cabinet à dix-huit mois de prison avec sursis. Il ne peut plus exercer durant un an. Il est ressorti avec le sourire du tribunal.

(1) Une procédure disciplinaire doit être engagée à son encontre quand la procédure pénale sera terminée.

Emmanuel Coupaye
La Nouvelle République du Centre - 08/09/11

Commentaires

  • C’est la nouvelle médecine française ! Et comme par hasard elle avait été inaugurée il y a une vingtaine d’années à Poitiers, justement ! La médecine, comme tout en France est en voie d’arriération !

  • J'ai honte d'être aussi nul en géographie, après avoir consulté une carte d'état-major, j'ai bien regardé dans la région de Poitiers, et hélas, n'ai pas trouvé Bénin.
    Eclairez ma lanterne, et merci d'avance.

  • "l'ancien médecin d'origine béninoise au parcours méritant"...
    Qu'il aille exercer chez lui au Bénin. Est-ce que l'on a besoin de ce type d'individu chez nous pour exercer la médecine ???

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